Alors qu'il restait moins de deux minutes à jouer, Garrett Roe a égalisé à 2-2. Loin de là, sous le toit de la Swiss Life Arena, deux hommes scrutent l'écran de leur ordinateur et décortiquent cette séquence image par image. «Là, regarde!», Christophe Delley, vidéo coach des Dragons, montre les images à David Aebischer, entraîneur des gardiens. Les deux hommes en sont persuadés: peu avant le but, une infraction a eu lieu sur l'engagement.
«Nous pensions qu'il y avait une passe avec la main, nous a confié le second nommé. C'est toujours difficile d'être à 100% sûr, mais nous l'étions suffisamment pour dire au banc de prendre cette décision.» Christian Dubé a donc demandé aux arbitres d'aller revoir la séquence litigieuse à la vidéo. «Depuis le banc, je ne l'avais pas vu, a-t-il précisé. Mais David avait l'air confiant alors nous avons tenté le coup.»
«Attendre et espérer»
Durant plusieurs minutes, les arbitres analysent à leur tour la scène. Dans les gradins, Christophe Delley et David Aebischer en font de même comme pour se convaincre qu'ils ont pris la bonne décision. «À ce moment, tu dois juste attendre et espérer», rigole l'ancien vainqueur de la Coupe Stanley avec Colorado. Plus le temps passe et plus le doute s'installe. Si Justin Azevedo semble en effet avoir fait un geste irrégulier, les images ne sont pas totalement claires... dans un premier temps.
Et puis c'est finalement la caméra située à l'opposée de la patinoire qui donne la preuve irréfutable que le joueur de Zurich a transmis la rondelle du gant. Les directeurs de jeu sont revenus sur la glace quelques secondes après avoir pris connaissance de cette dernière image. Verdict: but annulé pour une passe avec la main.
Loin de la glace, les deux membres du staff ne jubilent pas. Ils sont soulagés même s'ils en étaient convaincus. «Mais tout va très vite, poursuit David Aebischer. Nous devons décider entre le moment du but et l'engagement. Cela peut durer 30 secondes comme 45.» La pression était grande, car en cas de mauvaise décision, Fribourg Gottéron aurait écopé de deux minutes de pénalité.
«Victoire d'équipe»
Quelques instants plus tard, les Dragons lèvent les bras sur la glace et fêtent leur deuxième succès de la semaine. Au sommet des gradins, les membres du staff de Zurich viennent féliciter leurs homologues pour leur succès. «C'est toi qui a pris la décision?», demande l'un d'entre eux à David Aebischer. «C'est toute l'équipe», rigole-t-il.
«Ce soir, on peut presque dire que ce sont eux les hommes du match, pouffe Killian Mottet cinq étages plus bas, devant les vestiaires. Moi je n'avais rien vu, mais sur le banc David (ndlr Desharnais) avait tout de suite vu.» La voix du staff a conforté tout ce petit monde pour permettre à Fribourg de ramener un premier succès en 60 minutes de Zurich depuis... 2017. «Je savais que ça faisait un moment, a rigolé Christian Dubé. Mais c'est aussi ce que j'ai dit aux gars avant le match. Un jour ou l'autre ça va tourner en notre faveur.» Il a juste fallu un petit coup de pouce en provenance des gradins.