Du paradis à l’enfer, il n’y a qu’un souffle de mistral. La voile est un sport qui peut être très cruel pour qui part à la faute. Sébastien Schneiter le sait bien, lui qui passe des bouées et tire des bords depuis qu’il est en âge de tenir la barre d’un bateau. Des milliers de manœuvres répétées, huilées. Pour que le jour J tout se passe sans accroc. Au 4e jour des régates qualificatives, il aura suffi d’un couac pour que le bateau suisse ne concrétise sa plus belle journée. Alors que les favoris s’écroulaient, le Genevois et le Vaudois ont sorti deux manches de feu, effectuant un rapprochement provisoire au classement général. De quoi nourrir les espoirs les plus fous.
Restait une 12e et dernière régate avant de revenir dans la marina du Roucas-Blanc avec un large sourire et une véritable chance de conquérir le plus beau des métal! Car cette 3e course du jour a parfaitement été lancée pour le Team Suisse. Dans cette discipline, le premier bord, face au vent, est très souvent décisif et définit souvent la hiérarchie.
Après un départ moyen, Schneiter et de Planta ont alors effectué une montée vers la première bouée de toute beauté. «Nous avons choisi de prendre un risque plutôt que d’assurer, témoigne Sébastien Schneiter. Nous avons viré un tout petit peu tôt pour ne pas devoir passer derrière nos concurrents qui arrivaient en même temps que nous. On était donc un peu juste pour passer la marque et nous avons touché la bouée avec le stick de barre.»
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«Difficile de rester dedans»
Une touchette, une caresse maudite qui n’a pas échappé au jury en poste. «Nous avons écopé d’une pénalité, qui consiste à faire un tour complet sur nous-même. Problème, on gêne un autre concurrent pendant cette réparation et on reprend une pénalité identique. C’est assez rageant car jusque-là, nous n’avions jamais été si régulier.» Les conséquences de ce double tour en enfer sont cruelles. «Difficile de rester dedans après ça», reconnaissent-ils de conserve. Dix-neuvième de cette dernière manche qualificative, ils dégringolent d’une 4e place provisoire qui leur tendait les bras à un 8e rang final qui leur assure une participation à la course pour les médailles.
En ce jour de fête nationale, il n’y aura pas de place pour les calculs. Il faudra gagner une manche qui compte double. Et ensuite, il faudra voir ce qui se passe derrière. Si l’or n’est plus à portée d’étrave, et que l’argent ne devrait pas pouvoir faire leur bonheur, le bronze, lui, est encore accessible. «On part toujours dans les medal race pour gagner et on ne changera pas nos habitudes, témoigne Arno de Planta, bluffant de sérénité pour ses premiers Jeux. On doit être fier de ce résultat même si cette dernière course nous laisse un goût amer.»
Le duo reste confiant
Un shaker de protéine, une bonne nuit de sommeil, et c’est un duo au taquet qui se présentera demain sur un plan d’eau particulièrement complexe. A tel point que des pays comme la France et les Pays-Bas - les deux derniers champions du monde - sont passés à la trappe et regarderont leurs concurrents depuis la corniche.
De quoi remettre en perspective la performance de la Suisse et de son duo qui a promis de ne rien lâcher. «Depuis le début des compétitions, nous avons toujours su rebondir après une mauvaise manche, lance Sébastien Schneiter. Il n’y a pas de raison que cela ne continue pas demain (ndlr: jeudi).»