Dans une Arena Bercy bondée, Simone Biles et ses compatriotes Jordan Chiles, Sunisa Lee et Jade Carey ont remporté la médaille d'or de l'épreuve par équipes avec un total de 171,296 points, devant l'Italie, qui n'avait plus été médaillée dans l'épreuve depuis 1928 (165,494), et le Brésil, qui s'offre sa toute première médaille olympique collective (164,497).
Ce fut l'occasion pour les Américaines de reprendre le titre qui leur avait échappé lors des Jeux de Tokyo en 2021, où elles avaient dû se contenter de l'argent, battues par les gymnastes russes. Les Etats-Unis comptent désormais quatre médailles d'or sur l'épreuve collective.
Ce fut aussi et surtout l'occasion pour Simone Biles de déclarer de nouveau son amour à la gymnastique, après avoir dû interrompre son parcours lors des JO de Tokyo, envahie par une dépression, qui l'a tenue éloignée deux ans de la compétition.
La Texane a ouvert son compteur de médailles à Paris: grâce à la victoire en finale par équipe, elle détient dorénavant cinq médailles d'or pour un total de huit médailles olympiques.
Nadia Comaneci, Serena Williams, Nicole Kidman
Et sentant venir l'heure de la rédemption, le tout Hollywood s'était déplacé pour venir admirer celle qui écrit de nouveau des pages de l'histoire de la gymnastique artistique. Dans les tribunes, Simone Biles a pu compter sur le fervent soutien de l'actrice Nicole Kidman, du réalisateur Spike Lee, du fondateur de Microsoft Bill Gates, ou encore de l'ex-joueuse de tennis Serena Williams.
Nadia Comaneci, à jamais une légende de la gymnastique, était aussi dans les tribunes. Et surtout, il y avait son mari Jonathan Owens, joueur de football américain (Chicago Bears).
Simone Biles, le mollet gauche encore bandé après une douleur ravivée dimanche lors des qualifications, a arboré un large sourire après chacune de ses performances, dans son justaucorps blanc et rouge pailleté, même si ses exécutions n'ont pas été toutes parfaites.
Ce titre retrouvé lui a valu une immense explosion de joie. Car c'est lors de l'épreuve par équipe aux Jeux de Tokyo que l'Américaine s'était effondrée mentalement. Elle avait expliqué ensuite qu'elle avait été victime de «twisties», des pertes de repères dans l'espace qui surviennent en un instant.
«J'ai compris que je voulais juste sortir de la salle, prendre soin de ma santé mentale. Je savais que le processus de guérison serait long. Mais j'étais convaincue aussi que je m'en sortirais», a-t-elle raconté dans un entretien au journal L'Equipe, paru vendredi dernier.
«Pour Simone»
La sportive n'a rien oublié des ces terribles moments, ni des reproches qui lui ont été faits sur les réseaux sociaux. «A Tokyo, j'ai reçu beaucoup de messages négatifs, des insultes. Que j'étais faible lâche, égoïste, que j'avais pris la place d'une gymnaste plus méritante. Que c'est à cause de moi que l'équipe américaine n'avait pas remporté la médaille d'or...», a-t-elle confié au quotidien sportif.
A Paris, elle est apparue nettement différente. Elle publie très fréquemment des messages, photos et vidéos sur son compte Instagram pour parler de son quotidien olympique, du pain au chocolat qu'elle découvre et qu'elle adore, de sa coiffure qu'elle soigne dans la navette qui la mène à l'Arena Bercy, sèche-cheveux en action.
Simone Biles est une telle figure que certains Américains n'ont pas hésité à traverser l'Atlantique pour venir la voir performer. «On est là pour encourager toute l'équipe américaine mais bien sûr, pour Simone. Ce sont sûrement ses derniers Jeux, on veut être là pour la soutenir. Elle inspire beaucoup de petites filles», explique Kaylia Shield, venue de l'Ohio.
Jeudi, la Texane s'avancera pour une deuxième médaille avec le concours général individuel, dont elle détient un titre olympique (2016) et six titres mondiaux.
Elle pourra encore enrichir sa collection avec trois finales (sur 4) par agrès (samedi et lundi): saut, poutre et sol. Mais son staff a spécifié à la presse qu'il laissait à Simone Biles le choix de s'aligner ou non, pour lui éviter toute pression.