Il n’y a que très peu de personnes qui peuvent se targuer d’avoir remporté plusieurs courses dans chaque discipline du ski classique. Pirmin Zurbriggen est l’un d’entre eux, tout comme Lindsey Vonn. Le Suisse et l’Américaine comptent tout simplement parmi les meilleurs athlètes de l’histoire de leur discipline.
En dehors de cela, ils n’ont pas grand-chose en commun. Pirmin Zurbriggen s’est retiré de la compétition à l’âge de 27 ans, heureux de ne plus être sous les feux de la rampe. Tout le contraire de Lindsey Vonn qui reviendra samedi sous les projecteurs de la Coupe du monde à l’âge de 40 ans, après une pause de presque six ans et avec une prothèse partielle au genou droit. «Je ne comprends pas. À un moment donné, tu dois te dire: il y en a d’autres, plus jeunes, et mon temps est révolu», estime Pirmin Zurbriggen.
D’autres anciennes gloires du ski alpin partagent cet avis. Depuis l’annonce du retour de la championne, les critiques et les moqueries fusent. Mais que l’on approuve ou non son retour, Pirmin Zurbriggen pose une question légitime: «Lindsey peut-elle accepter d’être 25e?»
«Il y a un risque que je tombe»
Dans le cas de Marcel Hirscher, revenu à la compétition à 35 ans après une déchirure des ligaments croisés, on peut répondre par l’affirmative. Lui, du moins, n’a cessé de souligner qu’il s’agissait avant tout pour lui de prendre du plaisir à skier et à participer à des compétitions. Pour cela, l’Autrichien a skié avec sa propre marque de skis Van Deer, une belle publicité pour lui.
Mais dans le cas de Lindsey Vonn, c’est différent. L’Américaine a déclaré dernièrement: «Je dois être patiente.» Et d’ajouter aussitôt avec un clin d’œil: «Ce n’est pas mon point fort.» Lindsey Vonn a tout simplement déclaré qu’elle voulait revenir là où elle était… c’est-à-dire au sommet. La championne aux 82 victoires en Coupe du monde veut skier au moins jusqu’aux Jeux olympiques de 2026. Un sacré programme.
Pirmin Zurbriggen la met donc en garde: «Il y a un risque que Lindsey Vonn se déchire son genou artificiel. Et ce, de telle manière qu’elle ne puisse plus faire de sport correctement de toute sa vie. Ce serait particulièrement triste.» La championne elle-même semble consciente des risques auxquels elle s’expose. «Il se peut que je tombe, mais c’est la vie», a-t-elle haussé des épaules.
«Cela les rattrape un jour ou l’autre»
Le pragmatisme de l’Américaine ne rencontre pas beaucoup d’écho chez Pirmin Zurbriggen. «Il y a un an et demi, j’ai couru un semi-marathon et je me suis réjoui comme un enfant, raconte ce dernier. C’est quand même super de pouvoir faire du sport même à un âge avancé. C’est justement parce que c’est si amusant que j’ai commencé quand j’étais enfant. J’espère vraiment que Lindsey Vonn ne va pas gâcher ça.»
C’est pourtant ce qu’il craint. «J’ai le sentiment qu’elle n’a pas compris le sens et le but de son autre vie ces dernières années. Je pense qu’elle a souffert de ne plus être une championne célébrée. Je trouve cela dommage et triste, cela me fait de la peine pour elle, car cela la rattrapera un jour.»
Ce jour ne semble toutefois pas arrivé. La reine de la vitesse va faire son retour sur le cirque blanc en Engadine ce week-end. De quel classement se contentera-t-elle? Réponse samedi à midi.