Sept personnes accusées
Des peines de prison après du cyberharcèlement lors des Jeux de Paris?

Des peines de prison avec sursis ont été requises mercredi en France contre sept personnes accusées d'avoir harcelé en ligne le créateur de la cérémonie d'ouverture des JO de Paris.
Publié: 05.03.2025 à 23:03 heures
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Dernière mise à jour: 05.03.2025 à 23:04 heures
La cérémonie d'ouverture des JO de Paris a coûté un torrent d'insultes à son metteur en scène Thomas Jolly.
Photo: Getty Images
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ATS Agence télégraphique suisse

Des peines de prison avec sursis ont été requises mercredi en France contre sept personnes accusées d'avoir harcelé en ligne le créateur de la cérémonie d'ouverture des JO de Paris. Un tableau perçu par certains comme une parodie de la Cène avait fait polémique dans les milieux conservateurs et d'extrême droite.

Le ministère public a requis des peines allant de 3 à 8 mois de prison avec sursis à l'encontre de ces sept hommes et femme âgés de 22 à 79 ans, jugés pour «menaces de mort réitérées, cyberharcèlement et injures aggravées en raison de l'orientation sexuelle ou de l'appartenance vraie ou supposée à une religion».

La procureure a requis des stages de citoyenneté et une suspension du compte d'accès en ligne pour une durée de 3 et 5 mois pour deux d'entre eux. Devant une salle d'audience pleine et en l'absence du metteur en scène Thomas Jolly, cinq prévenus se sont présentés tour à tour à la barre, les deux autres étant retenus ou malades, a précisé le tribunal.

Agés de 22 à 79 ans, les mis en cause, six hommes et une femme, sont poursuivies pour «menaces de mort réitérées, cyberharcèlement et injures aggravées en raison de l'orientation sexuelle ou de l'appartenance vraie ou supposée à une religion». Le parquet a requis des peines allant de 3 mois à 8 mois de prison avec sursis à l'encontre des sept prévenus.

La présidente du tribunal a commencé par citer certains des messages envoyés: «Thomas Jolly est une tantouse, ça explique bien des choses!», «corde + cou = réparation de ton acte immonde», «ce juif dégénéré qui attaque des milliards de chrétiens dans le monde». «Ce n'est qu'un échantillon des nombreux messages qui lui ont été envoyés pendant l'été 2024», poursuit-elle avant d'appeler à la barre le plus jeune des prévenus, Antoine C., 22 ans.

Regrets

Penaud, celui-ci écoute la présidente rappeler les propos qu'il a adressés à Thomas Jolly: «Sac à foutre, Dieu ne t'oubliera pas!» «Je regrette», explique le jeune homme, assurant avoir adoré la cérémonie d'ouverture dans son ensemble.

Il ajoute avoir été choqué par la prestation du chanteur Philippe Katherine, peint en bleu et dont l'appareil génital était caché par une couronne de fruits tout comme par l'apparition peu de temps après «d'hommes et de femmes nus ou presque nus à proximité d'enfants de huit à dix ans».

«Un vieux qui s'emmerde»

À la barre, Lucien T., 76 ans, lui succède. Il se décrit comme «un vieux qui s'emmerde» et qui «critique tout». Il raconte avoir arrêté X après son interpellation. Au metteur en scène, il avait envoyé le message: «Comment le CIO a laissé passer les conneries de Thomas Jolly, ce juif dégénéré qui attaque des milliards de chrétiens dans le monde?»

Thomas Jolly, 43 ans, directeur artistique des cérémonies d'ouverture et de clôture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, avait déposé plainte le 31 juillet, quelques jours après le début des Jeux, affirmant «être la cible, sur les réseaux sociaux, de menaces et d'injures à caractère homophobe ou antisémite».

Alors que la créativité de la cérémonie d'ouverture a été saluée par de nombreux spectateurs, le tableau intitulé «Festivité» a alimenté une polémique dans des milieux conservateurs et d'extrême droite.

Le tableau, représentant un groupe attablé, dont plusieurs drag queens, a été interprété par certains comme une parodie moqueuse du dernier repas de Jésus avec ses apôtres, la Cène, telle que représentée par Léonard de Vinci.

«Grande fête païenne»

Thomas Jolly avait démenti toute volonté de choquer et expliqué avoir voulu représenter une «grande fête païenne reliée aux dieux de l'Olympe». Les messages haineux à son encontre s'étaient multipliés.

«Thomas Jolly n'a jamais voulu représenter la Cène», a insisté son avocate. «Le CIO interdit toute référence religieuse dans les cérémonies des Jeux olympiques», a insisté Me Patricia Moyersoen.

Outre Thomas Jolly, plusieurs artistes ayant participé à la cérémonie d'ouverture des JO avaient été la cible de cyberharcèlement et de menaces, notamment la DJ française Barbara Butch, star du tableau incarné par des drag queens.

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