La grande interview
Son surnom, ses muscles, ses ambitions, sa vie privée... Wendy Holdener dit tout!

Trois fois l'or et trois fois l'argent: Wendy Holdener (31 ans) fait collection des médailles aux Mondiaux et elle espère bien en glaner une ou plusieurs dans les quinze prochains jours. Avant son marathon de Saalbach, elle se confie à Blick.
Publié: 06:15 heures
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Dernière mise à jour: 06:27 heures
Wendy Holdener prend le départ de ses septièmes Championnats du monde. La Schwytzoise a pris le temps de nous accorder une interview à Zurich avant le grand événement de l'année.
Photo: Benjamin Soland
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Mathias Germann et Benjamin Soland

Garmisch, Beaver Creek, Saint-Moritz, Are, Cortina et maintenant Saalbach: Wendy Holdener entame déjà son sixième championnat du monde. Elle a débuté à 17 ans et a remporté trois médailles d'or et trois médailles d'argent. Wendy Holdener est ainsi l'une des Suissesses les plus titrées de l'histoire du ski. Aujourd'hui âgée de 31 ans, la Schwytzoise d'Unteriberg n'en a pas encore assez. «J'aimerais bien ramener quelque chose de brillant de Saalbach», dit-elle.

Wendy Holdener, quel regard portez-vous sur ces Mondiaux?
Je me réjouis. Tout se passe bien, ma forme est bonne et j'aime les grands événements.

Vous avez déjà remporté six médailles aux Championnats du monde. Quelle a été la meilleure?
Saint- Moritz était super, quelque chose de très spécial. Il y avait tellement de gens que j'aime. Nous sommes aussi sortis à Are. Mais les meilleures fêtes ont toujours eu lieu plus tard, lors des finales de la Coupe du monde – ce n'est qu'à ce moment que l'hiver est terminé et que l'on peut vraiment lâcher prise.

Que doit-il se passer à Saalbach pour que vous rentriez heureuse?
C'est une question difficile.

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Bien sûr que j'ai envie de décrocher une médaille, mais je veux d'abord avoir une bonne attitude et skier de manière relâchée
Wendy Holdener
»

Vous aimeriez certainement enrichir votre collection de médailles.
Bien sûr, ce serait bien. Mais si j'annonce quelque chose et qu'il n'y a pas de podium, on dira que c'est un échec, ce qui ne sera pas forcément le cas à mes yeux. Bien sûr que j'ai envie de décrocher une médaille, mais je veux d'abord avoir une bonne attitude et skier de manière relâchée. Si ces conditions sont réunies, je pourrai obtenir quelque chose. Sinon, non.

Que préféreriez-vous exposer dans votre salle des trophées au restaurant Sternen: le globe de cristal du slalom ou la médaille d'or du slalom?
Les deux seraient cool.

Et qu'auriez-vous préféré ?
Les deux (rires).

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«Je me réjouis. Tout se passe bien, la forme est bonne et j'aime les grandes compétitions», dit-elle. Selon toute vraisemblance, Wendy Holdener prendra le départ à quatre reprises à Saalbach: lors du Team Event, du combiné par équipe, du géant et du slalom.
Photo: BENJAMIN SOLAND

Nous rencontrons Wendy Holdener en plein cœur de Zurich, quelques jours avant le coup d'envoi des Mondiaux. «En fait, je ne voulais plus donner d'interviews. Mais comme vous avez insisté et que j'apprécie beaucoup l'intérêt que vous me portez, je vais faire une exception», dit-elle en sirotant son cappuccino. A Saalbach, Wendy Holdener devrait participer à quatre compétitions: le Team Event (4 février), le combiné par équipes (11 février), le géant (13 février) et le slalom (15 février). Aucune autre Suissesse n'en fera autant.

Il y a deux ans, à Méribel (France), vous étiez sur le point de décrocher l'or en slalom. Puis vous avez été éliminée. Malgré cela, vous vous êtes présentée devant la presse au moment le plus frustrant de votre carrière, les larmes aux yeux.
Vous, les journalistes, avez apprécié. Et Swiss-Ski m'a également félicité. 

Vous auriez pu disparaître sans commentaire, n'est-ce pas?
Oui, mais j'aurais de toute façon dû me rendre vers la presse à un moment donné. Je me suis donc dit: «Serre les dents et passe à autre chose». Je voulais en finir et je suis contente de l'avoir fait.

