«Il le mérite!»
Louis Matte, l’éternel assistant devenu champion

Pendant 12 saisons, Louis Matte a été l'entraîneur assistant de Chris McSorley à Genève-Servette. Coach principal de La Chaux-de-Fonds depuis le début de la saison, le Canadien a remporté le titre de Swiss League – sous les yeux de son ancien mentor.
Publié: 22.03.2023 à 09:59 heures
Nul doute que les sceptiques se sont fait discrets ce 21 mars à 22h28 face à la victoire de Louis Matte.
Photo: Pascal Muller/freshfocus
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Matthias DavetJournaliste Blick

Lorsqu'en mai 2022, Louis Matte a été officiellement intronisé comme le nouvel homme fort du HC La Chaux-de-Fonds, de nombreux spécialistes ont douté. Celui qui venait de passer 14 saisons en tant qu'entraîneur assistant de Genève-Servette allait-il vraiment avoir les épaules pour diriger une équipe?

Nul doute que les sceptiques se sont fait discrets ce 21 mars à 22h28. C'est l'heure à laquelle Louis Matte s'est présenté devant le kop des supporters chaux-de-fonniers, pour brandir la coupe de Swiss League. Dix mois après son annonce, le Canadien a fait taire les critiques et est devenu champion avec ses joueurs.

Un temps-mort improvisé

Eh oui, Louis Matte est en grande partie responsable de ce titre. Et il a encore démontré toute son intelligence du jeu durant cet acte IV de la finale face à Olten. Sur le tableau d'affichage, il reste 2'32 dans le premier tiers. Les Soleurois viennent d'écoper de deux minutes de pénalité et le public, énervé, balance des papiers sur la glace. Le temps de tout nettoyer, Louis Matte a appelé ses joueurs. Douze secondes plus tard, le HCC ouvrait le score.

«On avait un système préparé – on savait que quand la pression retombait, il ne prêtait pas trop d'attention au joueur derrière le but, décrypte l'entraîneur des Abeilles. Les gars l'ont exécuté de manière magnifique. Quand tu as des joueurs de talent sur la glace, ils trouvent toujours une façon de bien le réaliser.» Et quand le coach donne les bonnes consignes, ça aide aussi.

Quelques instants après avoir soulevé le trophée, Louis Matte a encore les yeux qui brillent: «Je ne sais pas ce qui me passe par la tête… Il y a bien sûr beaucoup de fierté. Les gars ont bien travaillé et sincèrement, on ne pensait jamais finir cette série en quatre matches. Tout a fonctionné. Et j'étais passé deux fois proche du titre avec Genève…»

Louis Matte et Chris McSorley ont passé de nombreuses années sur le même banc, à Genève.
Photo: PIUS KOLLER

La venue de Chris McSorley

Et l'une de ces deux fois, Chris McSorley était sur le banc des Aigles en tant qu'entraîneur principal. L'Ontarien était aussi dans les travées du Kleinholz d'Olten lorsque Louis Matte et son équipe ont remporté le titre. «J'ai essayé de venir ici sans faire de bruit», sourit Chris McSorley. Son ancien assistant ne savait pas, jusqu'à la fin du match, qu'il était quelque part dans la patinoire.

«Je suis tellement heureux pour mon ami, s'exclame Chris McSorley. C'est un coach et un être humain formidable. Il le mérite.» Ensemble, les deux hommes ont presque tout vécu avec Genève. Presque, car ils n'ont pas pu décrocher le trophée de National League.

«Dans une vie, tu n'as pas beaucoup de chances de gagner un titre, souffle l'ancien coach du GSHC. Je sais que Louis va apprécier ce moment – surtout avec son frère René, ici pour lui…»

«C'est important de la soutenir»

Car Chris McSorley n'était pas le seul proche de Louis Matte à avoir fait le déplacement jusqu'au Kleinholz. Son jumeau René était aussi dans les parages. «Je suis fier de lui, entame l'entraîneur assistant d'Ambri-Piotta. Et je suis très content qu'il ait eu sa chance et qu'il ait été capable de montrer qu'il pouvait gagner un titre.»

Ici avec un membre du staff chaux-de-fonniers, Chris McSorley (à dr.) a rodé dans les couloirs du Kleinholz.
Photo: keystone-sda.ch

Désormais séparé de centaines de kilomètres, les deux frères Matte restent très soudés. «J'ai eu la chance de venir à un match en demi-finales, précise René. C'est important de le soutenir – c'est une forme de respect. Même si on n'a aucune incidence et qu'on ne peut rien faire, on peut quand même apporter quelque chose.»

Et le poker a été gagnant pour Loïc Burkhalter, le directeur sportif du HCC et Olivier Calame, le président. «On a pris un gars avec de la bouteille sur le banc, souligne ce dernier. Il a de l'expérience, du vécu. Et Louis a apporté la meilleure des réponses aux sceptiques.» On peut donc facilement dire que ce n'est de loin pas un échec pour Matte.

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