A Alta Badia, le trouble régnait déjà une demi-heure avant le départ de la course. De nombreux coureurs qualifiaient la piste d'«impraticable» après la reconnaissance officielle du parcours. Marco Odermatt lui-même était horrifié: « Après une vingtaine de portes, la neige se détache et forme des nids dangereux», alertait-il.
Une grande partie des athlètes a donc plaidé pour l'annulation de ce slalom géant. Après cette folle journée, Marco Odermatt déclare sans détours: «Si ma parole avait été décisive, nous n'aurions pas couru aujourd'hui!» Mais si le géant a finalement été lancé, c'est surtout à cause de deux athlètes, estime de son côté Justin Murisier: «Loïc Meillard et Henrik Kristoffersen se sont prononcés auprès du jury pour un départ de la course, car ils avaient des dossards favorables pour cette mauvaise piste avec le 1 et le 3.»
«Manque de respect et négligence»
Après la première manche, ni Meillard ni Kristoffersen n'étaient pourtant en en tête. C'est le Croate Filip Zubcic qui menait la danse avec son dossard 2. Le vainqueur de Sölden Alexander Steen Olsen suivait, alors que Marco Odermatt prenait le troisième rang.
Manuel Feller, qui a remporté le petit globe de slalom, est quant à lui vraiment en colère, non seulement contre lui-même, mais aussi contre le jury après sa non-qualification pour la deuxième manche: «Le fait de devoir disputer une course dans ces conditions est presque irrespectueux et néglige les athlètes.» Justin Murisier, qui a également manqué la deuxième manche, en rajoute une couche: «Cette course est absolument scandaleuse! Avec cette décision, la FIS joue avec notre santé.»
Thomas Tumler, qui a fêté sa première victoire en Coupe du monde il y a deux semaines lors du slalom géant de Beaver Creek, raconte qu'après son élimination lors de la deuxième manche, Henrik Kristoffersen a drastiquement changé d'avis: «Après s'être prononcé pour une course au départ, il m'a dit à l'arrivée qu'il aurait fallu l'annuler.» L'explication semble toute trouvée: le Norvégien, particulièrement ambitieux, n'est pas parvenu à dépasser la neuvième place finale.
«Odi» bat le record de Suisse
Malgré tout, Marco Odermatt a prouvé une fois de plus de manière spectaculaire qu'il est le meilleur skieur du monde, quelles que soient les conditions extérieures. Lors de la deuxième manche, le triple vainqueur du classement général de la Coupe du monde a triomphé de huit dixièmes devant le surprenant Français Leo Anguenot et Alexander Steen Olsen.
«Lors de la première manche, ma tactique était basée sur les mauvaises conditions de la reconnaissance: l'essentiel était de franchir la ligne d'arrivée en toute sécurité. Mais lors de la deuxième manche, j'ai vu que la piste s'était un peu ouverte. C'est pourquoi je me suis senti suffisamment en sécurité pour attaquer à fond», raconte l'athlète après son cinquième triomphe à Alta Badia.
Avec ce succès, Odermatt a désormais 41 victoires en Coupe du monde à son actif et compte ainsi un triomphe de plus que le légendaire Pirmin Zurbriggen. «C'est vraiment très spécial pour moi», sourit le jeune homme de 27 ans. «Dans les années 80, Pirmin a fait du ski en Suisse quelque chose de très grand, et nous ressentons encore cet effet aujourd'hui. Pirmin est aussi la grande idole de mes parents. Et c'est donc avec une grande fierté que j'ai maintenant battu son record de Coupe du monde suisse.»
Actuellement, Pirmin Zurbriggen a encore une avance d'une victoire au classement général de la Coupe du monde à son actif. Mais il est fort probable qu'Odermatt ait lui aussi quatre gros globes de cristal dans sa vitrine après cette saison. Pour le moment, le Nidwaldien a 121 points d'avance sur Henrik Kristoffersen au classement général.