Mercredi soir, la belle victoire de Genève-Servette face à Fribourg Gottéron (4-1) a été entachée par le scène qui a vu Marc-Antoine Pouliot bousculer un arbitre, Micha Hebeisen. Ce dernier, sonné, n'a pas terminé la rencontre. Il souffre d'une commotion. Après le match, le Québécois des Vernets a plaidé la thèse de l'accident: «Je dois prendre une décision, j'ai choisi de passer par la droite et lui est allé exactement du même côté. C'est malheureux, mais c'est accidentel».
Mais concrètement que risque le joueur de Genève-Servette pour cette action? Un tour dans les archives permet de se rendre compte que ce sont des cas difficiles à juger. Le dernier exemple notable en date? Jonathan Mercier, coéquipier de Pouliot à Genève. Cette scène lui avait valu sept matches de suspension dans un premier temps. L'appel du GSHC avait été entendu et la sanction avait été ramenée de sept à trois.
Marco Maurer avait pris 11 matches!
Le site NLiceData a répertorié toutes les sanctions similaires. Depuis la saison 2015-2016, douze infractions de ce genre ont été répertoriées. Toutes n'ont pas débouché sur des sanctions pour autant. Timo Helbling, Ronalds Kenins (deux fois) et Gian-Andrea Randegger n'avaient pas été jugés coupables après une telle infraction.
Et les autres? Les peines vont de un à sept matches de suspension. Le cas du Genevois Marco Maurer (alors à Bienne) est celui qui avait été le plus lourdement sanctionné. En première instance, il avait même écopé de 11 matches en tribunes avant de voir la peine être légèrement réduite.
Comme pour toute autre sanction
Dès lors, comment sera jugé Marc-Antoine Pouliot? Tout porte à croire qu'un rapport des arbitres est déjà arrivé sur le bureau du juge unique. Cette action tombe sous le coup de l'article 116 du règlement de l'IIHF: Abuse of official. Cette loi a toutefois une interprétation suisse aux règles 39 et 40 où l'on peut lire ce qui suit: «Tout manager, coach, membre du staff ou fonctionnaire de club qui retient ou frappe un arbitre sera sanctionné d’une pénalité de méconduite pour le match et devra quitter le jeu. Le cas doit être rapporté à l’organe disciplinaire compétent pour examen.»
Marc-Antoine Pouliot aurait donc pu être renvoyé sous la douche pour cette action. Cette absence de sanction immédiate ne change rien au fait qu'il puisse être poursuivi: «L’Officiating Department a le droit de déposer une requête auprès du Juge unique dans les cas concernant la procédure IV, en cas de circonstances exceptionnelles et en cas d’incidents ignorés et non sanctionnés».
Tout dépendra de la catégorie
Les infractions aux règles 39 et 40 sont réparties en trois catégories:
1. La catégorie I comprend toutes les situations dans lesquelles l'arbitre ou le juge de ligne est menacé ou humilié de quelque manière que ce soit sans contact physique. (...) La sanction pour cette catégorie est une suspension d'au moins un match et de quatre au maximum.
2. La catégorie II comprend toutes les situations où un joueur a un contact physique avec l'arbitre ou le juge de ligne et où ce contact va au-delà de ce que l'on peut attendre du jeu dans cette situation. Il s'agit notamment d'un contact physique négligent mais sans intention d'attaquer physiquement ou de blesser l'arbitre ou le juge de ligne. Néanmoins, l'action peut exposer l'arbitre ou le juge de ligne à un danger potentiel. (...) La sanction pour cette catégorie est une suspension minimum de trois matches et de sept au maximum.
3. La catégorie III comprend toutes les situations où un joueur porte délibérément atteinte à l'intégrité physique d'un arbitre ou d'un juge de ligne. La sanction pour cette catégorie est une suspension d'au moins sept matches.
Contact suffisant?
À la lecture de ce règlement, il semble clair que le cas de Marc-Antoine Pouliot ne sera pas classé en catégorie III puisque l'aspect «délibéré» n'est pas présent. Comme la catégorie I traite d'actions «sans contact physique», elle est également inapplicable. On se retrouve donc avec une action de catégorie II qui pourrait valoir une suspension entre trois et sept matches à Marc-Antoine Pouliot.
Reste désormais à savoir si le Juge unique va juger le contact suffisant pour être considéré comme allant «au-delà de ce que l'on peut attendre dans cette situation». En d'autre termes, la thèse de l'accident plaidée par Marc-Antoine Pouliot est-elle recevable? Elle l'avait été pour quatre des douze cas répertoriés depuis 2015.