Timashov nous raconte sa carrière
«Je suis convaincu d'avoir le niveau pour la NHL»

Même s'il n'a que 27 ans, Dmytro Timashov a déjà pas mal bourlingué durant sa carrière qui l'a mené de Suède à Porrentruy en passant par les États-Unis ou encore le Canada. Le nouveau joueur du HC Ajoie a raconté son aventure qui l'a mené en Suisse.
Publié: 05.01.2024 à 08:00 heures
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Dernière mise à jour: 08.01.2024 à 14:10 heures
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Dmytro Timashov n'a pas mis bien longtemps avant de convaincre son monde depuis son arrivée à la Raiffeisen Arena. «Mamma mia quel joueur», a rigolé un Christian Wohlwend tout heureux d'être son coach. L'ailier suédois a signé un contrat jusqu'à fin décembre, avant de renouveller avec une option de renouvellement en faveur du HCA.

Il a suffisamment convaincu Julien Vauclair, qui a décidé de le conserver jusqu'au terme du championnat. En 15 matches, il totalise déjà 10 points. Mardi, il a été l'auteur d'un but et d'une passe décisive contre Genève-Servette. Avant de poser son sac dans le Jura, l'attaquant est passé par bien des étapes qui lui ont forgé un solide caractère. Retour sur une carrière déjà bien remplie avec le principal intéressé.

Les coulisses de l'interview

Durant la pause de l'équipe nationale, Dmytro Timashov en profite pour parfaire sa connaissance de la région de Porrentruy. «Comme tout le monde, je suis allé sur Google avant de m'engager quelque part. Mais j'avoue que je ne connaissais pas grand-chose avant de débarquer.» Casquette vissée sur la tête, le Suédois aux origines ukrainiennes et russes a pris le temps de parler durant plus d'une trentaine de minutes de sa carrière.

Il s'attend à une interview «normale» et pas à une quinzaine de photos retraçant sa carrière. «Je ne suis pas quelqu'un qui vit dans le passé, mais c'est plutôt cool de voir d'où je viens. Ça me montre aussi à quel point je suis proche de la NHL. Cela me motive à travailler encore plus dur.» Peu extraverti en début de discussion, Dmytro Timashov s'ouvre à mesure que les photos défilent pour finalement sembler se livrer sans retenue.

Durant la pause de l'équipe nationale, Dmytro Timashov en profite pour parfaire sa connaissance de la région de Porrentruy. «Comme tout le monde, je suis allé sur Google avant de m'engager quelque part. Mais j'avoue que je ne connaissais pas grand-chose avant de débarquer.» Casquette vissée sur la tête, le Suédois aux origines ukrainiennes et russes a pris le temps de parler durant plus d'une trentaine de minutes de sa carrière.

Il s'attend à une interview «normale» et pas à une quinzaine de photos retraçant sa carrière. «Je ne suis pas quelqu'un qui vit dans le passé, mais c'est plutôt cool de voir d'où je viens. Ça me montre aussi à quel point je suis proche de la NHL. Cela me motive à travailler encore plus dur.» Peu extraverti en début de discussion, Dmytro Timashov s'ouvre à mesure que les photos défilent pour finalement sembler se livrer sans retenue.

Quebec Remparts (QMJHL) - 2014/1016

Photo: Getty Images

«J'ai décidé tôt de tenter ma chance en Amérique du Nord. À l'époque, je ne parlais pas du tout français et je devais faire l'école dans cette langue. Aujourd'hui, je dois bien avouer que je ne le parle pas ou très peu. Mais j'essaie de comprendre. Cette arrivée à Porrentruy est un peu comme un retour en arrière de ce point de vue. Cette décision de partir au Canada était motivée par le fait d'essayer quelque chose de nouveau. Tu joues beaucoup de matches, c'est idéal pour progresser sportivement, mais aussi humainement.

Le Québec n'était pas si difficile d'un point de vue acclimatation. J'étais déjà dans un gymnase en Suède où je vivais seul donc être dans une famille d'accueil au Canada était presque le plus compliqué. Je savais cuisiner et m'occuper de moi. Sur la glace, c'était également facile de m'habituer au style de jeu et à la taille de la patinoire.»

Draft NHL - 2015

Photo: NHLI via Getty Images

«Je fais sérieux sur celle-ci (rires). Le jour de la draft, tu t'en souviens toute ta vie. Je venais de disputer un camp de préparation avec d'autres joueurs amenés à être sélectionnés par une équipe de NHL. J'étais donc sur place. Toute ma période en Amérique du Nord, on n'a parlé que de ma taille et du fait que j'aurais besoin de temps pour m'adapter. Que les équipes n'oseraient pas repêcher des joueurs comme moi. Aller jouer là-bas était également un moyen de prouver que j'en étais capable.

