Cadieux, homme fort des Vernets
Le coach de Genève joue à «Questions pour un (entraîneur) champion»

En avril dernier, Jan Cadieux a mené Genève-Servette au premier titre national de son histoire. Aujourd'hui, le technicien est de retour, plus affamé que jamais. Il espère insuffler cet état d'esprit à ses joueurs.
Publié: 15.09.2023 à 06:07 heures
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Dernière mise à jour: 15.09.2023 à 10:46 heures
Jan Cadieux n'est pas rassasié.
Photo: keystone-sda.ch
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Au printemps passé, Jan Cadieux a mené Genève-Servette au premier titre de son histoire. Le technicien a parfaitement su mener son groupe au sacre en inculquant une exigence de tous les instants dans son vestiaire. Aujourd'hui, il doit faire face à un nouveau défi: maintenir son équipe sous pression pour éviter qu'elle ne se relâche. À quelques jours de la reprise, il s'est confié.

Jan, l'été dernier tu étais arrivé dans le vestiaire avec une photo de la Coupe comme objectif. Comment tu fais pour préparer la reconquête plutôt que la conquête?
Disons que cette année, il faut davantage jouer sur l'état d'esprit du groupe. L'objectif est clair. Nous avons envie de gagner et de terminer la saison le plus haut possible. Si ce n'était pas le but de tout le monde, nous ne serions tout simplement pas là. Mais là où je te rejoins, c'est que le discours du moment doit être différent. Aujourd'hui, il doit être plutôt axé sur notre état d'esprit, sur notre envie d'avoir faim et sur l'humilité. Ce sont les trois points sur lesquels j'ai le plus axé mon discours. Parce que la saison dernière, je pense que tout le monde a appris beaucoup sur lui-même et cela nous sera utile.

Dans quel sens?
Ce que nous avons appris, c'est de savoir comment gagner. De rester affamé durant toute une saison. On a vécu quelque chose de très spécial. Mais maintenant, il faut repartir dans cette nouvelle saison en ayant conscience que les compteurs sont remis à zéro. Tout ce qu'on a fait, en un sens, cela ne veut plus rien dire. Nous avons marqué l'histoire du club et à titre individuel, cette saison va rester gravée en nous. Mais sans manquer de respect à personne et à tout l'investissement des uns et des autres, on recommence à zéro.

Photo: Pascal Muller/freshfocus

C'est un vrai risque, tu penses?
Oui je pense que de gagner, cela peut te marquer. 50% des gens vont être changés dans le bon sens. Tu as vécu quelque chose de grand et tu veux à nouveau sentir ce feeling. Mais l'autre moitié aura tendance à se mettre dans une zone de confort. Il y a un sentiment d'accomplissement qui peut mener à une certaine suffisance. Et crois moi, j'ai insisté sur le fait que je voulais que mes joueurs fassent partie du bon 50%. La part des gens qui n'en ont pas assez. Aujourd'hui, il faut être prêt à se sacrifier à nouveau. On sait à quel point c'est difficile de gagner. C'est là où il sera important de nous accrocher à des discours que vous, les journalistes, vous détestez.

Jouer match après match?
Oui, exactement. Gagner un titre, c'est un long processus. C'est quelque chose qui se construit patiemment, jour après jour. C'est bateau, mais c'est primordial.

Dans ton discours, on dirait que tu veux oublier l'an passé. Mais n'y a-t-il pas une envie de t'appuyer davantage dessus?
Comme tu dis, je suis plus dans l'envie d'oublier. Mais oublier en ayant conscience de ce que l'on peut faire de mieux. C'est comme un livre. Celui de la saison dernière est déjà terminé. Cela ne veut pas dire qu'il n'existe plus. Mais nous sommes à la page 1 du prochain et tout reste à écrire. Ce serait une erreur de vouloir reprendre la saison dernière comme un exemple et de vouloir faire la même chose jour après jour. Même au niveau des entraînements, j'ai essayé de tout changer lors des premières semaines et d'apporter de nouvelles choses dans l'optique de ne surtout pas tomber dans une routine. Cet état d'esprit devrait tous nous aider à travailler de manière un peu différente et de ne pas nous reposer sur nos acquis.

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«J'ai essayé de tout changer lors des premières semaines et d'apporter de nouvelles choses dans l'optique de ne surtout pas tomber dans une routine»
Jan Cadieux, entraîneur de Genève-Servette
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Pourtant, le staff est toujours le même.
Oui, mais nous avons également modifié la manière dont le travail est réparti entre nous. De ce fait, les joueurs ont une autre voix. Mais il ne faut pas non plus tomber dans l'excès inverse et de tout vouloir changer, mais là où nous pensons pouvoir améliorer les choses. En tant que leaders, c'est aussi notre rôle de montrer l'exemple et de faire comprendre au groupe que nous non plus, nous ne nous satisfaisons pas de ce qui a été réalisé l'an passé.

Finalement, vous étiez au sommet en avril dernier et vous vous retrouvez au bas de la montagne. Cette montée devant vous te fait-elle peur?
C'est le plus beau challenge qui nous est proposé, au contraire. Je l'ai dit à mes joueurs: le plus important ne sera pas le résultat final. Ce qui compte, c'est la manière dont nous allons construire notre saison en nous entraînant de la bonne manière. C'est également un moyen de laisser un héritage. Cet héritage, c'est ce travail au quotidien. Quand un joueur arrive à Genève, il doit sentir qu'une identité forte se dégage de ce groupe. Et je ne parle pas que de la glace. Mais hors de la glace aussi.

Et concrètement, tu sens que tes joueurs ont encore faim?
Nous n'en sommes qu'au début de ce processus et j'en suis conscient. Mais si tu regardes les plus grands athlètes, ceux qui ont énormément gagné de titres, ils ont su trouver un moyen de réussir à être bons sur la durée. Pour reprendre ton image, ils sont retournés au sommet de la montagne. Et c'est justement cette capacité à remonter qui fait la différence entre un bon et un excellent sportif. Entre une bonne et une excellente équipe. Mais je ne jugerai pas les gars que sur le résultat sur la glace, mais sur la faculté à ne pas tomber dans une certaine suffisance. Aujourd'hui, je n'ai pas peur. Je vois le groupe travailler et les premiers signaux sont très positifs.

National League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
HC Davos
HC Davos
30
28
57
2
ZSC Lions
ZSC Lions
26
31
55
3
Lausanne HC
Lausanne HC
29
7
53
4
EHC Kloten
EHC Kloten
30
-2
50
5
SC Berne
SC Berne
29
16
49
6
EV Zoug
EV Zoug
28
19
46
7
SCL Tigers
SCL Tigers
28
4
41
8
EHC Bienne
EHC Bienne
28
4
40
9
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
29
-6
39
10
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
29
-16
39
11
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
26
1
36
12
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
30
-18
36
13
HC Lugano
HC Lugano
28
-25
33
14
HC Ajoie
HC Ajoie
28
-43
23
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