Dans le car qui ramène les joueurs d'Arosa à Martigny, l'ambiance semble feutrée. Lorsqu'on atteint nos deux interlocuteurs au téléphone, il n'y a pas des scènes de liesse autour d'eux. Et pourtant, quelques heures plus tôt, les joueurs octoduriens avaient décroché l'un des gros objectifs de leur saison: être promu en Swiss League grâce à leur victoire en demi-finales face à Arosa (5-1, série remportée 3-0).
«Mais on en avait trois en début de saison: la Coupe de Suisse, la promotion et le titre en championnat», précise Jérémy Gailland, le capitaine du HCV Martigny. Les deux premiers ont déjà été atteints, il ne manque plus que trois victoires face à Thoune en finale de MyHockey League.
L'importance du titre
C'est donc pour cela qu'au sein du car, on ne fait guère la fête. Mais pourquoi, alors que la promotion est déjà atteinte, souhaite-t-on autant ce titre dans l'équipe? «Dans cette équipe, il y a pas mal de monde qui ne jouera pas en Swiss League. Il y a aussi un gros noyau qui veut finir sur un titre. Il faut aller au bout et soulever cette coupe», répond Jérémy Gailland.
Nicolas Burdet, le directeur sportif de Martigny, abonde dans le sens de son capitaine: «On court depuis des années après un titre et c'est la meilleure façon de clore un chapitre. Mais on veut aussi monter en ayant cette légitimité d'être champion. On veut donner une valeur supplémentaire à cette promotion.» Face à Thoune, gagnant de la saison régulière, ce ne sera pas une tâche aisée.
«On peut discuter sans les 'Si'»
On ne sait donc pas si, d'ici la fin du mois, Martigny sera champion de MyHockey League. Mais on sait en revanche qu'en septembre, les pensionnaires du Forum feront leur retour en deuxième division. Avec quel visage? «On ne va pas travailler que pour le Martigny de la saison 2023-24, mais on doit avoir une vision au moins à moyen terme pour assurer une stabilité», répond le directeur sportif.
Point positif pour Nicolas Burdet et son club: les discussions déjà entamées vont être plus concrètes. On peut par exemple penser à un éventuel partenariat avec un club de National League, comme c'est beaucoup le cas dans d'autres équipes. «Jusqu'à maintenant, on parlait avec des 'Si'. On peut désormais discuter sans.»
L'appui d'un club de l'élite serait très précieux pour les Octoduriens. Car survivre en Swiss League n'est pas une sinécure – le club du coude du Rhône peut en témoigner, lui qui a été relégué deux fois pour des raisons financières en 15 ans. Mais cette nouvelle épreuve ne fait pas peur à Nicolas Burdet et son équipe. «La Swiss League est essentielle au hockey suisse et elle a un rôle à jouer. Nous devons travailler pour faire en sorte de la développer. Et si personne ne prend de risques, on va perdre cet échelon.»
Jérémy Gailland prend sa retraite
Pour le directeur sportif, la deuxième division a donc un rôle à jouer. Mais à l'inverse, quel rôle Martigny va-t-il jouer dans l'antichambre du hockey suisse? «Ce n'est pas à l'heure actuelle qu'on va se fixer des objectifs, tempère Nicolas Burdet. Ce n'est pas le temps des ambitions, mais celui de la construction.»
Mais cette construction et cette aventure du HCV Martigny en deuxième division s'écrira sans son capitaine Jérémy Gailland. À bientôt 35 ans, l'ancien joueur de Lausanne et Rapperswil a décidé de raccrocher les patins à la fin de cette saison: «Ça ne fait pas de sens pour moi de jouer en Swiss League la saison prochaine. J'ai 35 ans… Place aux jeunes! Je sais l'énergie que ça prend pour être en forme. J'ai vécu une quinzaine d'opérations et je pense que physiquement, ce serait compliqué. Je ne veux pas faire la saison de trop.»
Cette retraite du capitaine emblématique de Martigny devrait donner une motivation supplémentaire – si besoin il y a – pour aller décrocher le titre de MyHockey League.