La vie dans le vestiaire
En dehors de la glace, l'équipe de Suisse ne doit faire qu'une

Les joueurs de la Suisse ont un objectif commun lors du Mondial et passent beaucoup de temps ensemble. C'est en dehors de la glace que grandit ce qui peut mener à des exploits: un esprit d'équipe incomparable.
Publié: 14.05.2023 à 12:35 heures
L'esprit d'équipe va être très important pour la Suisse.
Photo: keystone-sda.ch
Nicole Vandenbrouck

La solidarité au sein d'une équipe, la confiance et la foi en l'autre. La dynamique qui peut se développer dans un groupe reste souvent un mystère pour les personnes de l'extérieur. C'est dans un vestiaire que se forge leur caractère, que leur esprit d'équipe grandit – et ces deux éléments peuvent mener la Suisse à de grands succès.

Les ingrédients importants pour cette forte unité sont également présents en dehors de la glace et des vestiaires: des moments passés ensemble, des réunions, des rituels, des traditions. Il y en a plusieurs dans le cadre d'un Mondial pour la troupe de Patrick Fischer. Blick en sélectionne quelques-uns qui enrichissent la vie intérieure de l'équipe de Suisse.

Les musiques de «DJ Bertschy»

Certains resteront à jamais dans les mémoires. Les chansons qui sont jouées après un but, ou une victoire de l'équipe de Suisse au Mondial. Traditionnellement, toutes les nations peuvent soumettre leur sélection de chansons avant le début du tournoi. Les Suisses ont déjà eu leur lot de chansons insolites. En 2013, année de l'argent, c'est «Can't stop» des Red Hot Chili Peppers qui résonnait à Stockholm. En 2018, les Suisses se sont réjouis sur le tube «079» de Lo & Leduc, et l'année suivante sur «Legändä und Heldä» de Bligg.

Christoph Bertschy est le DJ attitré de l'équipe de Suisse.
Photo: Getty Images

Mais cette année, tout a mal commencé pour la troupe de Patrick Fischer. Ce samedi à Riga, après de la victoire 7-0 contre la Slovénie, les supporters suisses ont pu entendre à sept reprises «Petra Sturzenegger» du groupe Stubete Gäng – mais c'était une erreur!

En effet, Christoph Bertschy – le DJ officiel de l'équipe de Suisse – avait choisi, après concertation avec Enzo Corvi, «Göschene Airolo» du même groupe zougois. Dès le match de ce dimanche contre la Norvège (15h20, sur Blick), cela devrait être réparé.

Mais ça, ce sont les chansons officielles qui passent dans la patinoire après un but. Dans le vestiaire, la Suisse a le droit à «DJ Christoph Bertschy». C'est lui qui est responsable du choix des chansons après les victoires. Après celle contre la Slovénie, le Fribourgeois a lancé «Peter Pan» de Julian Sommer et Mia Julia, qui enflamme déjà les foules à Ibiza.

Comment l'attaquant des Dragons choisit-il ses tubes? «Je préfère les chansons en suisse-allemand ou en allemand qui peuvent être chantées et qui mettent de l'ambiance. Rien d'ennuyeux, mais des chansons qui nous entraînent», explique-t-il. Christoph Bertschy est conscient qu'une telle chanson peut éveiller des souvenirs particuliers même des années plus tard. C'est pour ça qu'il prend beaucoup de plaisir dans son rôle de DJ. Les jours de match, l'attaquant de Fribourg choisit la musique de ses propres playlists pour le vestiaire avant la rencontre.

Un capitaine d'envergure

Après Nico Hischier en 2022, une nouvelle star de NHL a été désignée capitaine cette année: Nino Niederreiter. C'est l'entraîneur Patrick Fischer qui propose qui portera le «C» sur la poitrine et qui fera partie des assistants. Les candidats sont discutés avec le reste du staff. Les qualités requises? «Celle de leader. Mais il faut aussi mettre en avant la communication, et le fait qu'il puisse aussi élever la voix quand cela est nécessaire», explique Lars Weibel.

Le directeur des équipes nationales souligne que dans cette équipe de 25 joueurs, tous possèdent des qualités de capitaine. «Nous y veillons déjà lorsqu'on les convoque. Tout le monde se respecte, il n'y a pas de jalousie dans l'équipe.» Selon Lars Weibel, l'échange entre l'équipe d'entraîneurs et l'équipe de capitaines est intense, le rôle de ce groupe de leaders est donc important – bien que le credo de la Suisse soit: «Personne n'est plus grand que l'équipe.»

