Une heure après la fin du match, une poignée de supporters attend derrière la sortie des joueurs de la patinoire des Vernets. Tour à tour, les Daniel Winnik & Cie passent, mais ne sont pas arrêtés. Au moment où Henrik Tömmernes sort, le groupe l’interpelle pour prendre une photo. Il faut dire que le Suédois des Vernets attire la lumière comme jamais depuis son arrivée en Suisse. Autant profiter de sa présence.
Durant la soirée, le meilleur compteur de Genève-Servette a livré une nouvelle partition immaculée durant ses 25 minutes de glace. Il y a évidemment eu trois passes décisives (sur les quatre buts grenat) capitales dans cette victoire.
Mais il y a surtout eu un geste. Un moment où le temps s’est arrêté et les spectateurs des Vernets se sont levés comme un seul homme. L’égalisation du GSHC en cours de deuxième période – après avoir été mené 1-3 - est tombée à la suite d’un coup de génie de Tömmernes. Seul face au but vide, Josh Jooris n’a eu qu’à profiter de l’offrande pour faire trembler les filets.
Cette action ébouriffante, ce sont Josh Jooris, buteur, et Jan Cadieux, coach, qui en ont le mieux parlé.
Jan Cadieux, entraîneur de Genève-Servette
«Avec Henrik, il n’y a simplement plus de mots. Je peux en tout cas dire que j’ai eu la chance de le voir évoluer sur la glace durant trois saisons. Avec lui, plus rien ne me surprend. Durant ma carrière, je peux dire que j’ai eu la chance de jouer avec beaucoup de bons joueurs. Mais depuis le banc, tu ne vois pas les choses de la même manière. Il m’épate tous les jours. Mais – et j’ai l’impression de me répéter –, ce qui m’épate le plus, c’est son éthique de travail. Vous le voyez ainsi les soirs de match, mais il est exactement pareil à l’entraînement. C’est une question de mentalité.
Sur ce 3-3, que voulez-vous que je vous dise? (il rigole) C’est la marque de fabrique des grands, des très grands joueurs. Finalement, cette action est peut-être l’exemple de ce qui fait la différence entre les superstars et les bons joueurs. Les superstars vont faire systématiquement le bon jeu. Sur une telle action, ils auraient été nombreux à tenter de shooter pour marquer le but. Et là, c’est du 50/50. Henrik, lui, il a pris le temps de regarder et il savait exactement ce qu’il allait faire. Au final, ce n’est plus du 50/50, mais un but facile. Ça fait toute la différence.»
Josh Jooris, joueur et buteur de Genève-Servette
«Je savais qu’il me verrait. Vous savez, c’est tellement un joueur incroyable que l’on doit toujours s’attendre à ce qu’il prenne la bonne décision au bon moment. Il est tellement calme lorsqu’il a le puck. Dès le moment où je l’ai vu revenir sur le centre, je savais que je devais me tenir prêt et que s’il avait la possibilité, le puck allait m’arriver dans le meilleur des timings.
Moi? Je dois dire que je n’ai pas eu besoin de faire grand-chose. N’importe qui aurait pu marquer ce but. Rendez-vous compte. En un dribble et une passe, il me donne un puck seul face à la cage vide. Je n’ai eu qu’à pousser au fond. Il faut juste être là. Mais j’en avais besoin. Cela faisait un moment que je n’avais pas marqué et parfois c’est exactement ce dont un buteur à besoin pour lancer une bonne série.
Plus généralement, Henrik Tömmernes fait partie de cette catégorie de joueurs à part. J’en ai côtoyé quelques-uns. En un sens, il faut être capable de s’adapter à eux, car ils voient tout plus vite. Mais au final, ce sont des joueurs qui te rendent meilleurs. C’est précisément pour cette raison qu’ils sont si forts. Tous les joueurs sur la glace ont l’air davantage dominants avec Tömmernes. Prenez ce but. C’est moi qui marque, mais je suis juste au bout de la chaîne. Il est fort. Il est vraiment très très fort.»