Cela fait depuis le 2 décembre que Gauthier Descloux n'a pas enfilé le maillot de Genève-Servette. Légèrement blessé à cette époque, le gardien de Genève-Servette a souffert de l'arrivée d'un étranger, Jussi Olkinuora. Il a également vécu de gros changements dans sa vie qui l'ont bouleversé.
Loin de se plaindre ou de souhaiter être plaint, le dernier rempart des Grenat a accepté de lever un coin de voile sur ce qu'il a vécu ces derniers mois. «Si tu entends du bruit derrière moi, c'est ma fille», rigole-t-il d'emblée, au bout du fil. Le dernier rempart a réitéré une envie indéfectible de retrouver sa place de titulaire aux Vernets. Interview en toute franchise. Comme toujours avec lui.
Gauthier, explique-moi. Tu es dans quel état d'esprit aujourd'hui?
Si je ne mets pas mon cas particulier dans l'équation, la situation sportive du club n'est pas optimale. Tout le monde cherche des solutions, car au moment d'arriver dans cette période décisive, on n'est pas où nous souhaiterions être en championnat.
Et toi, dans tout ça?
Moi, c'est également une année compliquée d'un point de vue sportif. Mais en même temps, je me rends compte d'avoir énormément de chance de vivre de ma passion en étant hockeyeur professionnel dans le club que j'aime et pour lequel j'ai envie de jouer. Cela me fait garder le moral.
Car actuellement, tu es apte à jouer?
Oui, je le suis à nouveau tant physiquement que mentalement. Le 4 octobre, nous avons eu un heureux événement avec ma compagne. Notre enfant est arrivé avec un mois d'avance. Par chance, le timing était bon, car le lendemain, j'aurais été dans le bus pour Lugano (rires). Mais les circonstances de la naissance font que nous avons vécu des moments compliqués. Ma compagne a dû faire face à des complications et ne pouvait pas allaiter en plus de problèmes physiques. Résultat: il y a eu quelques nuits compliquées.
Ce qui n'aide pas à jouer à haut niveau, non?
Non, je pense que mes performances sportives s'en sont ressenties à cause de la fatigue accumulée entre le challenge d'être parent, la répétition des matches et des entraînements. Les performances de l'équipe ont été en dents de scie, mais les miennes également. Ma femme a culpabilisé de cette situation, mais ce n'est pas quelque chose que je peux regretter, car ma famille représente tout.
Mais c'est dans cette période que ton club est allé chercher Jussi Olkinuora comme troisième gardien. Comment as-tu vécu cela?
Et c'est une décision que je comprends tout à fait. Pour moi, il n'y a aucun souci. Une nouvelle hiérarchie a dû être trouvée. L'entraîneur a décidé de me donner la troisième place et je ne vais pas pleurer sur mon sort. C'est le sport et tu dois travailler plus fort pour faire changer les choses. Et c'est dans cet état d'esprit que je travaille actuellement.
Aujourd'hui, es-tu prêt à relever ce challenge?
Oui. J'ai eu une petite blessure et je suis convaincu que c'est lié au manque de sommeil. Mais il n'y a eu aucune déchirure, juste une contracture qu'il a fallu traiter. Pendant ce temps, Jussi a très bien joué, ce qui a fait de moi la troisième roue du carrosse.
N'aurais-tu pas voulu être prêté pour la fin de saison ou du moins jusqu'au 31 janvier et la date limite des transferts?
On m'a donné cette opportunité. Mais ma situation personnelle était trop compliquée avec une petite fille de trois mois et une maman qui ne peut pas rester debout une journée complète. Bien sûr que de l'extérieur, on peut avoir l'impression que le sport n'est pas au cœur de cette décision. Mais pour moi, le choix était évident de penser à ma famille. Aujourd'hui, je me sens déjà bien mieux avec plus d'énergie et la situation à la maison est un peu plus simple. Cela change bien des choses.
La limite des transferts est passée. Ne regrettes-tu pas de ne pas avoir changé de club au dernier moment?
Cela ne me semblait pas être la bonne solution. Et pas uniquement d'un point de vue familial. Genève, c'est mon club. Je réfléchis beaucoup à l'importance que cela a pour moi. Et cela ne me paraît pas juste de jouer ailleurs. Je pense aux enfants qui ont peut-être acheté un maillot avec le No 34. C'est pour eux que je veux jouer et c'est pour ça que j'ai décidé de me battre pour porter à nouveau le maillot du GSHC. Il me reste deux ans de contrat après cette saison et je veux récupérer cette place et du temps de jeu.
T'es-tu senti à l'écart durant cette saison?
