Marco Odermatt, habitué à tout rafler sur les pistes, a ajouté une 22e deuxième place à son impressionnant palmarès ce week-end, lors de la descente de Beaver Creek. Mais cette fois, ce n'est pas la frustration qui dominait chez le champion nidwaldien, bien au contraire. Et pour cause, c'est son ami de longue date, Justin Murisier, qui a décroché sa toute première victoire en Coupe du monde.
Le triple détenteur du globe de cristal n’a pas tari d’éloges sur son camarade: «Je veux toujours gagner, mais cette fois, c’est presque plus beau que Justin l’emporte. Il m’a inspiré d’innombrables fois et sans lui, je n’aurais pas accompli tout ce que j’ai fait. Il mérite tellement ce moment après tout ce qu’il a traversé.»
Un parcours semé d’embûches
À 32 ans, Justin Murisier incarne la résilience. Le skieur du Val de Bagnes a vécu des années ponctuées de blessures: trois ruptures des ligaments croisés et une série de complications qui auraient pu briser n’importe quelle carrière. Dès 2011, quelques mois après son premier top 10 en Coupe du monde, Murisier connaît une première rupture des ligaments croisés du genou droit. Rebelote en 2012, puis en 2018, où cette fois le genou gauche a également dû être opéré.
Son témoignage résume bien l’ampleur des épreuves traversées: «Après ma troisième opération, le chirurgien a dû prélever une partie du tendon de mon genou gauche, car il n’y avait plus rien à récupérer dans le droit.» Depuis, même s’il a évité de nouvelles blessures majeures, les douleurs au dos et aux genoux n’ont jamais cessé de le poursuivre. En préparation pour cette saison, Murisier n’a d'ailleurs pas pu compléter un seul entraînement en Argentine et au Chili sans souffrir.
Un exploit inattendu
Mardi, lors du premier entraînement à Beaver Creak, le Valaisan s'est même déboité l'épaule un bref instant. Malgré les obstacles, Murisier n’a donc jamais baissé les bras. Samedi, sur la redoutable piste du «Birds of Prey», il a signé une performance exceptionnelle, devançant Marco Odermatt de deux dixièmes. Ses larmes à l’arrivée parlaient d’elles-mêmes: «Après tout ce que j’ai vécu, cette victoire est indescriptible. La partager avec Marco la rend encore plus belle.»
Un autre acteur clé de cette réussite? Lucas Beck, son technicien de fartage. Murisier l’a chaudement remercié: «Lucas a fait un travail incroyable sur mes skis. Grâce à lui, j’ai pu rivaliser dans les parties de glisse où je perdais habituellement beaucoup de temps.»
Kohler aussi au rendez-vous
L'épreuve américaine a également été marquée par la belle prestation de Marco Kohler. Le Bernois de 27 ans, qui effectuait son grand retour après une déchirure des ligaments croisés à Wengen, a décroché une place dans le top 15. Une performance prometteuse sur une piste aussi exigeante.
Le week-end se poursuit ce samedi avec le super-G à 18h30 (heure suisse). Une chose est sûre: les Suisses ont marqué les esprits à Beaver Creek.