Quand j'ai entendu mon nom être appelé, c'était presque irréel. C'était comme un rêve devenu réalité à cet instant. Je savais, ce jour-là, que Toronto était très intéressé par moi. Mais dans une draft, cela veut tout et rien dire à la fois. Il y a toujours eu une forte connexion entre la Suède et les Maple Leafs. Une des années, nous étions huit Suédois à jouer là-bas.

C'est marrant de voir cette photo, je crois que ma maman l'a aussi chez elle dans un cadre. Le maillot, je l'ai également toujours. Il est aussi chez elle. Ce sont des moments clés dans une carrière.»

Championnat du monde junior - 2015-2016

Photo: Keystone

«Représenter ton pays, c'est toujours particulier. Sur le moment, c'est quelque chose de très intense. Lors de ce championnat du monde, nous avions une très bonne équipe. Bien sûr, c'est une déception d'avoir perdu en demi-finales, surtout face à la Finlande. Je crois que nous avons perdu 2-1. Quand tu es suédois, c'est ce qu'il y a de plus dur à accepter. C'est pire que tout. Ils jouaient à la maison et je crois qu'ils ont passé tout le match en power-play (rires).

La pression est immense de jouer pour le «Tre Kronor». Nous avons affronté le Canada plus tôt dans la compétition et avions gagné 5-1 ou 5-2, je ne me souviens plus (ndlr 5-2) et on s'est dit que nous pouvions peut-être aller au bout. Et même si la Suède est toujours citée comme favorite, c'était encore plus vrai lors de ce tournoi. Mais en hockey, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas.»

Calder Cup (AHL) - 2018

«Moi non plus, je n'ai pas vraiment de photo de la victoire en championnat de AHL avec les Marlies de Toronto (rires). En Europe, on parle beaucoup de la NHL, mais ce championnat est très relevé. Il nous a fallu trois ans pour arriver à nous imposer une fois. Cette saison du titre - ma deuxième - était la plus simple de toutes. Nous savions que nous étions l'équipe à battre et nous n'avons pas tremblé. Lorsque tu es sportif, gagner est toujours le but final. Que ce soit à l'entraînement, en junior, en AHL ou en NHL. Donc avoir ce titre est quelque chose de spécial.

Dans l'équipe, il y avait Frédérik Gauthier qui est aujourd'hui mon coéquipier à Ajoie. Je vois que c'est la prochaine photo (rires).

À Toronto, il a évolué avec Frédérik Gauthier (à dr.), aujourd'hui son coéquipier à Ajoie.
Photo: NHLI via Getty Images

Même si nous nous connaissions depuis Toronto, je ne lui ai pas écrit avant de signer avec le HC Ajoie. J'ai également côtoyé Josh Jooris qui joue désormais à Genève. Il m'a écrit pour me souhaiter la bienvenue en Suisse. La AHL, c'est un univers différent. Chacun bosse pour lui. Et, pour moi, le plus important c'est d'avoir un rôle offensif à jouer dans l'équipe. C'est là que je suis utile et je dois tout faire pour y parvenir. Ce qui avait été fait à l'époque en AHL avec les Marlies.»

Premier match en NHL - 2 octobre 2019

Photo: NHLI via Getty Images

«Je savais que ce moment allait arriver tôt ou tard. Mais lorsque l'on t'appelle pour faire le grand saut, tu as quand même les mains moites (rires). Après avoir commencé en quatrième ligne en AHL, j'avais gravi les échelons jusqu'à la première ligne. J'étais devenu productif offensivement. Suffisamment pour que je mérite cette chance. J'étais préparé à jouer en NHL.

Et je me rappelle très bien de cette rencontre. J'étais comme pris par des crampes durant tout le match tellement j'étais nerveux. Cela reste un souvenir magnifique, mais sur le moment tu as tellement peur de faire une bêtise ou de faire quelque chose de faux que tu te crispes. Avant d'entrer sur la glace, je me suis préparé à tous les scénarios. Je me suis juste dit qu'il ne fallait pas que je sois le pire joueur sur la glace (rires). J'ai donc joué simple. Le plus simple possible, même. J'ai fait une passe décisive, ce qui a aidé.»

Le premier but en NHL - 19 octobre 2019

Photo: NHLI via Getty Images

«Je m'en souviens parfaitement. Surtout de la fin de l'action et de la manière dont je marque. Par contre, comment je me retrouve là avec le puck, je ne sais plus. Mais Gauthier n'était pas loin et soit il me fait une passe, soit il dévie dans ma direction. Je me suis retrouvé au milieu avec la rondelle sur la palette. J'ai effectué une petite feinte sur la gauche pour déporter le défenseur et le gardien avant de marquer. Je crois bien que c'était Tukka Rask le gardien des Boston Bruins.

