Après chaque saison, il est là, ce trou mental dans lequel tombe Mathilde Gremaud. Mais depuis ses débuts, la Fribourgeoise s'y est habituée. Elle sait qu'après l'hiver, le corps et l'esprit ont besoin de repos. Après quatre mois de vie trépidante, de voyages, de compétitions et d'interviews, elle se sent fatiguée. «J'ai d'abord dû apprendre à gérer cela», raconte-t-elle dans la maison de ses parents à La Roche (FR).
Comment elle vit avec sa famille
Elle vit ici avec son papa Stéphane, qui travaille comme fonctionnaire de la Poste, sa maman Chantal, policière, et ses deux sœurs Jeanne, qui fait des études de médecine, et Elsa, qui suit une école de couture. C'est un petit paradis. Mathilde a déjà passé toute sa vie ici. Sur un terrain un peu éloigné du village se trouvent une ferme, quelques maisons individuelles et un petit immeuble. «Le terrain appartenait à mes grands-parents, raconte-t-elle. Mes tantes, oncles, cousins et cousines ont construit et vivent également ici.»
Dans un rayon de quelques centaines de mètres carrés, on trouve presque toute la famille. Juste au-dessus du village se trouve le domaine skiable de La Berra, où la petite Mathilde a appris à skier. «Par pur plaisir, comme elle le souligne. On construisait toujours nous-mêmes un tremplin et on s'entraînait à faire nos figures.»
À l'adolescence, elle voit à la télévision qu'il y a aussi des compétitions dans son sport favori. «À partir de là, c'était clair pour moi que je voulais faire ça.» À la volonté s'ajoute le savoir-faire. Lors de la saison qui vient de s'achever, elle remporte les trois globes de cristal. Le grand pour le classement général de la Coupe du monde et les deux petits pour les disciplines Big Air et Slopestyle. Au cours de sa carrière, elle a déjà remporté toute une série de médailles olympiques et de championnats du monde ainsi que de nombreuses distinctions aux X-Games. Il ne lui manquait que les globes. Aujourd'hui, elle a tout accompli – à seulement 24 ans. «Les globes signifient beaucoup pour moi, avoue-t-elle. Ils montrent que j'ai bien skié de manière constante sur une longue période. Et pas seulement dans une seule compétition.»
C'est exactement ce qu'elle s'était promis de faire avant la saison, une saison où il n'y a ni championnats du monde ni Jeux olympiques: fournir de bons résultats à chaque compétition tout en prenant du plaisir. Cela a fonctionné. Mathilde Gremaud est la première sportive à avoir réussi à remporter tous les globes. «Le ski freestyle est un jeune sport. Mais il s'est tellement professionnalisé qu'il est possible de repousser toujours plus loin les limites et les records.» Elle range désormais ses skis à la cave pour quelques mois. Pour qu'elle puisse se reposer, surmonter sa fatigue mentale. En faisant du Sudoku ou des Lego, avec son préparateur physique à Lausanne, selon les plans duquel elle travaille dur.
Université par correspondance
De plus, Mathilde Gremaud suit un master en administration des affaires dans une université par correspondance à Vienne. Son objectif est de l'achever avant les Jeux olympiques de 2026. «Mais je prendrai tout le temps dont j'ai besoin», prévient-elle. Elle a obtenu sa maturité à l'école secondaire de sport d'Engelberg, qu'elle a fréquentée pendant quatre ans. Elle parle ainsi le suisse allemand pratiquement sans accent. «Aussi à cause de mes coéquipières, qui viennent pour la plupart de Suisse alémanique», explique-t-elle. Elle les retrouvera cet été, lorsque l'équipe s'entraînera à de nouveaux sauts et tricks sur l'airbag de Leysin (VD).
Même si elle a maintenant tout gagné avec ces globes: Mathilde Gremaud a envie de plus. «Pour moi, il ne s'agit pas seulement de médailles, dit-elle. Il s'agit aussi d'apprendre un nouveau saut ou de bien tenir un trick difficile. Il s'agit de petits objectifs pour moi-même.»
Elle enfourche son VTT
Le soleil brille à La Roche, les pissenlits sont en fleur. Mathilde Gremaud enfourche son vélo. Elle y trouve des conditions similaires à celles du ski freestyle. «Le style de vie est très similaire», raconte-t-elle. Les vététistes sont des sportifs individuels qui s'entraînent en équipe et doivent faire appel à toutes leurs capacités lors d'une course. «De plus, quand je fais du VTT, je ne pense pas au ski. Contrairement à la plage, où j'y penserais beaucoup trop.» De manière générale, rester assise sans bouger ne lui convient pas.
La jeune femme de 24 ans est en mouvement permanent. «Si je ne fais rien, je m'agite», explique-t-elle pour expliquer son comportement. Dans son sport, elle est toujours en mouvement. Elle apprécie maintenant d'être chez elle, de retrouver des amis d'enfance. «Et de parler avec eux de sujets qui n'ont rien à voir avec le ski. Ce qu'ils vivent est passionnant pour moi.»
En hiver, elle veut ensuite repartir à l'assaut. Et elle se réjouit des Jeux olympiques de 2026 à Milan. Où elle pourra se produire pratiquement devant sa porte. Sa famille sera alors également présente. Avec cette perspective, Mathilde Gremaud surmonte encore n'importe quelle dépression mentale.