La neige se fait rare
La Coupe du monde de ski alpin est-elle vouée à disparaître?

L'ingénieur Fabian Wolfsperger nous explique à quoi pourraient ressembler les sports de neige à l'avenir. Au sein de la Coupe du monde de ski alpin, une mesure fait l'objet de discussions animées.
Publié: 25.01.2023 à 21:31 heures
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Est-ce ainsi que se présente l'avenir du ski alpin? Un ruban blanc, entouré de verdures, comme ici à Adelboden.
Photo: keystone-sda.ch
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Mathias Germann

C'est une image qui reste dans les mémoires. Un ruban blanc s'étire à Adelboden du départ à l'arrivée. Autour? Que du vert. On n'a pas vraiment ressenti que c'était l'hiver sur la piste du Chuenisbärgli – et même le spectacle lors des courses ou les fêtes de supporters n'ont pas aidé. La question se pose donc inévitablement. Le ski pourra-t-il encore être pratiqué à l'avenir?

«Dans les 30 prochaines années, les sports d'hiver ne sont pas en danger, grâce à la production artificielle de neige. Mais d'ici la fin du XXIe siècle, oui. Certes, il y aura encore de la neige à ce moment-là – mais même une production intensive de neige artificielle ne suffira plus à compenser le manque de neige naturelle», explique Fabian Wolfsperger.

Cet ingénieur en sport travaille à l'Institut pour l'étude de la neige et des avalanches à Davos. Il s'intéresse depuis des années à l'évolution des conditions d'enneigement dans les Alpes. Le Grison pronostique: «Ce qui va changer dans les prochaines décennies, c'est la disponibilité de la neige à grande échelle pour chacun et chacune. D'ici 2050, on s'attend à une réduction de l'enneigement d'environ 70% en plaine, et à une perte de 40% de la couche de neige habituelle à des altitudes moyennes comme Adelboden.» Car il fait de plus en plus chaud, et il y a donc moins en moins de neige. Il faut s'accommoder à cette réalité, il est presque même impossible de lutter contre cela. «Seules des mesures de protection du climat prises par l'ensemble de la société peuvent aider», martèle Fabian Wolfsperger.

Adapter le calendrier? «C'est sensé»

Des problèmes qui auront forcément un impact sur la Coupe du monde de ski. Adelboden n'est de loin pas la seule station à lutter contre des températures trop élevées. Au total, onze courses ont dû être annulées ou reportées cette saison chez les hommes et les femmes – presque toutes parce qu'il y avait trop peu de neige. Ce sont surtout les courses sur le glacier au pied du Cervin – qui auraient dû avoir lieu fin octobre (hommes) et début novembre (femmes) – qui ont fait parler d'elles. Dans la zone d'arrivée à 2865 mètres, il faisait si chaud qu'il n'a même pas été possible de produire de la neige artificielle.

Des voix se sont élevées pour demander une adaptation du calendrier de la Coupe du monde. Le but: commencer plus tard, mais prolonger la saison jusqu'en avril ou mai. «D'un point de vue climatique, ce serait en tout cas judicieux. En avril, il y a plus de neige en montagne qu'en décembre, car elle s'accumule tout l'hiver», précise Fabian Wolfsperger.

Éviter les longues interruptions

Le problème de cette idée est que la Coupe du monde incite de nombreuses personnes à se lancer sur les lattes. Cette mode se produit au début de l'hiver. Mais dès que le printemps est dans l'air, beaucoup perdent logiquement l'envie de pratiquer les sports d'hiver. Directeur adjoint de Swiss-Ski, Diego Züger est sceptique: «Pour l'industrie du ski, les sponsors et les partenaires, il est important que des courses aient lieu fin octobre ou au plus tard début novembre. Un report du début de la Coupe du monde d'une ou deux semaines serait possible de notre point de vue. Mais un début de saison en décembre serait définitivement trop tardif.»

Parallèlement, Diego Züger souligne que les courses doivent être programmées de manière à ce qu'il y ait le plus de chances possibles qu'elles puissent avoir lieu. «D'un point de vue marketing, limiter les interruptions a du sens, même si cela n'exclut pas de faire une pause d'un week-end.»

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