Le constat était amer. Après avoir encaissé quatre buts lors du match d’ouverture de la Suisse contre le Canada à Pyeongchang en 2018, Leonardo Genoni avait été remplacé par Jonas Hiller. Ensuite, le portier qui gardait les cages de Berne à l’époque n’avait plus du tout joué dans ces Jeux olympiques en Corée du Sud: son temps de glace s’est donc arrêté à 25’52''. Il s’apprête maintenant à vivre sa deuxième expérience olympique à Pékin.
Quatre annéess ont passé et Leonardo Genoni est devenu médaillé d’argent au Mondial (2018) et double champion de Suisse (2019 avec Berne, 2021 avec Zoug). Et pourtant, dans les couloirs du National Indoor Stadium de Pékin, le gardien doit fouiller dans sa mémoire pour se souvenir de ce match raté à Pyeongchang. «Je ne pense plus à ce qui s’est passé, explique-t-il. J’apprends de ces erreurs.» Quelles étaient-elles? «Nous étions tous trop motivés. À l’époque, je voulais trop en faire, je voulais trop bien faire. Je voulais quasiment marquer les buts moi-même.»
À 34 ans, Leonardo Genoni sait faire preuve d’autocritique. Il sait que c’est la seule chose qui le fait progresser. «J’étais moi-même coupable. Ça n’a pas marché et j’ai été remplacé, à juste titre.» Son taux d’arrêts était inférieur à la normale pendant ces presque 26 minutes: 66,7%. Les leçons à en tirer sont que le portier se concentre désormais uniquement sur ce dont il est responsable. Et ce pour pouvoir faire la différence dans les moments décisifs. «Il ne s’agit toutefois pas de se racheter, mais simplement de répondre à nos exigences», précise le cerbère zurichois.
Des patinoires plus petites
Ce mercredi, la Suisse ouvrira son tournoi olympique contre la Russie, championne en titre et favorite. Tant le gardien que le coach, Patrick Fischer, voient cela d’un bon œil. «L’attitude est la même pour tous», explique le sélectionneur. De plus, il préfère que son équipe rencontre les Russes au début d’un tournoi car «cela fait longtemps qu’ils n’ont pas joué». La KHL est en effet en pause depuis la mi-janvier.
Un autre facteur sera important: la surface de glace est plus petite aux JO. Patrick Fischer a donc adapté sa stratégie en conséquence. «Nous allons voir comment les Russes vont gérer cela, ils ont besoin d’espace», explique l’entraîneur de l’équipe de Suisse. Leonardo Genoni, pour qui il s’agit du premier tournoi sur une glace de cette taille, s’est certes imaginé que le changement serait pire. Il a étudié les angles différents autour de la cage.
«Je ne sens pas encore aussi bien quand une situation devient dangereuse», précise-t-il. Mais cela n’entame pas sa confiance. On ne saura toutefois que le jour du match si c’est le gardien de Zoug ou alors Reto Berra qui sera devant le but contre la Russie. Patrick Fischer fait même monter la température: «Nous sommes conscients que celui qui gagne ce match sera très proche de s’imposer dans le groupe.»