Loïc Meillard a longtemps couru (skié) après sa première grande victoire en Coupe du monde, malgré sa technique de ski géniale. Une libération finalement tombée le 25 janvier dernier, lors du géant de Schladming (Aut).
La légende du ski suisse Bernhard Russi, expert chez Blick, a lui aussi douté par moments des capacités mentales du Valaisan, né dans le canton de Neuchâtel. «Loïc a parfois manqué du sang-froid nécessaire pour skier de manière plus tactique dans les endroits critiques, contrairement à Marco Odermatt. Meillard a souvent été éliminé alors qu’il était en tête», analyse le champion du monde de descente de 1970.
Quatre chances de médailles
Mais il y a onze jours, le Romand a prouvé, en triomphant lors du géant nocturne de Schladming, qu’il était capable de répondre présent, même lorsque les nerfs sont à vif. «Loïc a passé avec mention un examen de maturité, s’enthousiasme Bernhard Russi. Après son meilleur temps époustouflant lors de la première manche, il a dû aborder le second tracé en partant en dernière position sur une piste qui se dégradait de plus en plus. Le risque d’un nouvel échec était grand. Mais Loïc est visiblement resté très cool entre les manches et prouvé qu’il était clairement le meilleur sur cette pente raide.»
Aux Championnats du monde de Courchevel (F), la pente de course est moyennement raide. Loïc Meillard, qui a remporté deux médailles de bronze en combiné et en parallèle lors des derniers Mondiaux à Cortina (It), fait donc partie des plus grands candidats à une médaille. S'il s'est raté en combiné mardi, il aura encore ses chances en géant, en slalom et en parallèle. Le technicien polyvalent a même prouvé qu’il pouvait aussi jouer les premiers rôles en super-G. Une discipline où il s'est classé troisième à Bormio (It) fin 2022.
«Loïc est une machine»
Le spécialiste vaudois du slalom Marc Rochat, qui partage souvent la même chambre que Meillard sur le circuit de ski, sait que son coéquipier a suffisamment d’énergie pour s'attaquer à ce programme titanesque. «Loïc est une machine absolue! Alors que j’ai souvent du mal à me mettre en route le matin et que je me tourne et me retourne plusieurs fois dans mon lit, les yeux collés, Meillard est déjà comme une fusée à 6h du mat'. C'est un repère important au niveau de l’entraînement, mais son optimisme a aussi un effet extrêmement positif sur l’ambiance d'équipe.»
Pourtant, cet employé de banque de formation, qui vit depuis l’âge de 9 ans à Hérémence (VS), recherche souvent la solitude. «Il y a quelques années, j’ai fait une randonnée à ski de plusieurs semaines après la saison de la Coupe du monde, explique Loïc Meillard. Je n'ai rencontré personne pendant huit jours. C’était magnifique.»
Lors de ses randonnées, le skieur a presque toujours son appareil photo avec lui: «La photographie fait partie de mes plus grandes passions.» Mais il collectionne aussi avec beaucoup de ferveur les montres anciennes. «Avec ses modèles rares, Loïc a même impressionné l’un des horlogers les plus renommés, raconte son manager, Ralf Krieger. Nous avons eu une réunion avec Longines. Il s’est avéré que Loïc possédait dans sa collection une montre de 1956 dont les créateurs actuels de la plus ancienne marque horlogère du monde ne connaissaient même pas l’existence.»
Un amour secret
La vie amoureuse de Loïc Meillard a fait l’objet de discussions. Après une longue liaison avec l’ancienne skieuse norvégienne Rikke Tviberg (sœur de la championne Maria Therese), il est tombé amoureux de l’ancienne spécialiste de ski-cross Zoé Chastan au printemps 2021. Comme cette Grisonne aux racines françaises travaille chez Swiss-Ski en tant que cheffe de presse, cette relation n’a pas tout de suite été approuvée au sein de son entourage.
Mais entre-temps, les tourtereaux ont prouvé à la direction de l’équipe de Suisse qu’ils savaient séparer vie privée et vie professionnelle. «Zoé traite Loïc de la même manière que les autres membres de l’équipe en matière de communication. Elle fait vraiment un très bon travail», loue le chef de la communication de Swiss-Ski, Christian Stahl. Quant à Meillard, il semble que l’amour lui donne des ailes.