«Jamais sentie aussi forte»
Nikita Ducarroz progresse en même temps que le BMX Freestyle

Médaillée de bronze à Tokyo Nikita Ducarroz, s'apprête à vivre ses deuxièmes Jeux olympiques. La spécialiste du BMX Freestyle s'est confiée à Blick avant son départ à Paris. Portrait.
Publié: 29.07.2024 à 15:28 heures
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Dernière mise à jour: 29.07.2024 à 16:20 heures
C'est au skatepark de Plainpalais que Blick a rencontré Nikita Ducarroz avant de partir aux JO.
Photo: keystone-sda.ch
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Matthias DavetJournaliste Blick

Le rendez-vous est pris, logiquement au skatepark de Plainpalais, Pourquoi logiquement? Car c'est l'un des deux endroits préférés de Nikita Ducarroz à Genève (avec la maison de ses grand-parents). La spécialiste de BMX Freestyle profite d'un court passage en Suisse pour enchaîner les rendez-vous médiatiques. Après Blick, c'est au tour de la RTS et de Léman Bleu de s'accaparer la médaillée de bronze de Tokyo.

Et comme une évidence, c'est en… BMX que débarque Nikita Ducarroz, sac à dos, pour nous parler de sa vie. Celle-ci débute à Nice, en août 1996, où elle est née d'un père suisse et d'une mère américaine: «Ils travaillaient tous les deux en tant qu'ingénieurs en France et ma maman était la cheffe… Elle l'est encore aujourd'hui (rires).» Quand elle est encore bébé, ses parents déménagent en Californie pour être plus proches de la famille maternelle. De Nice, la Genevoise ne garde quasi pas de souvenirs.

Par contre, jusqu'à ses 12 ans, elle tente de venir tous les étés en Suisse pour revoir ses proches du côté de son père. «Je me rappelle de Plainpalais avant le skatepark, avec le marché ou le cirque. C'était trop bien», sourit-elle. Nikita Ducarroz profite également de ces passages pour… participer à des camps de foot – sport qu'elle pratique à cette époque – avec Servette. Même si elle avoue aujourd'hui suivre un peu moins les exploits des Grenat.

Surpasser son trouble anxieux

Mais très tôt, un autre côté de Nikita Ducarroz surgit: un trouble anxieux se développe. Pas envie d'aller à l'école ou peur de prendre l'avion pour rendre visite à sa famille en Suisse. La Genevoise s'isole dans sa chambre. Ce qui lui permet de s'en sortir: le sport, et plus particulièrement le BMX. «Cette passion m'a permis de tromper mon cerveau, nous expliquait-elle en 2023. J'ai pris un tel plaisir à faire du BMX que j'ai osé sortir à nouveau. Pour pratiquer des figures et m'améliorer.»

Et rapidement, les résultats s'enchaînent pour la jeune athlète. Elle doit alors prendre une décision: qui représenter au niveau international? La patrie de son père ou celle de sa mère? «En Suisse, le sport était si peu connu, se souvient Nikita Ducarroz. C'était une chance de le développer ici et j'ai donc aidé Swiss Cycling à créer un programme.» Évidemment, son papa était fier «mais ma maman aussi», précise-t-elle.

Rapidement, elle gravit les échelons dans sa discipline. À quel moment s'est-elle rendu compte qu'elle était forte en BMX Freestyle? «Jamais, je pense, sourit-elle. Pour moi, il y a toujours des filles meilleures que moi mais c'est une bonne chose, car ça me pousse.» Pourtant, s'il y a bien un jour ou peu de concurrentes ont mieux performé que Nikita Ducarroz, c'est le 1er août 2021. Ce jour-là, à l'autre bout du monde, elle monte sur un podium olympique.

«C'est beau de voir toutes les choses que j'ai dépassées pour arriver là», sourit-elle. Elle sait par contre que pour réitérer cette performance, il faudra encore être plus solide. Car le BMX Freestyle est un sport en perpétuelle évolution: «Je sais que ça va être dur d'obtenir une médaille car le niveau s'est élevé. Et moi avec. Actuellement, je me sens meilleure sur le vélo que jamais auparavant.»

Mais elle est aussi un modèle. «Il y a des Japonaises de 14-15 ans qui sont meilleures que moi qui viennent me dire que je les ai inspirées. C'est bizarre parce que je me dis qu'elles vont me battre dans une année (rires).» Par contre, la Genevoise souligne aussi l'importance d'avoir des opportunités pour les femmes et la possibilité désormais de pouvoir faire carrière dans ce sport.

Continuer jusqu'à Los Angeles

À Paris, Nikita Ducarroz va évidemment retrouver sa famille, qui va faire le déplacement depuis les États-Unis. Sur la place de la Concorde, le cadre est propice à des exploits. «Et ça va faire de belles photos», rigole-t-elle. Après ces Jeux, la Genevoise ne se voit pas prendre sa retraite. Dans quatre ans, ils auront lieu également proche de l'un de ses jardins, à Los Angeles: «Je ne sais pas quel va être mon niveau mais tant que je me sens bien, je vais continuer.»

Mais avant d'y penser, il y aura peut-être une autre décision à prendre, à savoir celle de son habitat. Beaucoup au Costa Rica ces derniers temps, Nikita Ducarroz se verrait bien s'y installer. «La vie est vraiment active: on est dehors et on fait tout à pied. Et en plus, je commence à connaître les gens.» Car c'est aussi un aspect important dans la vie de la Genevoise: «Le BMX Freestyle est une sorte de famille. Je connais des gens dans tous les pays du monde et je peux aller n'importe où.» Même si, le temps d'une compétition à Paris, l'aspect familial sera mis de côté le temps de quelques runs.


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