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J'ai un peu honte, mais je ne suis pas sûr d'avoir encore le puck de ce premier but. Peut-être qu'il est à la maison en Suède avec mon maillot de la draft. Je ne suis pas quelqu'un qui regarde forcément beaucoup dans le passé. Je vais de l'avant.»

Maple Leafs / Red Wings / Islanders (NHL) - 2019

C'est à Toronto qu'il a disputé le plus de matches de NHL.
Photo: NHLI via Getty Images

«Tu sais, en décidant de jouer en Amérique du Nord, que tu vas probablement être baladé à droite et à gauche. J'ai donc été transféré de Toronto à Detroit du jour au lendemain. Je n'y ai joué que cinq matches avant le coronavirus. Je suis ensuite rentré à la maison en Europe. La saison suivante, mes droits ont à nouveau été échangés, cette fois-ci aux New York Islanders. Et comme je voulais avoir une vraie chance de m'imposer, je n'étais pas mécontent.

Sur le carreau à Toronto, Timashov a rebondi à Detroit.
Photo: Icon Sportswire via Getty Images

Si je devais refaire ma carrière, je pense que j'aurais été davantage patient. Après un bon camp de préparation avec les Islanders, j'ai été envoyé en AHL et n'étais pas satisfait de cette situation. C'est pourquoi j'ai décidé de rentrer en Europe. J'évoluais sur une aile de quatrième ligne. Ce n'est pas mon rôle. Si on m'avait dit il y a 10 ans que j'aurais ce rôle, je suis sûr que je l'aurais accepté. Mais là, j'avais l'impression de pouvoir faire bien plus que ce que l'on me confiait comme responsabilités. Je n'ai jamais vraiment reçu cette chance. Par contre, je ne vis pas avec des regrets et j'accepte le chemin qu'a pris ma carrière.»

Retour en Europe - 2021

Photo: imago/Bildbyran

«Je n'ai jamais vu ce moment comme un pas en arrière dans ma carriere ou une déception. Je l'ai vu comme un moyen de montrer quel joueur j'étais. Que j'avais d'autres qualités que ce que l'on a vu de moi lors de ma dernière année en NHL. J'ai finalement fait deux saisons à Brynäs où j'ai pu passer plus de temps en famille, voir ma famille. J'avais déjà passé beaucoup de temps en Amérique du Nord, quelque chose comme huit ans. Je revenais parfois. Mais, en quelque sorte, cela m'a permis de rattraper un peu le temps perdu.

Sur la glace, j'ai pu profiter de ce passage pour me reconstruire, notamment au niveau de la confiance dans mes aptitudes. J'ai pu endosser des responsabilités et être un leader sur et hors de la glace. Je jouais en power-play et sur les premières lignes. Je pense avoir pu montrer aux recruteurs ce que j'étais capable de faire. Et c'était le but.»

Nouvelle chance en NHL - 2023

Photo: Getty Images

«J'ai toujours dit que je ne revenais pas en Suède pour me contenter de ce que j'ai, mais pour obtenir une nouvelle chance en Amérique du Nord. C'est ce qui est arrivé puisque les Islanders m'ont offert un contrat à l'essai. Problème? C'est une équipe de vétérans et ce n'est pas évident de s'y imposer. J'ai vraiment essayé de me faire une place et je pense que j'aurais pu mériter une chance en NHL et non en Europe. Mais je ne regrette pas d'avoir tenté à nouveau ma chance, même si je n'y suis pas arrivé, c'est pourquoi je me suis retrouvé sur le marché après le début de saison.»

HC Ajoie - 2023

Photo: Keystone

«Depuis que je suis arrivé en Suisse, je crois vraiment que le jeu offensif pratiqué en National League me convient pas mal du tout. C'est un hockey sur glace agréable à jouer et probablement fun pour les spectateurs. Et comme dit auparavant avec mon passage à Brynäs, je ne vois pas ce chemin comme une régression mais, au pire, comme un détour. Ou comme un moyen de progresser. Et, honnêtement, avec ce qui se passe en KHL, il n'y a pas de meilleure ligue ou évoluer actuellement. Ce n'est pas un hasard si tous les meilleurs joueurs de Suède ou de Finlande sont en Suisse actuellement. Et je suis convaincu d'avoir fait le bon choix.»

National League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
Lausanne HC
Lausanne HC
33
18
64
2
ZSC Lions
ZSC Lions
30
32
61
3
SC Berne
SC Berne
33
18
58
4
HC Davos
HC Davos
34
21
58
5
EHC Kloten
EHC Kloten
34
-5
57
6
EV Zoug
EV Zoug
32
17
49
7
SCL Tigers
SCL Tigers
32
4
48
8
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
33
-9
45
9
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
34
-12
45
10
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
30
1
42
11
EHC Bienne
EHC Bienne
32
-3
42
12
HC Lugano
HC Lugano
32
-17
42
13
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
33
-22
41
14
HC Ajoie
HC Ajoie
32
-43
29
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