Il est 2h13 dans la nuit de mardi à mercredi. Une jolie foule d'environ 300 personnes attend. Soudain, les bruits se font entendre. «Ils sont là, ils arrivent», peut-on entendre. «Ils», ce sont les héros malheureux du Lausanne HC qui, quatre heures plus tôt, se sont inclinés sur la glace de Zurich lors de l'acte VII de la finale de National League.
Revenons tout d'abord en arrière. Nous sommes dans les travées de la Swiss Life Arena, il est environ 23h30. Les dernières réactions auprès des joueurs du LHC ont été récoltées et la grande majorité des joueurs – dont un Makai Holdener pieds nus – est déjà devant ou dans le car, prêt à rallier la capitale olympique. Le temps presse.
De notre côté, il faut vite rejoindre la voiture, pour tenter de partir avant le bus lausannois. Un seul objectif en tête: arriver avant les joueurs à la Vaudoise aréna, où 9600 personnes ont assisté à ce match décisif sur le vidéotron de l'enceinte. Une rapide pause pour un sandwich aurait pu être fatale à ce stade. Mais arrivés à la hauteur de Payerne (VD), la délivrance: nous voyons le slogan «L'union fait la force» inscrit sur le côté du car défiler sur notre droite.
Les voix enrouées
2h08, la voiture est parquée (de manière à, en temps normal, récolter une amende) et le parvis est encore bien plein. Quelques secondes à peine plus tard, le bus lausannois arrive au loin. Les feux d'artifice sont lancés et les fumigènes allumés. Des chants à la gloire du LHC sont aussi entamés mais les voix des supporters présents sur le parvis – qui soit ont usé de leur voix à Zurich, soit attendent les joueurs depuis quatre heures – sont un peu enrouées.
Le bus s'arrête devant l'entrée de la Vaudoise aréna et la foule s'agglutine autour des portes. Les premiers Lausannois descendent du véhicule: Jason Fuchs, Tim Bozon, Damien Riat. «On est vachement reconnaissant, souffle ce dernier. Ils nous ont soutenus toute la saison. On aurait aimé revenir ici avec la coupe pour la brandir, mais c'est comme ça.» Le soutien de la foule atténue la déception, mais ne l'efface pas totalement non plus.
«Le meilleur endroit pour jouer en Suisse»
Les premiers joueurs vont chercher leur sac dans la soute. Ils sont attendus quelques mètres plus loin, devant l'entrée des vestiaires, par leur famille et leurs proches. Blick en profite pour faire ce court chemin avec Antti Suomela. «C'est incroyable de voir tous ces fans, lâche le Finlandais. C'est le meilleur endroit pour jouer en Suisse, je veux juste dire merci à tous les gens qui sont venus à nos matches.» Le No 11 lausannois avoue vivre une expérience inédite: «Pour moi, c'est tout nouveau. C'est fou de voir à quel point les supporters sont passionnés. Je n'ai jamais vécu ça dans ma carrière, et c'est beau à voir.»
Puis, c'est au tour de Makai Holdener de s'extirper de la foule reconnaissante, qui serre la main des joueurs ou leur fait une haie d'honneur en direction des vestiaires. Le moment est venu de lui poser la question qui nous a taraudés tout le retour: «Pourquoi j'étais pieds nus à Zurich? Je n'avais pas envie de remettre mes chaussures de costard et mes baskets étaient dans mon sac, dans le bus», sourit le No 4 lausannois. Avant de parler un peu de l'ambiance autour de nous: «On a des supporters de fou, lâche-t-il. Aucune équipe ne voulait venir jouer chez nous.»
Mélange de déception et de fierté
Dernier à vouloir rejoindre les vestiaires, Igor Jelovac prend son temps. Il discute longuement avec les supporters, avant de rejoindre ses proches. Finalement, il s'arrête vers nous pour une réaction à chaud. «De voir tout ce monde, ça réchauffe les cœurs, explique le défenseur. C'est difficile de rentrer sans le trophée mais on a un soutien incroyable et on revient de loin.» Pour le Vaudois, la pilule de cette défaite est quand même difficile à avaler. «Ce n'est pas souvent qu'on se retrouve dans ce genre de situation, rappelle-t-il. J'en rigolais dans le vestiaire mais j'ai plus de finale de play-out que de play-off.» La déception est d'autant plus grande qu'Igor Jelovac perd cette finale avec son club de cœur. «Ça aurait été plus que le point culminant de ma carrière.»
Il est 2h43, le défenseur se fait rappeler à l'ordre et doit rentrer aux vestiaires. Certains attendent encore devant la porte, avec l'espoir d'obtenir une canne, des gants ou une casquette. Mais elle ne s'ouvrira plus. À 3h11, les derniers badauds s'en vont. Le parvis se vide, ne restent plus que les cadavres de bières ou les emballages de frites. Mais surtout, reste dans l'air ce doux mélange de déception et de fierté qui a envahi tous les suiveurs du Lausanne HC au coup de sifflet final de cet acte VII à Zurich.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
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1 | Lausanne HC | 20 | 12 | 40 | |
2 | ZSC Lions | 18 | 20 | 39 | |
3 | HC Davos | 19 | 21 | 38 | |
4 | SC Berne | 20 | 15 | 33 | |
5 | EHC Bienne | 19 | 4 | 32 | |
6 | EV Zoug | 19 | 11 | 29 | |
7 | EHC Kloten | 19 | -2 | 28 | |
8 | Rapperswil-Jona Lakers | 19 | -8 | 26 | |
9 | HC Ambri-Piotta | 18 | -10 | 24 | |
10 | HC Lugano | 17 | -13 | 22 | |
11 | HC Fribourg-Gottéron | 19 | -11 | 22 | |
12 | Genève-Servette HC | 16 | -2 | 21 | |
13 | SCL Tigers | 17 | -3 | 21 | |
14 | HC Ajoie | 18 | -34 | 12 |