Journaliste indépendant, Rasmus Kågström ne manque pas une miette des matches de Skellefeteå. «Cela doit faire depuis janvier 2020 que je n'en ai pas manqué un», détaille-t-il. Il écrit pour le journal régional Folkbladet ainsi que pour le site de référence «Hockeysverige». Ancien gardien du club dans le mouvement junior, il a notamment évolué avec Lucas Wallmark, actuel attaquant de Fribourg Gottéron. «Il a fait une plus grande carrière que moi», rigole-t-il.
À quelques jours de la finale de Champions Hockey League entre Skellefteå et Genève-Servette, Rasmus Kågström a détaillé les forces et les faiblesses du club qu'il connaît le mieux. Il s'est également épanché sur les clés de match qui se disputera à Genève. «Pour l'intérêt de la compétition, c'est mieux que ce soit en Suisse, poursuit-il. Mais ici, tout le monde était très déçu de ne pas accueillir cette rencontre.» Interview.
Rasmus, les Genevois me disent depuis quelque temps qu'ils n'ont que le championnat en tête et pas cette finale. On te dit la même chose à Skellefteå?
Je te rassure, le discours est le même ici. Mais dans le même temps, je pense que la situation est la même. La fin de saison approche et des matches importants vont avoir lieu ces prochaines semaines. Après un début de saison difficile, l'équipe remonte la pente. Mais ces derniers jours, tous les joueurs à qui j'ai parlé m'ont évoqué cette finale. Dans un coin de la tête, c'est forcément présent. Cela me paraît inévitable.
Si je regarde les statistiques de Skellefteå, c'est l'une des meilleures équipes de la Ligue malgré sa quatrième place. Cela rejoint ce que tu vois?
Totalement. Durant la première partie de la saison, l'équipe avait un mal fou à marquer des buts. Il y avait un manque de réussite assez important devant la cage adverse. Cela va désormais beaucoup mieux et je pense que Skellefteå est actuellement là où on est en droit de l'attendre: dans le Top 4.
Finaliste l'an dernier, cette formation n'est pourtant pas la plus connue de toute.
Non, c'est un fait. Avec environ 30'000 habitants, ce n'est pas une grande ville en Suède. Si l'on compare avec Frölunda, équipe de Göteborg ou même Växjö la réalité est différente. Mais en ville, le soutien est vraiment très présent. C'est pourquoi il y a eu une certaine déception de ne pas accueillir cette finale. Cela aurait pu être un bel événement.
En Suisse, on a l'impression que cette Champions Hockey League peine à convaincre. En Suède, cela semble être l'inverse.
Pas vraiment. Ce n'est qu'à partir des quarts ou des demi-finales que l'intérêt prend.
C'est fou, avec les résultats des clubs de SHL, on aurait dit l'inverse.
Les premières rencontres sont souvent traitées comme des parties amicales et les résultats n'ont pas une importance capitale. Par la suite, oui. Forcément.
Revenons à la glace. Ce qui me choque en analysant Skellefteå c'est la statistique de réussite en power-play...
Récemment, c'était tout simplement l'équipe au monde avec le meilleur taux de réussite dans les Ligues majeures. Il y a 10 joueurs de haute qualité qui sont capables d'évoluer en supériorité numérique. Axel Sandin Pellikka, drafté en 17e position l'an dernier, n'arrive plus à retrouver sa place tant les autres sont performantes. Cela te dit à quel point le niveau est haut. Ce sont surtout Oscar Lindberg (ex Zoug et Berne), Jonathan Pudas et Jonathan Johnson qui sont les moteurs de cette unité spéciale qui fait si souvent la différence.
La défense n'est pas en reste.
En Suède, tu n'as pas le choix (rires). C'est une ligue dans laquelle les équipes étant capables de bien défendre auront toujours du succès. On le voit avec les formations qui sont régulièrement en tête et Skellefteå en fait partie. D'autres formations comme Växjö ou Frölunda sont peut-être plus emballantes offensivement.
Si Oscar Lindberg est le meilleur compteur, je trouve que les chiffres de la ligne Linholm-Lindström-Sandberg sont impressionnants. Il s'agit tout simplement de la triplette la plus en vue de SHL.
Cela me fait plaisir que tu les mettes en avant, car ils n'ont pas l'attention qu'ils méritent. Ce ne sont pas des stars, même pour cette équipe. Mais cette ligne a été incroyable tout au long de la saison. Par contre, ne sois pas surpris s'ils ne jouent pas ensemble mardi. Ces temps, le coach, Robert Ohlsson effectue des modifications dans son alignement.
Parlons-en, justement, de l'entraîneur.
C'est un pur produit de la formation suédoise. Il a longtemps travaillé avec les sélections de jeunes. Entre 2007 et 2013, il était assistant dans les équipes nationales M18 et M20 suédois. C'est un technicien qui aime faire jouer les jeunes et qui fait un excellent travail pour les développer. Treize joueurs de l'organisation viennent d'ailleurs du mouvement junior, c'est une fierté. Ce n'est pas commun pour un entraîneur principal, mais c'est lui qui s'occupe du power-play. Et comme les résultats le montrent, il réalise un sacré boulot.
Quelle est la perception de l'équipe de Genève-Servette depuis la Suède?
Elle est considérée comme l'une des toutes meilleures du championnat de Suisse au même titre que Zoug et Zurich. En ce sens, les joueurs Skellefteå ne commettront pas l'erreur de sous-estimer Genève. Ils ne se pensent pas favoris, mais paraissent confiants de leur force. Pour arriver en finale, ils ont battu de bonnes équipes. Mais en Suède, nous savons que le niveau du championnat de Suisse est excellent. Nous avons suivi les exploits de Linus Omark et Henrik Tömmernes la saison dernière. Genève ne pourra pas miser sur l'effet de surprise (rires).