La mi-saison, déjà. Et un constat évident que la National League est un tout autre animal que la Swiss League. Promu en National League fin avril, Ajoie a dû se préparer en vitesse pour rejoindre la première division du pays. Une préparation aussi bien physique que mentale, car il n'est jamais aisé de passer de la première place dans son village à la dernière en ville.
Six victoires en 28 parties, 52 buts marqués pour 118 encaissés, la froideur des chiffres ne peut être ignorée. Par chance, la chaleur qui se dégage du staff et des supporters permet d'atténuer un peu cet effet délétère sur les organismes. «On a fini la saison tardivement (réd: fin avril), rappelle le directeur sportif et coach-assistant Vincent Léchenne. On a l'impression qu'on est en retard sur tout, mais l'équipe progresse. Je pense que nous serons meilleurs durant la deuxième phase et j'espère que certains joueurs suisses vont sortir du bois.»
Faiblesse dans l'exécution
Face à Lausanne mardi soir et face aux autres équipes de National League, ce qui pèche à Ajoie c'est l'exécution. Et l'exécution va souvent de pair avec le talent. «On doit gagner en vitesse d'exécution, analyse Gary Sheehan. Mais pour cela, il faut avoir de la stabilité dans le contingent.» Le Québécois sait bien de quoi il parle puisque mardi soir, ce n'était que la quatrième fois qu'il avait la possibilité d'aligner quatre étrangers sur la glace.
Contre Lausanne, Ajoie a aligné Devos, Asselin, Fortier et Wannström. Mais les deux derniers arrivés n'étaient initialement pas prévus. Ils ont permis de combler les absences de Jérôme Leduc et de Jonathan Hazen qui étaient dans les plans initiaux du staff ajoulot avant de tomber au combat. Et si l'attaquant a pu être numériquement remplacé, et plutôt bien, le défenseur québécois a laissé un grand vide dans plusieurs facettes du jeu.
«Il y a deux nouveaux par rapport au puzzle de départ, note le Québécois. On n'a pas le rythme. On n'a pas été régulier. Certains joueurs ont de la peine à s'adapter à la vitesse de jeu. Et après il y a des problèmes d'exécution. On le voit très facilement contre Lausanne mardi soir, on a eu deux minutes à 5 contre 3 et on n'a eu qu'une ou deux occasions alors qu'on devrait s'en créer cinq ou six. Au niveau individuel, on peine et c'est difficile de dominer collectivement si cela ne suit déjà pas sur le plan individuel.»
S'il blâme aussi le manque de profondeur, le coach ajoulot conserve le sourire et l'espoir: «La saison est encore longue et j'espère qu'on trouvera un second souffle quand on aura la possibilité de jouer vraiment avec quatre étrangers et de mettre en place nos power-plays et nos box-plays, parce que finalement ça change tout le temps.»
Quatre matches en cinq jours: un calvaire
Un aspect du jeu a frappé les deux hommes, c'est l'intensité physique. Même s'ils s'attendaient à une grande différence par rapport à la Swiss League, la marche est gigantesque. «On savait que ce serait dur, mais on ne se rendait peut-être pas compte à quel point les formations de cette ligue étaient solides dans les duels», relève le Québécois.
Et il faudra être prêt juste avant Noël au moment d'affronter un calendrier redoutable. Le 19 décembre, Bienne se rend en Ajoie, le 20 c'est un déplacement à Zurich, puis le 22 un autre à Genève, avant de clore l'année en recevant Davos. Quatre matches en cinq jours, une folie. «Je m'en suis rendu compte quand j'ai fait les programmes, soupire Gary Sheehan. C'est clair que quand on voit la profondeur de notre équipe, ce n'est pas un atout. Les back to back de début de saison, on a appris à les gérer, mais les blessures nous ont vite fatigués. Parce qu'on n'a pas de profondeur sans juniors élite et les clubs de Swiss League ont leur championnat à gérer. On a essayé, mais c'est presque impossible. Pour nous, quatre matches en cinq jours, c'est un calvaire.»
Lorsqu'il enfile sa casquette de directeur sportif, Vincent Léchenne doit se projeter vers la saison prochaine: «On devra chercher un peu plus de physique dans nos futurs transferts.» Jamais pris de haut par leurs adversaires selon le coach, les Ajoulots acceptent sans mal l'étiquette de Petit Poucet, mais ils aimeraient aussi gagner le respect de tous: «On ne joue pas toujours mal, conclut Gary Sheehan. Il faut nous donner un peu de crédit, même si l'on voit qu'il y a une solide différence. On peut élever notre niveau de jeu, mais le plus difficile c'est de le garder.»