Lors du dernier championnat, le Lausanne HC s’était incliné en quarts de finale face à Fribourg Gottéron (4-1) au terme d’une série extrêmement serrée. Derrière le banc, John Fust a dû endosser le costume du perdant honorable. Quelques mois plus tard, le technicien est de retour à la barre d’un Lausanne HC toujours aussi ambitieux.
«Tu as de la chance que je sois là. Aujourd'hui c'est congé pour les joueurs, mais j'étais tout de même présent à la patinoire.» John Fust rigole au moment de se mettre à table au Spot Café situé dans le bâtiment de la Vaudoise aréna. Alors que seuls les convalescents sont sur la glace, le reste de l'équipe bénéficie d'un jour de congé. Cela a permis à l'entraîneur des Lausannois de prendre une vingtaine de minutes pour refaire le monde. Et penser à la saison prochaine. Aucun sujet n'a été éludé. Même Petr Svoboda. Entretien en «tu» entre deux personnes qui, à force, se connaissent bien.
«Tu as de la chance que je sois là. Aujourd'hui c'est congé pour les joueurs, mais j'étais tout de même présent à la patinoire.» John Fust rigole au moment de se mettre à table au Spot Café situé dans le bâtiment de la Vaudoise aréna. Alors que seuls les convalescents sont sur la glace, le reste de l'équipe bénéficie d'un jour de congé. Cela a permis à l'entraîneur des Lausannois de prendre une vingtaine de minutes pour refaire le monde. Et penser à la saison prochaine. Aucun sujet n'a été éludé. Même Petr Svoboda. Entretien en «tu» entre deux personnes qui, à force, se connaissent bien.
Comment aborde-t-il ce championnat alors qu’il est en fin de contrat? La cohabitation avec le directeur des opérations hockey, Petr Svoboda, est-elle facile? Sur quoi a-t-il travaillé pour éviter une nouvelle déception cette saison? Entretien avec un coach qui sera forcément sous pression du côté de la Vaudoise aréna.
John Fust, comment se passe cette préparation?
Je dirais que nous sommes là où je voulais que nous soyons aujourd’hui. Si je dois comparer avec la saison dernière, nous avons une préparation qui se passe mieux car tout le monde est présent depuis les premiers jours. En 2021, nous avions quelques joueurs absents pour les qualifications olympiques. J’ai donc eu du plaisir de travailler avec tout le monde dès le début. Tout ce que nous avons planifié a pu être fait. En ce qui concerne les unités spéciales, le forecheck et le jeu défensif, je suis satisfait de voir où nous nous situons actuellement. Il nous reste désormais un match face à Ajoie, samedi, pour affiner les petits détails.
Tu as disposé d’un cadre large voire très large. Comment gères-tu cela?
Je l’ai pris comme un luxe d’avoir cinq ou carrément six lignes à disposition. La compétition était féroce. Mais il est vrai que cela demande également pas mal de gestion si l’on veut garder une certaine qualité et de l’intensité lors de chaque entraînement. Nous avons prêté deux joueurs (ndlr: Makai Holdener et Floran Douay) à Grenoble ainsi que d’autres à Sierre et Ajoie. Grâce aux deux pistes de glace, nous avons également pu bénéficier de ressources supplémentaires pour effecteur deux séances en simultané. C’était important pour notre rythme.
Les Grenoblois, Ajoulots et Sierrois vont-ils revenir bientôt?
Les joueurs prêtés à Grenoble seront de retour en fin de semaine. Pour Fabio Arnold, une décision devra intervenir ces prochains jours. Certains cas sont toujours ouverts. C’est toujours à double tranchant d’avoir autant de joueurs. D’un côté c’est un avantage, mais d’un autre il faut beaucoup travailler pour que tout le monde soit en forme et prêt à jouer. À l’inverse, nous pouvons réagir instantanément en cas de blessure.
Et toi personnellement, dans tout ça?
Moi ça va. En toute honnêteté, je dois bien t’avouer que cela m’a pris des semaines pour me remettre de ce quart de finale perdu contre Fribourg Gottéron. Pour en parler, je vais utiliser les mots de Christian Dubé lui-même. Cela s’est joué sur presque rien. Et je suis aujourd’hui toujours convaincu qu’à 5 contre 5 nous étions la meilleure équipe sur la glace. Mais les unités spéciales nous ont coûté des matches et la série. Du coup on en est désormais à se dire «what if». Qu’est-ce qui aurait pu se passer sans cette défaillance? Le potentiel est là et je pense que nous nous sommes améliorés cet été.
Oui, mais toutes les équipes se sont renforcées…
Oui, tu as raison. Mais je veux être ambitieux avec ce groupe. Cet échec est la meilleure chose qui aurait pu arriver pour nous permettre de nous remettre en question et d’apprendre dans le but d’être meilleur. J’ai toujours été convaincu que la défaite te rendait meilleur et nous avons appris bien des choses durant toute la saison.
Comme quoi?
Dans tous les domaines. Bien sûr on ne retient que le power-play et le box-play. Mais il n’y a pas que ça. Cela passe par la gestion au quotidien durant la saison. Les entraînements. La préparation physique que nous avons modifiée. Nous avions effectué de nombreux ajustements en deuxième partie de saison qui nous avaient été bénéfiques. Nous souhaitons désormais les appliquer durant tout un championnat.
À titre personnel, tu as encore un an de contrat n’est-ce pas?
Exact.
Est-ce vraiment possible de faire abstraction de cela?
Honnêtement? Oui. Car finalement je connais ce monde. Que tu aies un contrat ou non, ce sont les résultats qui décident de tout. Je veux prouver aux gens que je suis capable d’avoir du succès avec cette équipe. C’est un beau challenge. Mais il n’y a pas que cela. Je suis également impliqué dans l’academy et au niveau de la direction sportive. Je fais de mon mieux partout et je sais que si je donne satisfaction, on discutera tôt ou tard d’une prolongation. Mais je dois le prouver.
Tu as un rôle particulier. Tu n’es pas uniquement entraîneur mais tu n’as pas la même liberté que Christian Dubé à Fribourg qui, lui, a les deux casquettes. Comment fais-tu avec «une casquette et demie»?
C’est une organisation qui fonctionne très bien. Et si l’on parle plus précisément de ma relation avec Petr Svoboda, je sais ce qu’il en est et je sais qu’il a le dernier mot sur les décisions financières et au niveau des transferts. Mais il n’y a pas que cela comme job. Au quotidien, je suis en contact avec les agents et directeurs sportifs. J’adore ça. Je veux endosser cette responsabilité d’aider à amener le Lausanne HC au plus haut niveau.
J’allais dire «les médias disent…» mais en fait je peux surtout parler de moi. J’écris souvent que Petr Svoboda est omniprésent. Presque trop selon ce que j’entends. Toi, comment vis-tu cela de l’intérieur?
J’ai appris à travailler avec Petr Svoboda. Bien sûr, nous ne sommes pas toujours du même avis. Mais nous nous parlons tous les jours et même plusieurs fois par jour. À la fin, la question doit toujours être: quelle est la meilleure décision pour l’équipe? S’il est exigeant et veut influencer les choses, c’est parce qu’il veut gagner. Nous avons le même objectif. Est-ce que cette relation est particulière? Oui, évidemment. Mais j’ai clairement insisté sur le fait que le coach doit être autonome sur la glace et dans les décisions concernant l’alignement. Je sais que d’un point de vue hiérarchique que je réponds de lui, mais je dois pouvoir faire mon job de coach avec une certaine sérénité et autonomie. Ce que j’ai.