Les «fous» comme les surnomme affectueusement Thierry Henry leur sélectionneur, ont pourtant été à deux doigts d'un miracle. Malmenés par l'Espagne pendant une heure, menés 3 buts à 1 jusqu'à la 79e minute, les Bleus ont arraché l'égalisation dans le temps additionnel de la seconde période grâce à un pénalty transformé par Jean-Philippe Mateta (3-3, 90e+3). L'enthousiasme du Parc des Princes a pourtant été douché définitivement par Sergio Camello, rentré à la place du capitaine Abel Ruiz, et auteur d'un premier but donnant l'avantage à l'Espagne à la 100e minute (4-3).
Dans cette partie à rebondissements, c'est pourtant la France qui, la première, a pris l'avantage. Privant l'Espagne de ballons, très agressive dans les duels, elle a idéalement débuté la partie en ouvrant le score dès la 11e minute par Enzo Millot, titularisé après sa suspension en demie contre l'Égypte pour avoir provoqué les Argentins après le coup de sifflet final du quart remporté contre l'Albiceleste.
Les gardiens espagnols n'aiment pas les finales au Parc des Princes. Quarante ans après Luis Arconada, fautif sur l'ouverture du score de Michel Platini lors de l'Euro-84, c'est Arnau Tenas qui a complètement manqué son intervention des poings après la frappe en première intention de Millot (1-0, 11e).
Un match à multiples rebondissements
Mais après avoir laissé passer l'orage bleu pendant 15 minutes, l'Espagne a pris la possession du ballon et ses deux champions d'Europe, Lopez et Baena, les choses en main.
Oublié par la défense française après une longue possession espagnole, Lopez, meilleur joueur de la compétition, a d'abord égalisé sur une passe de Baena (1-1, 18e), avant de donner l'avantage à la Roja d'une reprise opportune après une arrêt de Guillaume Restes sur une frappe d'Abel Ruiz (2-1, 25e). L'estocade a été portée trois minutes plus tard sur un coup franc de Baena, suite à une faute de Loïc Badé sur Juan Miranda, laissant Guillaume Restes, scotché sur sa ligne (3-1, 28e).
Et quand tout portait à croire que la Roja se dirigeait vers une victoire tranquille et logique, les «fous», qui clament depuis près de deux mois qu'ils vivent ensemble qu'ils ne visent que l'or olympique, ont décidé de changer leur destin. Les entrées très rapides des offensifs Maghnès Akliouche et Arnaud Kalimuendo, puis celle de Désiré Doué leur ont donné le coup de fouet nécessaire pour y parvenir.
L'Espagne passe l'épaule en prolongations
Harcelant le but d'Arnau Tenas, excellent après sa boulette initiale, ils ont recollé au score à la 79e minute, quand Maghnès Akliouche a poussé dans le but une frappe forte de Michael Olise, parfaitement muselé jusqu'alors par la défense espagnole (3-2). Et Mateta, passé capitaine après la sortie d'Alexandre Lacazette, a donc redonné espoir, dix minutes durant, à tout le Parc des Princes entré en fusion une fois son pénalty converti.
Dix minutes jusqu'au but, froid et logique, de Camello qui a doublé la mise et corsé l'addition en contre à la 120e minute (5-3). Passée la déception de la défaite dans ce match de folie, les joueurs de Thierry Henry, qui avait affirmé la veille que quel que soit le résultat de la finale, le parcours des Bleus était déjà un succès, auront effectivement rempli l'objectif qui leur avait été fixé.
«C'est une finale de fou, à l'arrivée on est quand même médaillé, malheureusement pas champions olympiques mais je pense qu'on peut rien dire à cette équipe, on s'est battu jusqu'à la fin», a déclaré Thierry Henry sur France 2 après la rencontre. Sous les yeux de leurs glorieux aînés, champions olympiques à Los Angeles de 84, invités par la Fédération française, les Bleus repartent ainsi avec une médaille d'argent, la première depuis 40 ans pour le football français aux Jeux olympiques. Au vu de la difficulté de Thierry Henry à constituer un groupe pour ce tournoi, c'est déjà une petite victoire.