Combien de temps avez-vous dû ruminer votre frustration après cette énorme occasion manquée?
J'étais fatiguée et je suis tombée dans un creux – mais c'est normal après un championnat du monde.

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«Je ferai quelques virages dans la neige pour lui le jour de son anniversaire»
Wendy Holdener, à propos de son frère Kevin, décédé tragiquement il y a un an
»

La tension a disparu?
C'est toujours comme ça pour moi après les grands événements, qu'ils se passent bien ou mal. Dans les jours qui suivent, mes proches savent que je ne suis pas toujours rayonnante, mais que j'ai aussi besoin de temps pour moi.

Pour la première fois lors d'un grand événement, Wendy Holdener ne peut pas compter sur son frère Kevin, qui a succombé à son cancer il y a un an. Lundi, un jour avant les championnats du monde, il aurait eu 35 ans. «Je ferai quelques virages dans la neige pour lui le jour de son anniversaire», explique Wendy Holdener à Blick. Elle n'a pas voulu et ne veut pas parler davantage de son frère – même pas au cours des deux prochaines semaines. «Les championnats du monde seront de toute façon déjà suffisamment chargés en émotions», explique-t-elle.

On vous voit parfois marmonner quelque chose au départ. Qu'est-ce que c'est?
«Déterminée!» Ce genre de choses. C'est mon approche – je fais toujours ça.

De très nombreuses coureuses ont des bouchons dans les oreilles jusqu'à peu de temps avant le départ. Vous ne le faites jamais. Pourquoi ?
Je suis effectivement une exception. J'ai parfois besoin de musique pour me détendre. Mais juste avant une course, je préfère m'occuper de mes pensées.

Certains se motivent avec de la musique, d'autres combattent la nervosité...
Je veux savoir ce qui se passe autour de moi. Je n'ai jamais écouté de musique à ce moment précis – c'est peut-être pour cela que cela ne m'attire pas. Et je trouve que ça n'a pas trop mal fonctionné pendant toutes ces années (sourit).

Depuis près de trois ans, Wendy Holdener est en couple avec Remy. Il l'a toujours soutenue et a toujours été à ses côtés, dans les bons comme dans les moments difficiles. Il ne se cache pas, mais n'aime pas être au centre de l'attention. La championne est très reconnaissante de son soutien.

Que vous apporte Remy pendant à l'approche d'un grand événement?
Je sais que je ne suis pas seule. Quelqu'un de très proche m'aide, quoi qu'il arrive. Cela semble simple, mais c'est très beau.

Est-ce que vous parlez de ski?
Parfois, oui. Il me demande par exemple de temps en temps si je suis nerveuse. Il m'arrive alors de lui répondre par l'affirmative, mais aussi de lui dire que je ne veux pas en parler parce que la course est encore loin.

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C'est très juste. Remy m'aime – que je skie bien ou non. Cette certitude m'aide beaucoup
Wendy Holdener, à propos de son compagnon Remy
»

Cela vous rendrait encore plus nerveuse?
Cela me prendrait de l'énergie, car j'y penserais encore plus et je deviendrais encore plus nerveuse.

Remy donne l'impression d'être un pôle de stabilité. Est-ce correct?
C'est très juste. Remy m'aime – que je skie bien ou non. Cette certitude m'aide beaucoup.

Vous allez bientôt emménager dans un appartement à Unteriberg, que votre famille a planifié et fait construire.
Je me réjouis beaucoup. Mes parents y emménageront en mars et nous plus tard, dès que nous aurons le temps. Mais Remy garde son appartement à Bienne, où il a son centre de vie. Comme je suis souvent absente, il peut s'y trouver avec son entourage.

Qu'est-ce qui est le plus beau dans votre nouveau foyer?
Nous avons pu participer à la conception de beaucoup de choses et nous sommes très heureux. Ce sera un rêve. Et la vue est aussi géniale, on voit toute la vallée d'Ybrig.

En raison d'une fracture de la cheville en décembre 2023, Wendy Holdener a manqué le reste de l'hiver et donc aussi les finales de la Coupe du monde à Saalbach. Un désavantage pour les championnats du monde? «Je ne pense pas. La piste est nouvelle pour moi. Mais à Méribel, lors des Championnats du monde, la piste n'était pas non plus exactement la même qu'avant», dit-elle. De plus, Wendy Holdener participera au Team Event ainsi qu'au combiné par équipe – elle a donc suffisamment d'occasions de découvrir la pente avant le géant et le slalom.

