Cette saison, Connor Hughes a accepté de devenir chroniqueur pour Blick. L'ancien gardien de Fribourg et Lausanne a signé un contrat d'un an avec Montréal, club de NHL, en sachant qu'il allait devoir passer par l'antichambre de la prestigieuse ligue. En AHL, du côté de Laval en banlieue de Montréal, il continue de patiner après son rêve. Voici sa seconde chronique écrite par ses soins en anglais et traduite.
Depuis ma première chronique pour le Blick, beaucoup de choses ont changé.
Au moment où j’écris ces lignes, notre bilan est de 8-1, le meilleur début de saison de l’histoire de notre franchise, et nous venons d’enchaîner sept victoires consécutives, un autre record pour Laval. (ndlr Hughes a joué 5 des 9 matches pour un pourcentage d'arrêts de 93,7%) Je dois donner beaucoup de crédit au staff, qui a fait un travail formidable pour organiser notre équipe, laquelle est, selon Eliteprospects, la 12e équipe la plus jeune de la ligue (sur 31) avec une moyenne d’âge de 25 ans. J’ai le sentiment que nous avons créé une identité d’équipe extrêmement travailleuse, dotée de beaucoup de talent. Et même si nous ne sommes pas les plus grands physiquement, nous n’hésitons pas à nous montrer solides et à nous soutenir mutuellement.
Même si notre bilan peut laisser penser que tout a été facile, certains week-ends ont été franchement compliqués. Pour vous donner un exemple, le 25 octobre, nous avons joué contre Utica à domicile et gagné 4-3. Juste après le match, vers 22h30, nous avons pris le bus pour... Utica. Je vous évite un tour sur Google Maps, c'est à 425 kilomètres de Laval. Un Genève-Davos, en somme. Nous sommes arrivés à l’hôtel vers 3h45 du matin pour jouer à nouveau le soir même.
Ce genre de match, je les appelle des «Grind Games», les soirs où il faut pousser plus que d'habitude encore. Ce sont des rencontres où l’on n’a pas dormi la nuit précédente, où l’on est un peu malade ou légèrement blessé, mais où l’on entre dans un état mental différent et où l’on s’accroche. Tu te sens comme un engrenage rouillé qui continue de tourner par habitude. Ca grince, mais ça fonctionne. J’ai appris cela très tôt à Fribourg grâce à David Aebischer qui était mon entraîneur des gardiens. Il me répétait toujours que parfois, ce qui compte, ce n’est pas comment tu joues quand tu es à ton meilleur niveau, mais comment tu joues quand tu te sens au plus mal.
Après mon premier match à domicile, on m’a appelé sur la glace pour faire une courte interview devant les fans. La dernière question était si j’avais un message pour eux. J’ai répondu en français: «Merci pour ce soir, et j’ai hâte de vivre cette saison avec vous.» Les fans ont visiblement adoré! Il paraît que des gens de la chaîne de télévision «RDS» ont entendu cela. Ils m'ont directement demandé de faire une interview télé en français. Jamais je n'aurais cru faire cela aussi rapidement dans la saison.
La dernière fois que j’ai fait une interview en français, c’était lors de ma deuxième année à Fribourg. C'était pour la radio, avec la «RTS». Ça s’était très mal passé parce qu’à l’époque, mon français était très basique. J’ai bégayé tout du long et j’ai fini par passer à l’anglais au milieu de l’interview.
Depuis cette expérience, je n’avais plus fait d’interview en français, donc vous pouvez imaginer que j’étais un peu nerveux, surtout pour une chaîne prestigieuse comme «RDS». Je pense que ça s’est plutôt bien passé, même s’il y a encore pas mal de marge de progression, mais c’est un début. Le club des Canadiens de Montréal offre des cours individuels de français gratuits pour les joueurs qui le souhaitent. J'ai évidemment saisi cette opportunité et je viens d’achever mon premier cours cette semaine. L’objectif est d’être fluide d’ici un an ou deux.
Ce week-end, nous allons à Belleville pour y disputer deux matches d’affilée. Là aussi, nous allons passer 4 heures dans le bus. Mais cette fois-ci, nous dormons sur place, ce qui nous évitera un nouveau «Grind Game». J’espère y trouver un meilleur café que le McDonald’s. Pour ceux qui ont lu ma première chronique, c'était là que je cherchais désespérément un endroit durant la journée et que j'ai dû me résoudre à aller dans la chaîne de fast food.