C'est inévitable même si personne ne me l'a fait ressentir. Mais lorsque tu as ton cul posé dans les gradins, c'est frustrant. Tu ne vis plus toutes les émotions du vestiaire. C'est difficile de savoir exactement dans quel état d'esprit tout le monde se trouve. En n'étant pas là, je ne me sens pas légitime pour parler, alors que je suis quelqu'un qui l'ouvre beaucoup (rires). J'aime pousser les gars et les encourager. Mais actuellement, je dois juste ronger mon frein.
Un jour ou l'autre, tu vas revenir au jeu. Appréhendes-tu ce moment ou tu t'en réjouis?
(il rigole) Tu poses la bonne question. Je pense qu'il y a un mélange des deux. C'est d'un côté la peur de la contre-performance. Mais c'est également mélangé à de l'envie. Le moment venu, ce sera à moi de trouver les bons outils pour transformer cette peur en étincelle. À la fin, le hockey c'est un jeu. Je dois juste travailler honnêtement et avec les bonnes intentions.
Être en compétition a toujours fait partie de ton quotidien. Mais une compétition à trois, c'est une nouveauté. Tu vis comment cette nouvelle situation?
Cela change beaucoup de choses. D'un point de vue humain, tout va bien. Jussi, le dernier arrivé, est quelqu'un de très facile à côtoyer. Mais c'est compliqué, car nous sommes trois à vouloir une place. Et cela force tout le monde à devoir lâcher quelque chose. L'ordre est le suivant: Jussi, Robert et moi. Comme il est No 1, Jussi veut jouer un maximum et il doit donc apprendre à nous donner un peu. Robert veut progresser, mais doit également composer avec ma présence.
Sébastien Beaulieu est entraîneur des gardiens de Genève-Servette depuis plus de dix ans. Il en a donc vu d'autres. Mais la situation vécue actuellement est particulièrement inconfortable. «Au début de saison, nous disposions d'un duo avec Mayer et Descloux. On a donné un ascendant à Robert qui nous a fait quelque chose de spécial la saison dernière et c'était notre gardien No 1. Mais nous savions que Gauthier avait les moyens de bousculer la hiérarchie.»
Le technicien ne souhaite pas parler de la situation personnelle de son gardien No 2. «Mais on s'est retrouvé avec Robert qui a connu des hauts et des bas. Les deux se sont blessés, nous forçant à engager un étranger. Et lorsque tout le monde est de retour, c'est compliqué car il n'y a pas de place pour trois portiers.» Dans un monde idéal, Sébastien Beaulieu aurait souhaité prêter Gauthier Descloux pour lui redonner du temps de jeu. «Car désormais, nous sommes dans une situation compliquée au classement et ce serait très risqué d'envoyer Gauthier devant le filet alors qu'il n'a pas joué depuis deux mois.»
N'aurait-il pas pu éviter une telle issue quasi ingérable? «Avec la nécessité d'engager un étranger, c'était compliqué. Et dans le même temps, nous savons que nous aurons besoin de Gauthier tôt ou tard. Mais nous sommes dans une situation extrême et avons besoin de 7, 8 ou même neuf victoires sur nos derniers matches. J'ai l'habitude de manager mes gardiens différemment, mais en ce moment, c'est une situation d'urgence à laquelle nous devons faire face.»
De son côté, Gaëtan Voisard, agent de Gauthier Descloux, commence à s'impatienter. «Cela commence à faire long, regrette le représentant du gardien. J'ai déjà eu plusieurs discussions avec Marc (ndlr Gautschi, directeur sportif) à ce sujet. Surtout, je suis dérangé par le fait que les statistiques de Gauthier ne sont de loin pas les moins bonnes de trois gardiens actuels tant en moyenne de buts encaissés qu'en pourcentage d'arrêts. C'est ce qui me fait me poser des questions.»
Sans vouloir comparer les différents gardiens des Vernets, le Jurassien précise: «Je me dis qu'il aurait mérité une chance durant tout ce temps de prouver sa valeur et je ne comprends pas forcément pourquoi cela n'a pas été le cas. Plus les jours passent et plus ce sera difficile pour Gauthier de maintenir son meilleur niveau sans minute de jeu. C'est dommage pour mon joueur, mais cela peut aussi l'être pour le club en cas de problème à l'un des autres gardiens.»
Sébastien Beaulieu est entraîneur des gardiens de Genève-Servette depuis plus de dix ans. Il en a donc vu d'autres. Mais la situation vécue actuellement est particulièrement inconfortable. «Au début de saison, nous disposions d'un duo avec Mayer et Descloux. On a donné un ascendant à Robert qui nous a fait quelque chose de spécial la saison dernière et c'était notre gardien No 1. Mais nous savions que Gauthier avait les moyens de bousculer la hiérarchie.»
