Entre louanges, admiration, critiques et inquiétudes, le retour de Lindsey Vonn en Coupe du monde ne laisse personne indifférent. L'Américaine, avec ses 82 victoires en Coupe du monde, s'est récemment agacée des commentaires négatifs formulés par d'anciennes gloires du ski. «Sont-ils tous devenus médecins? Parce qu'ils parlent comme s'ils en savaient plus que les meilleurs médecins du monde», a interrogé la championne.
En revenant à la compétition avec un genou partiellement artificiel, de nombreux observateurs craignent que Lindsey Vonn se blesse gravement. Cette peur est-elle fondée? Blick s'est entretenu avec deux spécialistes. Walter O. Frey, médecin-chef de Swiss-Ski à la clinique Hirslanden, est fondamentalement d'avis que «chez les athlètes de haut niveau, nous évoluons dans un environnement dans lequel les prophéties sont quasiment impossibles».
Il convient de préciser que Lindsey Vonn n'aura pas moins de sensations dans la jambe à cause de son genou. Les risques de chute ne sont donc pas plus élevés que pour les autres athlètes. Mais les nombreux chocs encaissés en descente et en Super-G font que sa prothèse partielle s'usera plus vite qu'en temps normal. En d'autres termes, au lieu d'attendre 25 ans pour une nouvelle opération, le délai d'usage dans de pareils cas, elle aura probablement besoin d'une intervention plus tôt.
De ciment et de titane
Lindsey Vonn prend-elle toutefois le risque d'une blessure particulièrement complexe en cas de chute et d'endommagement du genou? Walter O.Frey répond: «Comme pour tous ceux qui ont du métal dans le corps et qui blessent la zone concernée en tombant, cela peut rendre une opération plus complexe.»
Lors de l'opération de la championne en avril dernier, un robot a abrasé trois millimètres du fémur à l'extérieur du genou. Les chirurgiens ont ensuite travaillé avec du titane et du plastique sur le rouleau extérieur de l'os, mais aussi sur le plateau tibial. Du ciment et des broches maintiennent le tout en place.
«Juste une question de temps»
Rolf Hess est médecin-chef en orthopédie à l'hôpital de Thoune et estime que «lorsqu'il y a une fracture complexe autour de la prothèse, il y a un risque que, malgré la révision, il en résulte une limitation fonctionnelle considérable dans la vie quotidienne».
Dans le cas de Lindsey Vonn, ce risque est un peu moins important, car elle n'a qu'une prothèse partielle et non totale. «Mais le problème est de savoir si une prothèse de genou est capable de résister à long terme aux plus grandes contraintes physiques. Un relâchement précoce ou même une rupture de l'implant sont tout à fait possibles, même si ce n'est peut-être que dans quelques années.»
Si on lui avait demandé son avis, Rolf Hess aurait déconseillé un retour au sport de haut niveau pour l'Américaine, car les sollicitations pour le corps y sont énormes. «Je suis convaincu qu'elle doit prendre des risques extrêmes pour pouvoir rivaliser avec l'élite mondiale actuelle. Selon moi, ce n'est qu'une question de temps avant qu'une blessure ne survienne, comme pour Marcel Hirscher.»
«Je n'ai pas besoin des feux de la rampe»
Walter O. Frey aborde un autre aspect: «Pour moi, c'est infiniment plus beau de voir comment Corinne Suter, après une très grave blessure au genou, s'est battue sérieusement pour revenir et skie maintenant solidement vers le sommet, sans battage médiatique surchauffé.»
Quant à la principale concernée, elle a réagi sur Instagram: «Je crois en moi. Indépendamment de mon âge ou de mes antécédents. Peu importe ce que les gens disent, je fais ça pour moi. Je n'ai rien à prouver à personne. Je n'ai pas besoin des feux de la rampe ou de l'attention. Je veux juste faire quelque chose qui me fait plaisir et partager cette joie avec ma famille, mes amis, mon équipe et vous tous.»