La fin des tirages de maillots?
Un Genevois veut révolutionner le football

Le Genevois Edouard Stauffer veut rendre le football plus équitable avec des maillots déchirables. Mais il se heurte à des résistances.
Publié: 02.01.2022 à 08:57 heures
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Dernière mise à jour: 02.01.2022 à 11:04 heures
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Edouard Stauffer, le bricoleur genevois de 74 ans qui veut révolutionner la règle de l'avantage avec son maillot qui se déchire.
Photo: ALAIN KUNZ
Alain Kunz

Edouard Stauffer, 74 ans, est un idéaliste. L’ancien junior du Servette, qui a ensuite évolué en deuxième division, déteste le jeu déloyal et la simulation. Et c’est peu dire. «Le fait de tirer sur un maillot me met hors de moi, raconte ce Genevois. En entraînant un joueur en arrière, on empêche souvent une occasion de but.» C’est ce qui s’était produit lors de l’Euro 2016, lorsque les maillots suisses avaient cédé et que Granit Xhaka s’était retrouvé avec un haillon sur le dos.

La double couture fait la différence

Mais plutôt que de mettre son poing dans sa poche, l’homme a décidé d’innover. Ce propriétaire d’une entreprise d’échafaudages et de tentes événementielles a tâtonné jusqu’à trouver un moyen d’éviter ce type de situation. Il a inventé des t-shirts qui ne peuvent se déchirer que proprement et à certains endroits, de façon à ce que l’action puisse se poursuivre. Le secret? Une double couture. «Ces t-shirts n’ont rien de révolutionnaire en soi, glisse-t-il. C’est un maillot normal, sur lequel on ajoute des coutures à certains endroits sensibles. Celles-ci se relâchent lorsque quelqu’un les pince.»

La FIFA éconduit Stauffer

Il fallait donc simplement y penser. Edouard Stauffer avait breveté ses maillots «Advantage» en 2017 pour l’Europe, sous le numéro de brevet 3 562 343. Toutefois, la FIFA avait éconduit le Genevois lorsqu’il les avait proposés. Le vice-secrétaire général de l’époque, Zvonimir Boban, lui avait répondu que les mauvaises notes faisaient partie du football et que la FIFA n’était pas intéressée.

Bien sûr, des questions se posent pour la mise en œuvre pratique de tels maillots. Mais Edouard Stauffer ne se démonte pas. Il travaille sur ce projet depuis douze ans et a eu le temps d’y réfléchir. Par exemple, que se passe-t-il lorsque l’action est terminée? «Le t-shirt est remplacé, rétorque-t-il simplement. Cela prend quelques secondes.»

La faute de Chiellini en finale de l’Euro comme support publicitaire

Autre question: à quels endroits faut-il ajouter des coutures supplémentaires? «C’est aux fabricants de décider», balaie-t-il. La zone du cou est dans tous les cas très importante. L’arrachage de maillot sans scrupule de l’Anglais Bakayo Saka par l’Italien Giorgio Chiellini en finale de l’Euro est un bon exemple. Cette scène, devenue virale par la suite, serait un excellent support publicitaire pour ses t-shirts. «Avec mes maillots, Saka serait parti seul au but et aurait peut-être marqué, appuie le Genevois. Et l’Angleterre serait peut-être championne d’Europe…»

La fameuse scène de la finale de l'Euro, devenue virale et qui apporte de l'eau au moulin d'Edouard Stauffer: le capitaine italien Giorgio Chiellini contre l'anglais Bukayo Saka.
Photo: AFP

Edouard Stauffer a le soutien de l’ancien entraîneur adjoint de l’équipe nationale Michel Pont, qui trouve «l’idée séduisante sur le principe». Toutefois, il reconnaît qu’elle sera «très difficile à mettre en pratique».

Le fan de football veut prendre sa retraite dès que les circonstances le permettront. Il pourra alors se consacrer pleinement à son projet. La percée des t-shirts déchirables pourrait donc encore avoir lieu.

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