Le technicien ne souhaite pas parler de la situation personnelle de son gardien No 2. «Mais on s'est retrouvé avec Robert qui a connu des hauts et des bas. Les deux se sont blessés, nous forçant à engager un étranger. Et lorsque tout le monde est de retour, c'est compliqué car il n'y a pas de place pour trois portiers.» Dans un monde idéal, Sébastien Beaulieu aurait souhaité prêter Gauthier Descloux pour lui redonner du temps de jeu. «Car désormais, nous sommes dans une situation compliquée au classement et ce serait très risqué d'envoyer Gauthier devant le filet alors qu'il n'a pas joué depuis deux mois.»
N'aurait-il pas pu éviter une telle issue quasi ingérable? «Avec la nécessité d'engager un étranger, c'était compliqué. Et dans le même temps, nous savons que nous aurons besoin de Gauthier tôt ou tard. Mais nous sommes dans une situation extrême et avons besoin de 7, 8 ou même neuf victoires sur nos derniers matches. J'ai l'habitude de manager mes gardiens différemment, mais en ce moment, c'est une situation d'urgence à laquelle nous devons faire face.»
De son côté, Gaëtan Voisard, agent de Gauthier Descloux, commence à s'impatienter. «Cela commence à faire long, regrette le représentant du gardien. J'ai déjà eu plusieurs discussions avec Marc (ndlr Gautschi, directeur sportif) à ce sujet. Surtout, je suis dérangé par le fait que les statistiques de Gauthier ne sont de loin pas les moins bonnes de trois gardiens actuels tant en moyenne de buts encaissés qu'en pourcentage d'arrêts. C'est ce qui me fait me poser des questions.»
Sans vouloir comparer les différents gardiens des Vernets, le Jurassien précise: «Je me dis qu'il aurait mérité une chance durant tout ce temps de prouver sa valeur et je ne comprends pas forcément pourquoi cela n'a pas été le cas. Plus les jours passent et plus ce sera difficile pour Gauthier de maintenir son meilleur niveau sans minute de jeu. C'est dommage pour mon joueur, mais cela peut aussi l'être pour le club en cas de problème à l'un des autres gardiens.»
Et toi, tu dois accepter ce rôle...
Exactement. Moi, j'ai momentanément dû abandonner l'idée d'avoir du temps de jeu et comprendre qu'on est une équipe. Notre but à tous doit être que le gardien titulaire soit mis dans les meilleures conditions possibles. Cela veut dire que moi, j'aurai moins d'opportunité de progresser à l'entraînement, car j'ai un moins grand volume de shoots. Mais même si on n'est les trois pas à 100% satisfaits, on doit vivre ensemble et continuer à nous tirer vers le haut.
Cela te force à trouver de nouveaux objectifs puisque pour le temps de jeu cela semble compliqué?
Oui, je travaille différemment et vais davantage au fitness. C'est une opportunité de progresser dans d'autres domaines comme le gainage ou la force dans les jambes. Bref, je dois me focaliser sur ce que je peux contrôler tout en essayant de continuer à progresser.
Avec un retour au jeu dans un coin de la tête.
Exactement. Et je comprends que de l'extérieur ce soit difficile à comprendre. Mais lorsque l'on est joueur de hockey, on peut également avoir des situations plus compliquées. On vit potentiellement les mêmes choses que tout le monde. Mais je ne regrette rien. Ma famille a un impact incroyablement positif sur ma vie. Au final, je me réjouis de jouer à nouveau devant ma famille genevoise et retrouver une place plus en vue dans la hiérarchie parce que je me sens profondément servettien.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | ZSC Lions | 27 | 32 | 58 | |
2 | HC Davos | 31 | 26 | 57 | |
3 | Lausanne HC | 30 | 9 | 56 | |
4 | EHC Kloten | 31 | 0 | 53 | |
5 | SC Berne | 30 | 17 | 52 | |
6 | EV Zoug | 29 | 16 | 46 | |
7 | SCL Tigers | 29 | 3 | 41 | |
8 | EHC Bienne | 29 | 1 | 40 | |
9 | HC Fribourg-Gottéron | 30 | -8 | 39 | |
10 | HC Ambri-Piotta | 30 | -19 | 39 | |
11 | Rapperswil-Jona Lakers | 31 | -15 | 39 | |
12 | Genève-Servette HC | 27 | 0 | 36 | |
13 | HC Lugano | 29 | -22 | 36 | |
14 | HC Ajoie | 29 | -40 | 26 |