Lara Gut-Behrami savoure
«Ce n'est pas une médaille d'or qui va donner une valeur à ma carrière»

«A 16-17 ans, j'aurais signé pour un tiers de ma carrière», a expliqué une Lara Gut-Behrami très émue. Interview.
Publié: 11.02.2022 à 10:05 heures
Lara Gut-Behrami savoure cet or en super-G.
Photo: JEAN-CHRISTOPHE BOTT

Championne du monde à 29 ans et désormais championne olympique à 30, la Tessinoise a appris la sagesse au fil des années.

Que ressentez-vous avec ce premier titre olympique?
C’est compliqué de réussir à m’exprimer après cette journée intense. Je n’imaginais pas que j’allais le faire après l’arrivée, je n’étais pas convaincue de ma manche. Je me disais pourvu que ce ne soit pas une 4e place (ndlr: comme en 2014 et 2018).

Les conditions étaient-elles parfaites pour vous?
C’est génial d’avoir réussi à skier comme ça, c’était facile à skier avec cette neige. C’est une piste qu’on ne connaissait pas. On n’a même pas eu les entraînements de descente, donc c’était l’inconnue. J’ai su que ma course était bien, mais il y a deux ou trois détails que j’aurais pu mieux faire.

Avec une infection au Covid et une lourde chute, cette saison n’était pas de tout repos.
Cette saison était dure, et elle le reste. J’ai de la peine à trouver de la continuité pour produire mon meilleur ski, ça me prend de l’énergie mentale. Mon ski est là, mais je n’arrive pas toujours à le reproduire. Peut-être qu’il manque le rythme, l’habitude des courses.

Comment faites-vous pour vous préserver?
Savoir se préserver, notamment des médias, c’est l’expérience. Je sais ce qui m’aide et ce qui me prend de l’énergie. Plus je suis loin des pistes, mieux je récupère et mieux je me prépare. L’année dernière j’ai passé une semaine à la maison à Gênes avant les Mondiaux, là j’étais aussi à la maison. Cela fait 15 ans que je fais des courses, mais pour toujours avoir l’énergie et être prête il faut un équilibre différent. Je suis là parce que je veux faire encore du ski, pas pour le reste.

Comment avez-vous évolué depuis vos plus jeunes années?
Pour les dernières années de ma carrière, je prends chaque jour comme il vient. Et je me rends compte de ce que j’ai réussi à faire. A 16-17 ans, j'aurais signé pour un tiers de ma carrière. Souvent par le passé mon défaut était de me focaliser sur la course d’après, sans profiter du moment présent. J’avais l’impression de toujours devoir prouver quelque chose dès le lendemain, qu’il manquait toujours une victoire pour que ça vaille quelque chose. Je profite, j’essaie de produire un meilleur ski, ce n’est pas une médaille d’or qui va donner une valeur à ma carrière.

(ATS)

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