Après une année d’apprentissage sans la pression de la relégation, le HC Ajoie entame sa deuxième campagne dans l’élite. Au terme d'un premier exercice raté avec seulement neuf victoires en 52 matches et le licenciement de son entraîneur Gary Sheehan, la formation ajoulote a changé bien des choses. Le nouveau directeur sportif Julien Vauclair a engagé un entraîneur tchèque, Filip Pesan.
Par ailleurs, l’ancien défenseur de l’équipe de Suisse a tenté de structurer le club pour le rendre de plus en plus professionnel. Un chemin long et escarpé dont il semble être ressorti avec une conviction: oui, le HCA peut avoir sa place dans l’élite. «C’était un été très chargé, nous a-t-il confié en préambule. Pas uniquement pour la partie qui se voit sur la glace. Mais autour également. Nous avons beaucoup travaillé sur la création d’une nouvelle structure médicale avec l’hôpital de Moutier. Nous avons refait le vestiaire pour qu’il corresponde davantage aux standards de National League. Mais je suis confiant. Tout ce que nous devions mettre en place a été accompli et nous pouvons nous concentrer sur le hockey.»
«Aux joueurs de prouver»
Car il ne faut pas oublier que cela fait seulement douze mois que le HCA est un club à part entière de l’élite. Un challenge au quotidien pour la formation jurassienne. «Le budget du club et passé de 3 millions et quelques à presque 12 millions. Cela implique énormément de travail. Je suis surtout satisfait de voir que les choses évoquées avant mon engagement ont été réalisées et que ce n’était pas des paroles en l’air.»
Est-ce à dire qu’Ajoie est une légitime formation de National League? «On n'a rien à envier aux autres, précise Julien Vauclair. Il y a certains joueurs arrivés cet été qui me disent avoir d’excellentes conditions ici. Pour moi, c’est l’accomplissement d’un objectif. Nous avons pu patiner tout l’été et bénéficions désormais d’un suivi médical de pointe. C’est maintenant aux joueurs de démontrer qu’ils méritent cette place en première division.»
L’exemple de Rapperswil
Sa première saison à l’échelon supérieur, Ajoie l’a vécue en queue de classement avec seulement neuf victoires. Un handicap au moment de parler avec des recrues potentielles. «Et je le comprends, remarque l’ancien défenseur international. Il nous manque clairement une saison de référence. Les étrangers avec qui je parlais ne connaissaient pas les conditions de notre promotion et les raisons qui ont mené à cette saison difficile. Mais certains n’ont simplement pas eu envie de rejoindre le dernier. À nous d’être à niveau durant une saison pour changer cette perception.»
Pour Julien Vauclair, la voie à suivre est celle de Rapperswil: «Leur progression est exemplaire. Si l’on regarde le chemin qu’ils ont parcouru en trois ou quatre ans, c’est remarquable. L’an dernier, ils ont engagé trois jeunes défenseurs (ndlr David Aebischer, Inaki Baragano et Nathan Vouardoux) qui ont obtenu leur chance en première division. Ce sont des joueurs comme eux que nous devons trouver pour nous renforcer.»
Vauclair n'est pas naïf
Car le dirigeant est confiant mais pas naïf. Il sait que les dossiers de premier plan n’atterriront probablement pas sur son bureau en priorité. Il en a d’ailleurs eu un petit avant-goût cet été sur le marché des étrangers. «Au début des discussions, j’ai vite compris que les gros joueurs finlandais champions olympiques n’allaient pas venir chez nous. Mais j’ai tout de même perdu un peu de temps sur certains dossiers. À l’avenir, je saurai mieux comprendre qui s’intéresse vraiment à nous rejoindre et qui veut juste sonder le marché.»
Pour étayer son propos, il donne un exemple: «Au début de certaines discussions, ce n’était pas forcément une question d’argent. Sur un dossier, si je propose 100 – et c’est un exemple – à un joueur, c’est parce que j’ai 100 à lui donner. Pas 200 ou 300. Et donc lorsque notre offre initiale rivalisait avec les autres, l’agent revenait vers moi et me demandait ce que je pouvais faire de plus. C’était là le problème. Pas dans les premiers échanges. Moi, je ne pouvais pas donner plus alors que les autres avaient encore de la marge.»
Un nouveau coach et de la pression
Cette deuxième saison, le HCA va l’entamer avec Filip Pesan à la barre. Un Tchèque qui incarne un changement d’ère au sein d’un club qui a longtemps été sous influence québécoise. «Ce qui m’importait, c’était le type de coach et pas son passeport, coupe Julien Vauclair. J’avais identifié certains critères. Par exemple, je voulais un entraîneur jeune et capable de beaucoup travailler avec la vidéo. Je souhaitais tout de même quelqu’un avec un certain vécu. Filip entrait dans toutes les cases car même s’il n’a que 44 ans, il a tout de même une dizaine d’années d’expérience.»
Après une année tranquille sans relégation, la formation jurassienne sera sous pression avec le retour des barrages en fin de saison. «Nous sommes conscients de notre position et que nous sommes parmi les candidats aux dernières places sur le papier, avoue Julien Vauclair. Mais c’est à nous de faire en sorte de ne surtout pas partir avec cette mentalité. Je sais que c’est une phrase bateau. Mais nous devons prendre match après match. Créer un esprit de groupe et trouver notre système de jeu pour devenir une équipe difficile à battre. Une chose est sûre, nous ne partirons pas défaitiste.»