La distinction du meilleur joueur

Malgré ce credo, il y a chaque fois un joueur qui reçoit une distinction. L'officiel, sur la glace, mais également une officieuse, dans le vestiaire. C'est une manière de rendre hommage à une performance. Un objet est symboliquement remis à l'élu. Ce geste est renouvelé d'un tournoi à l'autre. L'année dernière à Helsinki, le meilleur joueur recevait par exemple une casquette et des lunettes d'aviateur. «C'est un super rituel», s'exclame Lars Weibel. Ce que les joueurs ont imaginé cette fois-ci ici à Riga reste encore un mystère.

Les places dans le vestiaire

L'entraîneur Patrick Fischer exerce la plus grande influence sur la question de savoir qui a sa place à côté de qui dans le vestiaire. En effet, la mise en place est déterminante. Ainsi, les coéquipiers de ligne peuvent mieux communiquer entre eux pendant les pauses.

Les places dans le vestiaire ne sont pas choisies au hasard.
Photo: Swiss Ice Hockey Federation

La traditionnelle «cabane du CAS»

Elle transmet un sentiment d'appartenance à la patrie et est devenue culte: la «cabane du CAS» est une salle de séjour pour les joueurs de l'équipe nationale, aménagée dans l'hôtel par le masseur Karl Müller. À l'intérieur, beaucoup de suissitude et de passion. Les joueurs y passent beaucoup de temps et «la camaraderie et l'idée de la Suisse sont encouragées», explique Lars Weibel. Les acteurs peuvent se faire masser, regarder les autres matches du Mondial à la télévision, s'affronter en duel dans des jeux de société comme le jass ou faire une partie de ping-pong. De temps en temps, un plateau froid avec du fromage et de la charcuterie est à disposition.

Dans la cabane du CAS, les joueurs peuvent se reposer.
Photo: Swiss Ice Hockey Federation

La répartition des chambres

Les chambres, c'est l'endroit où les joueurs passent encore plus de temps que sur la glace et dans les vestiaires. Mais comment se déroule la répartition des chambres doubles? Les occupations se font-elles au hasard? Ou les colocataires temporaires sont-ils tout simplement désignés? «Notre manager d'équipe, Ricardo Schödler, demande au préalable dans le groupe WhatsApp de l'équipe qui souhaite partager une chambre avec qui, explique Lars Weibel. Nous essayons de tenir compte de ces souhaits. Pour les autres, il fait des propositions.» Le directeur des équipes nationales ne se souvient pas d'une désignation qui n'aurait pas convenu.

À Riga, Andres Ambühl joue déjà son 18e (!) championnat du monde. Le Davosien a donc déjà eu de nombreux colocataires. Actuellement, il partage sa chambre pour la deuxième fois consécutive avec son coéquipier à Davos Enzo Corvi, et ce pour la cinquième semaine déjà. «On s'habitue l'un à l'autre, sourit Andres Ambühl. Enzo et moi sommes en harmonie, nous nous ressemblons. Nous aimons être tranquilles et ainsi ne pas nous déranger mutuellement.» C'est pour cette raison que les joueurs préfèrent partager leur chambre avec quelqu'un dont ils connaissent le fonctionnement. «C'est important de ne pas se taper sur les nerfs dès le début. En comptant la préparation, il peut y avoir six à huit semaines en chambre commune. C'est pour ça qu'une bonne cohabitation est importante.»

Les Davosiens Andres Ambühl (à g.) et Enzo Corvi partagent une chambre à Riga.
Photo: keystone-sda.ch

Tout aussi important que le temps passé ensemble en général. Et Andres Ambühl abonde dans ce sens: l'unité se forme surtout en dehors de la glace. «Plus un tournoi dure longtemps, plus l'équipe doit se rapprocher. Le temps passé ensemble crée aussi des liens», explique le joueur de 39 ans. Bien sûr, il est plus facile de prendre de son envol lorsque tout va bien sur la glace. «Mais en dehors de la glace, on peut influencer beaucoup de choses. Que tout le monde s'engage les uns pour les autres, que l'on soit soudés.» Et petit à petit, l'équipe de Suisse devient une famille.

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