Le contraste est assez saisissant. Lors des deux derniers championnats du monde, l'équipe de Suisse n'a pas tremblé face aux adversaires qui lui étaient inférieurs sur le papier. Une sérénité assez récente. Est-elle due à la promotion dans l'Euro Hockey Tour et à des matches de préparation face à des formations plus huppées comme la Suède, la Finlande et la République tchèque? Possible.
Mais toujours est-il que ces rencontres, l'équipe de Patrick Fischer les perd. Son bilan est de quatre défaites en autant de sorties depuis le début de la préparation. Il y a eu le zéro pointé à Tampere début novembre et la sélection nationale a commencé le tournoi de préparation à Zurich par un nouveau revers. Une défaite 2-4 face à la Suède qui pose une question: Vaut-il mieux perdre contre une bonne équipe ou gagner contre une faible? Étonnamment, les réponses sont contrastées.
Christoph Bertschy: «Toujours gagner!»
«Pour moi, la réponse est très simple: je préfèrerais toujours gagner. Si l'on calcule, cela fait combien de défaites de suite face à la Suède? 13 ou 14, c'est ça? (ndlr 14). Je te laisse imaginer si je n'aurais pas préféré gagner un match ce soir plutôt que cette défaite, même contre une très bonne équipe. Quand tu es un sportif, tu dois chercher la victoire à tout prix. Peu importe contre qui. Dans ces matches du Euro Hockey Tour, nous affrontons les meilleures nations du monde. En ce sens, c'est bien de voir ce qu'il nous manque pour rivaliser totalement.
Pour nuancer un peu ma réponse, je dirais quand même que toutes les défaites ne se valent pas forcément. Si l'on prend l'exemple de ce match face à la Suède, nous avons plutôt livré une bonne performance, surtout lors des deux derniers tiers. Cela aurait pu tourner en notre faveur. Une défaite 4-2 avec un quatrième but dans la cage vide, j'arrive malgré tout à tirer du positif même si ça me fait ch... d'avoir encore perdu contre eux.»
Gaëtan Haas: «Je préfère une défaite comme ce soir»
«Nous avons livré un excellent match contre une très bonne équipe. Si l'on réfléchit sur le long terme, je préfère un match comme celui-ci avec un résultat négatif qu'une victoire contre une équipe que je considère, sans lui manquer de respect, comme plus petite. Je pense que nous avons montré de bonnes choses et il y a du positif à retirer. Surtout dès le deuxième tiers. Au début, on était partout et à la fois nulle part. Tout le monde avait l’intention de bien faire, mais on perdait de l’énergie pour rien.
C'est aussi contre ce genre d'équipes que tu peux travailler encore plus sur les petits détails comme les situations spéciales. Au niveau international, c'est ce qui fait toujours la différence. Et on l'a vu, notre power-play n'a pas été excellent. Mais de pouvoir nous entraîner à haut niveau, cela nous permet de progresser continuellement. Je comprends que l'on se pose cette question, mais pour moi la réponse est claire: je préfère perdre contre un fort si cela nous permet de progresser. C'était le cas lors de ce match contre la Suède.»
Patrick Fischer: «Ces matches s'inscrivent dans un processus»
«Pour moi, la réponse est logique. On est toujours davantage satisfait lorsque l'on gagne. Mais je comprends cette tentation de vouloir voir ces rencontres contre des équipes plus fortes comme des tests afin de se jauger. Et en ce sens, je dois tirer un coup de chapeau à cette formation suédoise qui est une équipe incroyable. Ils sont calmes et sûrs d'eux. Nous savions que si nous voulions avoir une chance de nous imposer, nous devions jouer de manière solide tout au long de la rencontre.
C'est également ce que nous apprennent les matches comme celui-ci. Que l'on ne peut pas avoir de saut de concentration durant 60 minutes. Que nous ne pouvons pas nous permettre de commettre des pertes de puck en zone neutre comme c'est arrivé une fois ou l'autre. Le haut niveau te punit toujours. Mais nous avons vu que nous étions capables de rivaliser physiquement avec une telle équipe. C'est juste dommage de les avoir laissés prendre deux buts d'avance en début de match. Mais nous faisons preuve de caractère malgré la défaite. En ce sens et même si gagner donne une satisfaction à court terme, il se peut qu'à long terme un match comme celui-ci nous apporte plus.»