L'expert de la SRF et ancien as du slalom Didier Plaschy a dit un jour: «Wendy est la plus forte physiquement de toutes les skieuses.» En êtes-vous fière?
Oui, si quelqu'un le pense, je l'accepte très volontiers.

Avez-vous toujours été aussi forte physiquement?
Lorsque mes amies m'emmènent faire du vélo, on ne le remarque pas. Je n'excelle pas dans l'endurance. En revanche, je suis très performante en force – et c'est très rare de combiner la force physique et l'endurance. Heureusement, j'ai toujours eu la capacité de récupérer rapidement après les compétitions. Cela m'a toujours donné un bon équilibre.

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Nous avions beaucoup de shootings sportifs auparavant, où l'on montrait plus notre peau qu'aujourd'hui. Cela a changé
Wendy Holdener, à propos du sexisme dans le ski
»

Vous avez un jour déclaré être fière de vos muscles.
Au début de ma carrière, je ne les trouvais pas si formidables. Mais on apprend à connaître les vêtements qui conviennent et ceux qui ne conviennent pas (sourires).

Lors d'un shooting avec la «Schweizer Illustrierte» il y a onze ans, vous avez montré vos abdominaux. À l'époque, Blick.ch avait titré: «Chaud, chaud, chaud! Sexy Wendy montre son six-pack!».
Ok (rires)!

Vu d'aujourd'hui, c'est un titre que l'on n'écrirait plus. Qu'en pensez-vous?
C'était une autre époque, n'est-ce pas? Nous avions beaucoup de shootings sportifs auparavant, où l'on montrait plus de peau qu'aujourd'hui. Cela a changé – peut-être que certaines entreprises ne veulent plus le faire.

Quelle est votre expérience avec les médias?
Ils font partie de notre travail et de notre vie, d'une certaine manière. C'est aussi agréable quand vous écrivez des choses positives sur nous. C'est un bon signe pour nous. Je suis toujours très contente et juste envers ceux qui le font bien.

Depuis l'été dernier, Wendy Holdener est coachée par Jörg Roten, l'ancien coach du skieur norvégien Henrik Kristoffersen. La collaboration se passe bien. Avant le slalom de Gurgl (Autriche) en novembre, Wendy Holdener s'est même entraînée avec les Norvégiens – Jörg Roten avait fait jouer ses contacts. «J'ai essayé d'apprendre quelque chose d'eux», explique-t-elle La séance lui a beaucoup apporté et a été très passionnante.

Votre coéquipière de longue date Michelle Gisin m'a dit en automne que vous étiez surnommée «Holdöner». Comment cela se fait-il?
Il y a une dizaine d'années, je commençait à me faire un nom, lentement mais sûrement. A l'époque, j'avais besoin d'un nouveau surnom pour mon profil privé sur Facebook. A l'époque, j'avais dit que je prendrais la meilleure proposition. Après un entraînement à la Diavolezza, nous étions au restaurant et soudain, un serveur a dit: «Wendy, va chercher des kebabs!»

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Après ma retraite, je mènerai une toute autre vie et j'aurai peut-être ma propre famille. Je ne pense donc pas que je reviendrai après
Wendy Holdener, sur un éventuel comeback
»

Kebab, döner... Votre surnom était né!
Pour Facebook, il est parfait. Mais dans la vie de tous les jours, presque personne ne m'appelle comme ça – ce qui me va très bien (rires)

Contrairement à d'autres skieuses, Wendy Holdener a annoncé vouloir continuer à skier non seulement jusqu'aux Jeux olympiques de 2026, mais aussi jusqu'aux Mondiaux de Crans-Montana de 2027. «Si je suis en bonne santé», ajoute-t-elle. Si elle y arrive, elle qui a débuté en Coupe du monde en 2010 aurait couru pendant 17 ans en Coupe du monde.

En 2027, vous aurez 33 ans. Mais Lindsey Vonn est encore performante à 40 ans...
A un moment donné, je veux avoir une autre vie (sourires). Mais il y a quelque chose en plus par rapport à Lindsey Vonn...

Quoi?
C'est une spécialiste de la vitesse. Pour le corps, un slalom avec deux manches est clairement plus difficile qu'une descente. C'est pourquoi je ne pense pas qu'il soit possible d'être encore une skieuse de classe mondiale en slalom à 40 ans.

Vous excluriez un come-back comme celui de Lindsey Vonn?
Après ma retraite, je mènerai une toute autre vie et j'aurai peut-être ma propre famille. Je ne pense donc pas que je reviendrai après.

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