Une fois de plus, c’est une tireuse qui ouvre le bal des médailles! Comme Heidi Diethelm Gerber il y a cinq ans à Rio, une femme avec une arme à feu offre sa première breloque à Swiss Olympic.
Cette fois-ci, les athlètes ont mis immédiatement le paquet: alors que le sport suisse avait dû attendre le quatrième jour de compétition en 2016, Nina Christen n’a pas chômé et a décroché le bronze lors de la première distribution des médailles au début des Jeux à la carabine à air comprimé 10m. «Je suis incroyablement heureuse et fière, a déclaré la Nidwaldienne, peu après avoir accroché le bronze autour de son cou. J’espère que cela donnera de la motivation aux autres Suisses.»
Elle a le tir dans le sang
Le premier jour de la compétition est déjà devenu un jour de fête en Suisse, grâce à cette femme qui a le tir dans le sang. Son grand-père était un tireur d’élite, son père était un tireur d’élite... le tir est plus qu’une passion au sein de la famille Christen. En tant que femme, elle était un membre à part du club lors de ses débuts: «Il n’y avait que quelques autres filles, explique-t-elle. Maintenant, il y en a bien plus.» Pourquoi y a-t-il plus de femmes capables de bien tirer? «Peut-être car certaines femmes préfèrent faire les choses de manière plus délicate», suppose Christen. «Ou bien elles ont plus tendance à se dire qu’elles vont faire une seule et pas deux choses en même temps.»
D’ailleurs, elle n’a jamais souffert de la domination masculine et n’a jamais eu le sentiment de ne pas être à sa place. De toute façon, «ce n’était pas plus mal, il fallait juste que je m’affirme un peu parfois. Et ça ne m’a pas fait de mal.»
Elle a lâché l'université pour le sport
Depuis cinq ans, cette femme originaire de Wolfenschiessen, dans le canton de Nidwald, se consacre entièrement au sport. Elle s’entraîne à Macolin, où elle travaille à 50% pour l’armée. Elle a tout mis en place pour réaliser son rêve d’une vie professionnelle dans le tir. En octobre 2016, elle a abandonné ses études de biologie, qu’elle venait à peine de commencer. L’occasion de pouvoir tout investir dans sa passion était trop tentante.
Cela en valait clairement la peine. Elle avait déjà obtenu une excellente 6e place dans le 50 m à trois positions à Rio 2016, et elle a désormais fait encore mieux. «Elle a un grand talent, a déclaré son entraîneur Enrico Friedmann à la SRF. Ce qui la distingue en particulier est sa force mentale.»
Elle va devoir sauter en parachute
C’est également ce qui lui a réussi en finale à Tokyo, où elle a tiré ses dix coups à un niveau élevé et ne s’est pas laissée abattre par la pression croissante. «Le plus important, c'est de ne pas se concentrer sur ce qui pourrait se passer ensuite ou ce qui s'est déjà passé», confesse-t-elle à propos du secret de sa concentration.
Les méthodes d'entraînement spéciales de son coach y sont peut-être aussi pour quelque chose: Enrico Friedmann aime mettre de la musique à fond pendant l’entraînement, comme du hard-rock à la AC/DC, par exemple. Il l’utilise pour tester ses nerfs, pour s’assurer que rien ni personne ne pourra la perturber plus tard pendant la compétition. «Il a déjà gâché de nombreux records du monde pour moi à l’entraînement», a déclaré Nina Christen dans la «NZZ».
De toute évidence, cela a fonctionné. La Nidwaldienne a déjà assuré une première journée olympique réussie pour la délégation suisse. Et peut-être que cela l’aidera à relever un autre défi. Avant les Jeux olympiques, elle a participé au pari des médailles de Blick (si elle décrochait une médaille, elle devait faire quelque chose). Son pari: sauter en parachute. A-t-elle hâte d’y être? «Moitié-moitié», dit-elle en souriant. Qui sait, elle pourrait même avoir à sauter deux fois: après tout, sa discipline de prédilection est le 50m à trois positions de ces Jeux olympiques.