Les premières neiges sont tombées en altitude ce week-end, rassurant tous les amateurs de glisse. Les skieurs et skieuses suisses sont parés à faire vibrer leurs fans avec de nouveaux exploits sur les pistes, tout autour du globe. Parmi eux, le slalomeur Marc Rochat prend part à sa dixième saison en Coupe du monde. L’occasion pour le Vaudois de peaufiner davantage les détails, lui qui sort de sa meilleure saison sur le circuit, en ayant décroché notamment une très belle 4ème place à Schladming.
Pour ce faire, le skieur n’a rien laissé au hasard, lui qui vient de nouer un partenariat plutôt atypique avec le groupe Conextivity. Basé à Saint-Prex (Vaud), c’est au siège social de la société que Blick rencontre en exclusivité le natif de Lausanne, mais aussi Jonathan et Sabrina Brossard, respectivement CEO et présidente du Conseil d’administration, ainsi qu’un couple à la ville.
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Conextivity emploie plus de 700 personnes, dans le monde entier, et propose des solutions pointues de connectivité et de gestion de données. Ces hautes technologies, comme l’IA par exemple, permettent de créer toute une structure d’informations pouvant grandement aider et guider les sportifs d’élite dans leur évolution.
Des données et encore des données
Car si associer sport et performance est une évidence pour toutes celles et ceux qui suivent les exploits des athlètes, savoir quels sont les critères exacts pris en compte pour atteindre le meilleur résultat possible est une autre paire de manches. Matériel, combinaison, casque, mais aussi données cardiaques, gestion du stress et préparation en avant-course sont autant de données qu’il faut maîtriser lorsque l’on sait qu’une discipline aussi exigeante que le ski alpin se joue sur des centièmes de secondes.
C’est tout le défi auquel fait face quotidiennement Marc Rochat: «Aujourd’hui, lorsque je teste du matériel, je reçois un prototype de l’usine, et les seules données que je reçois viennent de mes pieds! Le chronomètre, évidemment, a une influence, mais le seul indicateur, c’est mon feeling. Ce serait dès lors un avantage monstrueux de pouvoir confirmer le feeling d’un athlète sur un écran par exemple. Ça permettrait de trouver le matériel adéquat. Parce qu’aujourd’hui, je n’ai pas qu’une paire de skis et de chaussures pour tout l’hiver. Je change à chaque entraînement, à chaque course... et tout cet équipement est très complexe. Il n'a rien à voir avec celui qu'on trouve en magasin», fait remarquer l'athlète.
Savoir immédiatement quels sont les bons réglages à adopter, quel plastique utiliser, quels matériaux, quelle position de la plaque sur le ski en fonction de la piste et des conditions du jour sont autant de paramètres qui faciliteraient la vie des athlètes. Un peu à la façon d’un jeu vidéo. On choisit telle piste, avec telle météo, tel enneigement, et on sélectionne en conséquence telle variante d’équipement.
Pour mettre en pratique toutes ces idées ambitieuses, Marc Rochat peut donc compter sur Conextivity, qui se réjouit d’un tel partenariat. «Nous connaissons Marc depuis un moment et nous avons cette volonté d’essayer de nous aventurer dans des chemins inattendus, avec des besoins qui se croisent entre l'athlète et nous», explique Jonathan Brossard, CEO de Conextivity. «Nous sommes un groupe atypique et Marc a un parcours qui n’est pas forcément linéaire. Il y a une réelle compatibilité d’ADN. Il a des valeurs de persévérance et de résilience qui se traduisent dans ses succès, ce qu’on estime être à notre image.» Blessé sept fois au cours de sa carrière, le skieur suisse, qui possède aussi la nationalité italienne, a en effet toujours fait preuve d’un mental d’acier pour revenir au plus haut niveau.
Objectiver les performances
Il convient aussi de préciser que Conextivity ne fait pas dans le commercial, mais uniquement dans le Business to business (B to B), ce qui rend ce partenariat plutôt inédit dans le domaine du ski. Au-delà de l'amitié, ce sont donc une identité et une vision qui réunissent les deux parties. «Moi, je suis vaudois, ce qui est inhabituel sur le circuit», affirme Marc Rochat. «Je dois toujours expliquer que je ne suis pas valaisan, et je voulais m’entourer d’un sponsor qui vient de ma région et qui correspond à mes valeurs.» C’est ainsi que Conextivity ornera le casque du skieur cet hiver pour représenter la Silicon Valley lémanique jusque sur les cimes.
