«Je ne sais pas si les journalistes en ont plus marre de poser cette question ou moi d'y répondre.» Amené à parler à de nombreuses reprises de l'état d'esprit de son groupe tout au long de la saison, Jan Cadieux a eu cette phrase dans les catacombes de la Bossard Arena zougoise le jour où le sort de son équipe était scellé. Ce soir-là, en Suisse centrale, le duel face à Bienne était devenu inévitable au terme d'une soirée à l'image de la saison de ce Genève-Servette: inégale.
C'est comme si Jan Cadieux savait, en septembre dernier déjà, que les Aigles étaient leur principal ennemi: «Mon discours est axé sur notre état d'esprit, sur notre envie d'avoir faim et sur l'humilité.» Prémonitoire de ce qui allait manquer? Tout au long de la saison, le coach n'a eu de cesse de ressasser la même chose. Son équipe doit être plus humble. Faire preuve d'humilité. Se regarder dans le miroir, etc. Le technicien qui a mené le GSHC au titre national et continental a parfois peiné à trouver des synonymes pour ne pas redire toujours la même chose à l'heure de l'interview.
Fierté devenu orgueil
Ce qui est paradoxal, c'est que c'est justement l'état d'esprit genevois et cette bonne dose de fierté bien placée qui a fait la force des pensionnaires des Vernets lors de la saison dernière. Problème? C'est précisément ce qui a causé leur perte. Ou quand la fierté est devenue orgueil. Comme si personne n'avait jamais pris conscience de la gravité de la situation dans laquelle se trouvaient les Grenat. Difficile de leur donner tort. Comment imaginer qu'une équipe composée de tant de joueurs de qualité puisse carrément rater les play-off? Dès lors, cette formation genevoise allait faire mal lors des séries. Promis, juré.
Samedi soir à Bienne, ce sont plus de six mois de déni qui se sont abattus sur les têtes genevoises. À bien écouter Jan Cadieux depuis septembre dernier, il y a tout de même des indices qui ne trompent pas. Comme si le coach savait dans quoi il s'embarquait et ne pouvait pas vraiment y faire grand-chose. Comme si son vestiaire n'avait jamais pris conscience de l'urgence.
Alors oui, mettre totalement de côté le triomphe européen serait malhonnête. Tout comme passer sous silence les 13 matches supplémentaires – sans compter les voyages – lié à cette épopée. Mais Jan Cadieux et aucun membre du GSHC ne s'est cherché d'excuses dans cette aventure. Et personne aux Vernets ne compte sur les autres pour piocher dans ce compartiment.
Le trompe-l'œil européen
La gestion chaotique du poste de gardien est, par contre, une raison claire pour expliquer cette situation. Fantastique lors des derniers play-off, Robert Mayer est rentré dans le rang. Manière polie de dire qu'il n'a pas été à la hauteur. Gauthier Descloux a été oublié entre décembre et mars avant que l'on se rappelle de lui, juste à temps pour l'un des deux matches décisifs face à Bienne. Incompréhensible. L'arrivée de Jussi Olkinuora a servi de cache-misère entre décembre et janvier et, en un sens, a desservi Genève qui en a profité pour s'assoupir à nouveau, conscient de ses qualités.
Le bouquet final a eu lieu le 20 février 2024, date de la victoire en Champions Hockey League face aux redoutables Suédois de Skellefeteå. Ce jour-là, le GSHC a eu un coup de boost supplémentaire. Cela aurait dû booster ses ambitions, mais cela n'a fait que booster son égo et son sentiment que rien ne pouvait lui arriver. Depuis, les Grenat ont gagné deux matches avant d'en perdre cinq de rang puis de faillir à Bienne samedi soir. Suffisance coupable.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
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1 | HC Davos | 22 | 24 | 43 | |
2 | Lausanne HC | 22 | 9 | 42 | |
3 | ZSC Lions | 20 | 18 | 40 | |
4 | EV Zoug | 23 | 18 | 38 | |
5 | EHC Kloten | 22 | 3 | 36 | |
6 | SC Berne | 23 | 12 | 36 | |
7 | EHC Bienne | 22 | -1 | 33 | |
8 | Rapperswil-Jona Lakers | 23 | -8 | 31 | |
9 | HC Lugano | 20 | -11 | 28 | |
10 | HC Fribourg-Gottéron | 22 | -10 | 28 | |
11 | SCL Tigers | 20 | -4 | 26 | |
12 | Genève-Servette HC | 18 | -2 | 24 | |
13 | HC Ambri-Piotta | 20 | -14 | 24 | |
14 | HC Ajoie | 21 | -34 | 18 |