Blick était sur le point de révéler la démission de quatre membres du Conseil d'Administration du Lausanne HC ce mardi. Nous avons contacté le club afin d'obtenir une réaction de Patrick de Preux, président et seul rescapé, en amont de la publication de l'article. Un rendez-vous avait été fixé en fin d'après-midi. Quatre heures plus tard le LHC publiait en catastrophe un communiqué de presse sur le sujet. Panique. Ambiance.
Le 4 novembre dernier, lorsque le Lausanne HC a annoncé la nomination d'Alexandre Aellig - le bras droit de Zdenek Bakala - au poste de directeur opérationnel de Lausanne Hockey Club Group, il était précisé que le Conseil d'Administration restait en place. Dans une interview au «24 Heures», Aellig précisait même: «Nous ne sommes pas là pour marquer une rupture, mais pour nous greffer dans le paysage, qui plus est sur la durée.» Huit mois plus tard, cette rupture est pourtant bel et bien réelle. Selon plusieurs sources concordantes, quatre des cinq membres du Conseil d'Administration ont en effet démissionné. Georges Gagnebin, Sacha Weibel, David Thompson et Marco Terribilini ont annoncé leur départ. Alexandre Aellig, lui, devient CEO du groupe. Les trois propriétaires Zdenek Bakala, Gregory Finger et Petr Svoboda, intègrent le Conseil en tant qu’administrateurs.
Ces départs arrivent dans un climat juridiquement lourd. Trois cas vont occuper le club ces prochains mois: Ken Stickney (l'ancien propriétaire), Ville Peltonen (coach jusqu'en 2020) ou Craig MacTavish (le successeur de Peltonen). Les dirigeants lausannois risquent de passer plus de temps chez leur avocat que dans les loges de la Vaudoise aréna. Les différentes personnes sondées font état d'une rupture de confiance avec Alexandre Aellig, le dernier arrivé.
Une image écornée
De tous les échos récoltés jusqu'ici, ces démissions ne remettent pas en cause l'implication de Grégory Finger et Zdenek Bakala, les deux actionnaires majoritaires du Lausanne HC. L'influence grandissante de Petr Svoboda, l'actionnaire minoritaire (20% des parts) fait également grincer des dents à l'interne... et à l'externe. «C'est impossible de savoir dans quelle direction va le club actuellement», nous a confié un agent travaillant avec le LHC et ne souhaitant pas être cité. Selon plusieurs informateurs, le directeur des opérations hockey multiplie les offres aux joueurs étrangers et rompt ensuite systématiquement le contact avec leur représentants.
Outre Peter Cehlarik (notre information), l'Allemand Matthias Plachta ou le Slovaque Martin Gernat sont dans le même cas. Ce flou va-t-il écorner l'image du club? Une chose est sûre, la formation de la Vaudoise aréna doit systématiquement délier les cordons de sa bourse pour enrôler des joueurs à des prix qualifiés de «délirants» par un agent bien implanté. Jusqu'à quand Bakala et Finger accepteront-ils cette situation? Rien n'indique une lassitude pour le moment.
La NHL réclame encore des sous
Outre Ken Stickney (poursuite de 900'000 francs), deux autres affaires en provenance d'Amérique du Nord pourraient venir embarrasser les dirigeants du Lausanne HC. La NHL n'aurait pas encore été intégralement payée pour le ticketing du match entre Lausanne et les Philadelphia Flyers. Le 1er octobre 2019, la franchise américaine avait inauguré en grandes pompes la Vaudoise aréna. Une facture de plus de 300'000 francs est encore ouverte et la prestigieuse ligue serait sur le point de passer à la vitesse supérieure pour récupérer son dû.
AEG, le géant de l'événementiel qui s'occupe de l'organisation des manifestations dans la Vaudoise aréna, a également lancé une procédure d'arbitrage contre le club le 22 février dernier. La raison? «Breach of contract». La somme réclamée est d'au minimum 677'232 dollars (et 72 cents). Ces montants étant antérieurs à la date du rachat par le triumvirat Finger-Bakala-Svoboda, sont-ils à imputer à Ken Stickney le précédent propriétaire? Selon plusieurs sources proches du dossier, ce sont justement des montants qui ont été rabotés par les acheteurs sur le prix de vente. Il en va de même pour la société Nüssli, celle qui a construit la patinoire provisoire. Les 480'000 francs réclamés aux poursuites de la ville de Lausanne avaient été soustraits au prix total du club.
Ces nuages ont-il précipité la démission en bloc de ces derniers temps? Rien ne l'indique. Aujourd'hui, les différentes personnes sondées ne s'inquiètent pas pour l'avenir à court voire à moyen terme du Lausanne HC. Tant que Zdenek Bakala et Grégory Finger seront prêts à ouvrir le porte-monnaie, le LHC vivra bien. Reste à savoir combien de temps le dégât d'image sera toléré et si Petr Svoboda devra, un jour, rendre des comptes.