Une façon de mettre en avant ce qui est perçu par Marc Rochat et Conextivity comme une «ruée vers l’or», à savoir «l’objectivité des performances»: «La capacité d’objectiver les choses permet à l’athlète de se rassurer d’une certaine manière, voire de se libérer au moment de la performance. Ça peut être un cercle vertueux, mais aussi vicieux, car l’échec peut aussi entraîner l’échec», poursuit Jonathan Brossard.
Dès lors, l’objectif est de sortir le coureur du doute et de l’aider à se révéler au grand jour. «Je peux vous dire qu’il y en a, des champions du monde de l’entraînement», sourit Marc Rochat. Et son nouveau sponsor de confirmer: «Je ne sais pas si notre mission est de les transformer en champion tout court, mais je pense que nous pouvons leur donner une certaine clarté sur les choses.»
Trop de technologies?
Un beau programme. Mais ne faut-il pas craindre de la part du grand public une lassitude face à cette place toujours plus grande que prend la technologie dans le sport et qui pourrait dénaturer les émotions? «Il faut que les gens comprennent que tout ce qu’on fait dans nos vies est dirigé vers la performance», reprend Marc Rochat. «Donc évidemment, les détails comptent. Tous les athlètes en Coupe du monde sont des bêtes physiquement. Et ils ont une force mentale extraordinaire. Nous devons alors chercher des centimètres, ce sont des détails. Cela passe par un focus sur la nutrition par exemple, domaine dans lequel il y a eu d’énormes progressions ces dernières années.»
La question fait écho chez Jonathan Brossard: «Il y a quelque chose d’intéressant, c’est une forme de dualité. Il y a deux éléments: le sport en tant que performance physique et la notion du beau, du spectacle. Et c’est ça que veut le public. Si on arrive à faire en sorte que le sport soit encore plus performant, ça offrira d’autant plus de spectacle.»
Une notion qui permet au trio de rêver de courses de ski plus immersives pour les spectateurs, à l’image de ce qui se fait en Formule 1 avec des caméras embarquées, des extraits sonores provenant des radios, les vitesses de pointe etc. «Aujourd’hui, le ski n’a pas encore tous ces éléments et je pense que le public ne pourra être que plus intéressé s’il comprend les conditions réelles en course», affirme Marc Rochat.
Spectacle et sécurité
Mais le spectacle ne doit pas se faire au détriment de la sécurité. Marc Rochat et Conextivity en sont bien conscients et lient d’ailleurs cette thématique à leurs activités: «Prenez l’airbag par exemple, c’est un système hyper complexe qu’il faut savoir utiliser, je pense que les technologies peuvent aider dans ce sens aussi», poursuit le skieur vaudois.
«Pousser plus haut et plus fort, c’est toujours possible à partir du moment où on comprend ce qu’on fait. La sécurité est un enjeu énorme, mais les données sont précisément là pour la rendre mesurable et éviter qu’elle soit subie», explique Sabrina Brossard.
Objectif: «Prendre du plaisir»
Ainsi, cet hiver, Marc Rochat ne portera pas de «Ragusa» et encore moins d’«UBS» sur son casque, mais bien Conextivity. Du côté du groupe de Saint-Prex, on espère que ces réflexions trouveront un écho dans d’autres sports, sans en faire non plus un cheval de bataille. «Nous ne sommes vraiment pas dans une logique commerciale. Si les opportunités se présentent, pourquoi pas, mais nous ne souhaitons pas mener de marketing acharné.» Pas question de parler de chiffres, la priorité n'est pas là.
Pour le skieur, l’objectif principal cette saison est «de prendre du plaisir», assure-t-il à Blick. «Le podium viendra quand il viendra. J’ai la chance de pouvoir faire partie des meilleurs de la planète dans mon domaine. Rien que ça, c’est déjà extraordinaire. Pouvoir partager cette aventure avec Jonathan et Sabrina, pouvoir les aider aussi dans la recherche et trouver des solutions qui peuvent être réutilisées dans d’autres domaines, c’est génial.» À 31 ans, face à une saison prometteuse, Marc Rochat aurait-il déjà trouvé une vocation pour son après-ski?