L'analyse de République tchèque - Suisse

Une victoire qui porte la patte d'Andres Ambühl

Grégory BeaudJournaliste Blick

Un jour, il faudra tout de même prendre deux minutes pour tenter de se rendre compte de ce que fait Andres Ambühl année après année. À Riga, le Grison dispute son 19e Championnat du monde. À 39 ans, il est devenu le meilleur compteur de l'histoire du hockey suisse. Leader par l'exemple, il bosse comme un forcené à chacune de ses présences. Avec un exemple pareil, le hockey suisse a une chance inestimable.

Dans le sillage de son vétéran, la Suisse a réalisé une nouvelle prestation de premier choix en dominant la République tchèque 4-2. Son quart de finale aura lieu jeudi contre l'Allemagne ou le Danemark. Mais avant de trop nous projeter, analysons ce sixième succès en autant de matches.

Andres Ambühl (attaquant), 2 buts. Il devient difficile de trouver des choses intelligentes à dire et à écrire sur la légende du hockey suisse, qui a inscrit un nouveau chapitre à son bouquin. Samedi face au Canada, il avait égalé le record du nombre de points sous le maillot à croix blanche. La marque de 142 points n'a été codétenue par lui et Jörg Eberle que durant 24 heures. Le temps pour «Büehli» d'inscrire un doublé face à la République tchèque.

Et le Grison n'a pas marqué des buts anodins puisqu'il s'agit des 1-2 et 1-3 qui ont permis à la Suisse de vivre une fin de match un rien moins tendue malgré la réduction du score tchèque. Toujours aussi précieux, Andres Ambühl ne fait jamais rien de faux. Il est toujours au bon endroit. Et, surtout, il n'a jamais peur d'aller là où ça fait mal. «Je ne sais pas comment il continue de faire ça à son âge», a rigolé Patrick Fischer en fin de match.

Kevin Fiala (attaquant), 2 assists. L'ailier n'est décidément pas en réussite. Et ce n'est pas faute d'essayer. Il a encore une fois tiré à trois reprises sur le but adverse sans faire mouche pour autant. Serial buteur en NHL, le Saint-Gallois en est désormais à 15 tirs cadrés sans le moindre but depuis le début du tournoi. Alors face à la République tchèque, il a dévoilé une autre facette de son jeu: la passe.

Sur le power-play, il a moins joué sa carte et plus tenté de faire vivre la rondelle. Et à 5 contre 5, son assist sur le 1-3 d'Andres Ambühl est absolument délicieux. Pour cette rencontre, Patrick Fischer avait décidé de le placer avec le vétéran et Denis Malgin. Le résultat était intéressant et lorsque Kevin Fiala trouvera la mire, cela pourrait faire très mal.

Robert Mayer (gardien), 90,9% d'arrêts (20/22). Le gardien de Genève-Servette peut dormir sur ses deux oreilles: il plaide non-coupable sur les deux capitulations de son équipe. Hormis un puck perdu bêtement par Dario Simion et un coup de fusil de Dominik Kubalik, Robert Mayer a tout arrêté. Et avec la manière, qui plus est.

Il a notamment fait le désespoir de l'ancien joueur d'Ambri-Piotta peu après le 2-3. Seul face à lui, le Tchèque n'a pas trouvé la faille. «Quand j'ai vu que c'était lui, je me suis souvenu de ce qu'il avait l'habitude de faire et j'ai espéré qu'il le tente à nouveau», a-t-il rigolé après le match. Et cela a fonctionné. Il s'est fait une petite frayeur sans conséquence sur une sortie derrière son but, mais sinon a été très propre.

Janis Moser (défenseur), 1 assist. L'illumination du défenseur seelandais sur le 4-2 de Tanner Richard justifie à elle seule la présence de Janis Moser dans cet article. Mis en bonne position par Damien Riat, l'arrière a trouvé le Genevois en première intention. Si bien que le No 71 s'est retrouvé tout seul devant la cage et n'a évidemment pas manqué pareille offrande.

Au-delà de ce coup de génie offensif, «JJ» a une nouvelle fois été très bon des deux côtés de la patinoire. À ses côtés, Michael Fora a une nouvelle fois fait un tout bon match. Le deuxième de suite.

Romain Loeffel (défenseur), 1 but. Son compagnon de ligne, Christian Marti, a été à l'honneur samedi contre le Canada. C'est au tour du Neuchâtelois d'être mis en évidence. Mais les deux hommes auraient à nouveau mérité une mention dans cette colonne. Là où le Zurichois est plus solide défensivement, le Romand, lui, est davantage polyvalent. Pour cette rencontre face à la République tchèque, Romain Loeffel s'est retrouvé en power-play avec la première ligne. Et cela s'est bien passé puisqu'il a inscrit un but et a terminé avec plus de 20 minutes de glace. C'est lui le défenseur le plus utilisé par Patrick Fischer.

Quelques minutes avant le coup d'envoi de la rencontre, l'IIHF a annoncé que Joe Veleno était suspendu pour cinq matches. L'attaquant canadien s'était fait l'auteur d'un très vilain coup de patin sur Nino Niederreiter samedi. Son tournoi est donc terminé. La Fédération suisse a réagi: «Nous sommes très satisfaits de cette décision. C'est un comportement intolérable et cette sanction est un geste pour le fair-play dans notre sport.»

Déjà assurée depuis samedi de jouer les quarts de finale, la Suisse mettra un point final à son tour de qualification ce mardi face à la Lettonie (19h20), dans un match sans enjeu pour elle. Suivant les résultats des rencontres précédentes, la nation balte pourrait également avoir déjà acquis sa place dans les quatre premiers du groupe et donc l'assurance d'accueillir un quart de finale.

Et ce dernier point ne serait pas anodin. En effet, les Lettons évolueraient à domicile quoi qu'il arrive et donc le 2e du Groupe B serait obligé de voyager pour le prochain tour qui se disputerait à Tampere. Dans cette optique, le résultat de ce Suisse - République tchèque n'en était que plus important. C'est à 99,9% sûr que la Suisse dispute donc son quart de finale à Riga, face à l'Allemagne ou contre le Danemark.