On est évidemment encore très tôt dans la préparation et il reste trois semaines avant la reprise du championnat de National League. Pourtant, Michael Raffl paraît déjà bien en jambes. Sa prestation lors de l’entrée en lice du Lausanne HC lors de la Coupe des Bains l’a confirmé puisque l’Autrichien a inscrit 1 but et 1 assist. Mieux, la ligne qu’il compose avec Michael Hügli et Ken Jäger a été omniprésente.
L’homme qui a disputé plus de 500 matches de NHL durant sa longue carrière a débarqué cet été sur les bords du Léman. Une décision qui n’a pas été facile à prendre. «Lorsque tu changes drastiquement quelque chose dans ta vie, c’est forcément un processus, nous a-t-il confié. J’ai tout de même passé près de dix ans en Amérique du Nord et je n’allais pas tirer un trait dessus du jour au lendemain.»
Même cette année, l’hésitation a duré. «Vous savez, il y a toujours ce rêve de gagner une fois la Coupe Stanley dans sa carrière, raconte celui qui a participé à six reprises aux séries éliminatoires. Mais tôt ou tard, il faut savoir faire des choix. Je suis fier de ce que j’ai accompli et ne regrette rien. Mais il était temps de passer à autre chose.»
L’influence de Mark Streit
En six championnats du monde, Michael Raffl a affronté à plusieurs reprises la Suisse, nation plus huppée que l’Autriche. «Mais même si on peut considérer votre pays comme notre grand frère en matière de hockey sur glace, je n’ai jamais vécu ces matches comme quelque chose de particulier. C’était à chaque fois une bonne atmosphère sur la glace.» Il faut dire qu’il a pu compter sur un Helvète pour l’accueillir en NHL. «En arrivant à Philadelphie pour ma première saison en Amérique du Nord, j’ai eu la chance de rencontrer Mark Streit. Il m’a beaucoup aidé. Son influence sur ma carrière a été très grande. Je n’oublierai jamais ce qu’il a fait pour moi et c’est aussi pour cela que la Suisse m’a toujours été très sympathique.»
Contrairement à nombre de joueurs «sur la fin» débarquant de NHL, Michael Raffl était encore un titulaire indiscutable notamment à Dallas lors de son dernier championnat disputé puisqu’il a porté le maillot des Stars durant 76 et 82 rencontres. «Ce qui m’a décidé? La famille. Vous savez nous venons de passer plus de dix ans à travers le monde et nous venons également de vivre deux années difficiles avec le coronavirus. Ma femme et mes enfants ont dû faire beaucoup de concessions. Je sentais également que c’était le moment pour moi de revenir en Europe et d’avoir moins de voyages.»
Pour l’heure, il vit seul sur les bords du Léman. «Ils profitent encore de l’été en Autriche avant de me rejoindre, précise-t-il. Cela me donne un peu de temps pour trouver mes automatismes dans cette ville et dans mon nouveau lieu de vie. Et comme ça, tout sera prêt pour les accueillir de la meilleure des manières.»
Il a déjà joué à Lausanne
Et en Europe, c’est du côté du Lausanne HC qu’il a posé ses valises. Coïncidence, Michael Raffl était présent lors de l’inauguration de la Vaudoise aréna puisqu’il jouait pour les Philadelphia Flyers. «J’en garde d’excellents souvenirs, raconte-t-il. Enfin sauf pour le match (rires).» L’équipe de NHL s’était inclinée 4-3 après avoir été rapidement menée 4-0. «On est arrivés dans le vestiaire et on était choqués, rigole-t-il. On s’est dit que Lausanne semblait plus fort qu’une équipe de NHL.»
La franchise de Pennsylvanie est revenue au score mais s’est finalement inclinée 4-3. «C’était un sacré match dans une superbe atmosphère. Lausanne possède une belle patinoire du niveau de celles que l’on peut voir en Amérique du Nord. Juste un rien plus petite mais ce sera cool de jouer devant des gradins pleins après ces années perturbées par le coronavirus.»
«Je dois changer de rôle»
En Europe, Michael Raffl aura forcément un rôle différent de celui qu’il avait en Amérique du Nord. «Oui, je dois adapter mon jeu, précise-t-il avant de donner un exemple. Là-bas, je jouais 12 minutes par match. Ici, ce sera plus proche de la vingtaine. L’intensité que tu peux mettre sur 12 ou 20 minutes est très différente. Il faut peut-être se montrer parfois plus intelligent dans la gestion du match.» Ce qu’il fait avec l’équipe nationale d’Autriche, d’ailleurs.
En sélection, il est un des leaders historiques. Ce statut, il est prêt à l’accepter. «C’est forcé de devenir une voix plus présente lorsque tu prends de l’âge, remarque-t-il. Mais je reviens à Mark Streit. J’ai beaucoup appris à être un leader grâce à lui. Je n’ai jamais trop aimé les gars qui parlent tout le temps. Souvent, ce n’est pas ce que tu dis qui compte, mais ce que tu fais. Moi, j’essaie de montrer l’exemple par mes actes. Comme Mark le faisait très bien.»
Ce jeudi soir, Michael Raffl devrait à nouveau être sur la glace lors du deuxième match des Lions dans le cadre de la Coupe des Bains. En face? Les Grizzlys de Wolfsburg. «Je sens que j’ai encore une marge de progression d’ici le début du championnat», promet-il. Sur ce qu’il a montré mercredi soir, il y a de quoi se montrer optimiste pour le nouveau renfort des Lions lémaniques.