Cette saison, Connor Hughes a accepté de devenir chroniqueur pour Blick. L'ancien gardien de Fribourg et Lausanne a signé un contrat d'un an avec Montréal, club de NHL, en sachant qu'il allait devoir passer par l'antichambre de la prestigieuse ligue. En AHL, du côté de Laval en banlieue de Montréal, il continue de patiner après son rêve. Voici sa première chronique écrite par ses soins en anglais et traduite.
«Quand Greg (ndlr Grégory Beaud, notre journaliste hockey) m'a demandé si je voulais écrire une chronique régulière pour Blick, je n'ai pas hésité une seconde à dire oui. J'ai toujours été un grand fan des contenus «coulisses» sur les joueurs et les organisations sportives. Je trouvais que cette proposition était une excellente occasion de dévoiler un petit aperçu de ma vie quotidienne en tant que personne qui essaie de réaliser son rêve.
Je suis arrivé à Montréal en août, environ un mois avant le début du camp des Canadiens. Au fil de ma carrière, j’ai réalisé que pour être performant sur la glace, je devais me sentir à l’aise dans mes routines quotidiennes en dehors de la glace. Je ne voulais pas laisser cet aspect crucial de côté en arrivant seulement quelques jours avant le camp. Quelque chose d’aussi simple que de connaître mon trajet quotidien jusqu’au centre d’entraînement m’a aidé à me détendre. Je voulais surtout éviter d’arriver en retard à la première réunion à cause d'un mauvais virage ou d’un embouteillage...
Le premier jour au centre d’entraînement de Montréal, j’ai été non seulement impressionné par les infrastructures, mais encore plus par le nombre de personnes employées par les Canadiens pour rendre la vie des athlètes aussi facile que possible. Tout ce que vous pouvez imaginer, ils l’ont: des chefs, des nutritionnistes, des préparateurs physiques, des entraîneurs, des physiothérapeutes, des entraîneurs spécialisés… Bref, tout est mis en place pour nous permettre de nous concentrer sur notre jeu.
Montréal? Une ville magnifique
Montréal est une ville magnifique. Culturellement, c'est très différent des autres cités canadiennes. Les gens du reste du pays disent que c’est la ville la plus «européenne» au Canada. Et je suis d’accord avec ce sentiment. Montréal a un charme particulier qu’on ne retrouve pas ailleurs au Canada. Des pistes cyclables partout, des quartiers où on peut tout faire à pied, des gens sympas, une nourriture excellente. Ma femme et moi avons vraiment apprécié découvrir tous les petits coins sympas de Montréal, même si on a l’impression de n’en avoir encore gratté que la surface.
Ma première opportunité en NHL est arrivée le 24 septembre lors d’un match de pré-saison contre les Devils du New Jersey. Nous avons gagné 3-0, et j’ai joué la deuxième moitié du match. Quand j’étais enfant, je rêvais toujours de jouer un jour en NHL, et je pensais que j’aurais ce sentiment d’accomplissement au moment où cela arriverait. Mais c’était loin d’être le cas. Tout ce que j’ai ressenti après le match, c’était l’envie d’en vouloir plus.
En repensant à mon premier camp NHL avec les Canadiens, je savais qu’il était très improbable que je fasse partie de l’équipe des «Habs» directement. Mon objectif principal était de laisser une bonne première impression et de montrer que je pouvais être compétitif à ce niveau. Dans ma tête, je me disais: «Voilà ma carte de visite, si vous avez besoin de moi, appelez-moi.»
Je viens de vivre ma première semaine de camp d’entraînement en AHL avec l’équipe affiliée de Montréal, le Rocket de Laval. C’est toujours une adaptation de rejoindre une nouvelle équipe, mais c’est encore plus compliqué quand on change de ligue et de culture. Par exemple, notre premier match de préparation était à Belleville, à environ quatre heures de bus de Laval. C’est notre adversaire le plus proche cette saison. Pour vous donner une idée, c’est à peu près le même temps qu’il me fallait pour aller de Lausanne à Davos, notre plus long trajet en bus la saison dernière.
Dix heures jusqu'à Cleveland
Heureusement, pour tous les matchs à l’extérieur, nous restons à l’hôtel la veille. Rien que pour des raisons de performance, c’est essentiel, car ce serait très difficile de jouer après de si longs trajets en bus, comme celui à Cleveland qui prend environ dix heures!
Quand je séjourne dans une nouvelle ville pour jouer, j’aime vraiment explorer les environs. Quand j’ai joué la Champions League avec Fribourg, j’aimais beaucoup partir à la recherche d’un café local tout seul et profiter de jouer les touristes avant le match du lendemain. J’ai pensé que je pourrais faire la même chose dans les alentours de Belleville, mais j’ai vite compris que ça n’allait pas se passer ainsi. Le seul endroit pour prendre un café à distance raisonnable à pied? Le McDonald’s.
Lors de mon premier match avec Laval, nous avons perdu 3-2, et je ne vais pas vous mentir, je n’ai pas bien joué. J’ai été un peu imprécis dans mes mouvements, ce qui est assez courant à cette période de l’année. Mais c’est un aspect que je veux vraiment améliorer. La patinoire est beaucoup plus petite, donc je n’ai pas autant de temps pour me déplacer latéralement lors des passes rapides vers des opportunités de tir. Un autre ajustement que je vais devoir faire cette année, c’est de gérer les joueurs qui se battent devant le filet pour me gêner la vue. Si l'on compare à la Suisse, les adversaires font un énorme effort pour gagner l’avantage devant le but et se placer dans les zones «sales».
Dans l'ensemble, je suis content d’avoir vécu ce match, et je suis vraiment impatient de relever le défi d’adapter mon jeu pour arriver là où je veux être! Et je me réjouis de vous le faire vivre du mieux que je peux.»