Chronique de Michael Ngoy
Bienne est passé à côté de son match

Genève-Servette est devenu champion de National League pour la première fois de son histoire. Ancien hockeyeur avec plus de 1000 matches dans l'élite, Michael Ngoy a analysé cette finalissima pour Blick.
Publié: 28.04.2023 à 10:51 heures
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Dernière mise à jour: 28.04.2023 à 11:39 heures
Les joueurs peuvent jubiler: Genève-Servette est champion.
Photo: Getty Images
Michael Ngoy

«Le mot d'ordre était clair pour la troupe d'Antti Törmänen. En jouant à l'extérieur, Bienne devait absolument essayer de garder le score vierge – au moins durant les dix premières minutes. Je pense que le discours de l'entraîneur était clair.

Mais malheureusement pour eux, ils ont encaissé dès le début et c'était la pire des entames possibles. À l'inverse, c'était un scénario idéal pour Genève qui voulait que le public des Vernets s'enflamme.

On s'attendait à un match fermé comme ça a pu être le cas lors de l'acte IV, avec un long round d'observation, des pucks au fond et on ne prend pas de risque. Mais on a vu des Aigles qui ne se sont pas posés de questions et qui sont partis à l'attaque. Et ils ont été récompensés avec ce premier but qui arrive à un moment idéal.

Les temps forts de la finalissima
8:28
Genève-Bienne en vidéo:Les temps forts de la finalissima

Si on l'analyse, on voit un très mauvais forechecking des attaquants biennois. Rajala était censé contrer Vatanen. Mais comme le Genevois arrive à se défaire du Top Scorer, ça force les Seelandais à reculer et on a un Vatanen qui arrive à pleine vitesse, face à un défenseur quasi arrêté en face. Lööv fait un peu pâle figure sur le but mais c'est à cause du mauvais forecheking de Rajala. Par contre, le Grenat met un goal splendide et il faut souligner son culot. Essayer de faire ça après cinq minutes dans un acte VII, c'est hallucinant.»

Les détails, encore les détails

«On a souvent répété que les petits détails faisaient la différence et ce jeudi soir, ils ont coûté très cher à Bienne. Quelle mauvaise pénalité de Mike Künzle! En zone offensive, une punition est toujours stupide – surtout quand on connaît le power-play genevois.

Et quelques secondes plus tard, il y a effectivement une pénalité devant la cage, même si elle est sévère. Tu as le droit de soulever la canne de l'adversaire par-dessous, mais pas par-dessus. Schneeberger tape sur la crosse adverse et c'est facile pour l'arbitre. Ces petits détails deviennent gros. Derrière, c'est tic-tac-toe. Harri Säteri n'a rien à se reprocher sur le deuxième but.

À part 2-3 tirs jusqu'à la 15e, Robert Mayer n'avait pas grand-chose à faire. Seuls les tirs de Haas et de Lööv étaient dangereux. À la fin du premier tiers, Genève était logiquement dominant, comme une équipe qui joue à la maison. Bienne a moins su se montrer opportuniste.»

L'horrible passe de Tanner Richard

«Dans la deuxième période, il y a eu beaucoup de pertes de puck biennoises. Ce sont des détails qui ont fait mouche en face. Superbe travail de Praplan qui récupère la rondelle, qui donne ensuite une passe tellement forte et précise à son coéquipier – en est-ouest qui laisse beaucoup moins de temps au gardien pour se déplacer. Avec un finisseur comme Winnik, il n'y a rien à redire.

Ensuite, il y a ce revirement de Tanner Richard. On peut le mettre sur le dos du surplus de confiance: il joue bien dans ces play-off, il a le casque jaune, Genève mène 3-0. C'est finalement la seule grosse boulette du match pour les Aigles. On sait qu'il ne faut pas faire ce genre de passes, que ce soit dans un match amical, une rencontre du championnat ou un acte VII d'une finale. Des passes à travers la zone, sur ton back-hand, tu ne peux pas.

Mais je pense que c'était le seul point noir de la soirée, cette passe qui relance totalement Bienne. C'est 3-1, il y a toujours deux longueurs d'avance mais tu changes un peu le momentum. C'était une horrible passe et c'est exactement ce dont Bienne avait besoin pour se relancer.»

Le désespoir des Biennois

«Il ne faut pas oublier que les Biennois ont eu énormément de power-play et qu'ils avaient donc toutes les cartes en main pour bien faire. C'était toutefois une rencontre dans laquelle les leaders devaient faire la différence, dans les moments cruciaux. À l'image de la série – à part Rajala qui tire son épingle du jeu – les leaders étaient absents côté biennois. Mais j'y reviendrai.

Durant la saison, Bienne nous avait habitué à un des meilleurs systèmes d'un point de vue tactique. Dans le troisième tiers, on a senti qu'il n'y avait plus vraiment de stratégie – les défenseurs et les attaquants ont essayé de tout faire tout seul. On a senti du désespoir et, quand on sort de la tactique, c'est vraiment un gros signe de faiblesse.

Encore une grosse erreur, une mésentente entre Cunti et Grossmann qui permet à Hartikainen de se présenter seul face au gardien. Quelle prestance, quel but! On voit la classe mondial du bonhomme.»

Les leaders genevois ont répondu présents

«À la 52e, on a le power-play de la dernière chance pour Bienne. Si les Seelandais ne marquent pas, s'en est fini du match. Et ça ne fonctionne pas. Les Biennois ne peuvent que nourrir des regrets car Mayer n'a pas sorti un gros match. Le portier grenat a eu une rencontre tranquille.

En général, l'équipe qui arrive dans le troisième tiers en menant a tendance à reculer et à se faire dominer. Là, ce n'était pas du tout le cas. Genève a décidé de repartir en attaque et les Aigles l'ont très bien fait.

Je pense que si je devais résumer le match, ça résumerait aussi la série: Genève a fait – sauf la passe de Tanner Richard – tout juste. Bienne a manqué de leaders. On n'a pas vu Oloffson, Yakovenko, Lööv ou même les Suisses. On gagne souvent un championnat quand les chefs de file répondent présents et ce n'était pas le cas pour Bienne.

En face, des Omark, Pouliot, Winnik ou Vatanen ont fait la différence lors de cet acte VII. Mayer a été incroyable toute la série – même si ce jeudi soir il a dû être étonné d'avoir si peu à faire. Genève a fait le match parfait. Les Biennois devaient en faire de même pour pouvoir prétendre gagner le titre mais ils sont passés à côté de leur match. Le niveau de concentration n'y était pas. Était-ce l'enjeu, la nervosité? C'est dommage mais Genève a été supérieur dans l'ensemble, plus régulier et le meilleur a gagné.»

National League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
Lausanne HC
Lausanne HC
31
12
59
2
ZSC Lions
ZSC Lions
28
31
58
3
HC Davos
HC Davos
32
25
58
4
SC Berne
SC Berne
31
18
55
5
EHC Kloten
EHC Kloten
32
-1
54
6
EV Zoug
EV Zoug
30
20
49
7
SCL Tigers
SCL Tigers
30
4
44
8
EHC Bienne
EHC Bienne
30
2
42
9
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
32
-11
42
10
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
31
-18
41
11
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
31
-12
39
12
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
28
-3
36
13
HC Lugano
HC Lugano
30
-23
36
14
HC Ajoie
HC Ajoie
30
-44
26
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