Cela fait désormais cinq semaines que Damien Riat manque à l’appel du côté du Lausanne HC. Selon le communiqué de presse du club, il devait être absent pour quatre semaines environ. Son retour au jeu n’aura toutefois pas lieu avant la fin du mois voire début décembre.
Souffrant d’une thrombose au bras droit, l’ailier international va revenir sur la glace ce jeudi après être passé par tous les états d’âme et après avoir dû slalomer entre les rendez-vous chez le médecin. Rencontré en début de semaine, il piaffait d’impatience à l’idée de rechausser les patins. Interview.
Damien Riat, question toute bête pour commencer. Comment ça va?
Ça va pas mal, je dois dire. Je suis content, car je peux reprendre les entraînements sur la glace à partir de ce jeudi. Je vais déjà revenir tranquillement afin de repartir sur de bonnes bases. Là où j’en étais avant ce problème, en fait.
Avez-vous déjà encerclé un match dans votre calendrier pour votre retour au jeu?
Non, pas de manière aussi précise. Mais je sais que la période entre fin novembre et début décembre devrait être propice. Mais à cet instant, je ne peux pas être plus précis, car cela va dépendre de la manière dont les entraînements se passent. Le plus important, actuellement, est de retrouver la mobilité au niveau de mon poignet et de mon bras. C’est un travail que je fais au quotidien avec les physios et l’entraîneur physique.
Une thrombose, pour un hockeyeur, ce n’est pas vraiment une blessure normale, non?
Non vraiment pas. Je n’avais jamais entendu un coéquipier ou un adversaire en souffrir. C’est totalement inattendu et cela m’est tombé dessus d’un coup. Pour tout vous dire, lorsque j’ai appris cela, ça m’a coupé les jambes en deux. Comment c’est arrivé? Je ne sais pas. Mais j’ai dû l’accepter.
Vous avez donc dû être opéré?
Oui afin de retirer le caillot de sang qui bouchait mon artère. C’était le 14 octobre. Depuis, j’ai dû attendre car j’étais sous anticoagulant et je ne pouvais pas me permettre de me faire mal. J’ai donc fait ce que j’ai pu avec les jambes. Depuis peu, j’ai recommencé la force au niveau des bras.
Vous avez beaucoup perdu?
Oui, clairement même. Mais même si tu perds vite, tu regagnes également rapidement. La mémoire musculaire permet de récupérer assez bien. Après quelques jours de plâtre, j’ai pu à nouveau bouger la main. C’était d’ailleurs le plus difficile, car au début tout est très rigide puisque la cicatrice est au niveau des tendons.
Comment avez-vous vécu cette période?
Pas de manière forcément très simple. Déjà parce que j’ai la phobie des interventions chirurgicales.
En tant que hockeyeur, vous avez l’habitude non?
Non non, c’était la toute première! J’étais un peu stressé, mais pas forcément pour la thrombose, mais plus pour l’opération. Par chance, nous avons pu identifier le problème relativement tôt et éviter que cela empire.
Comment avez-vous su qu’il y avait un problème?
J’ai senti une gêne début octobre. Nous avions un match le 2 à Lugano. C’était un samedi et nous avions congé le lendemain. J’étais à la maison et je sentais une douleur à l’endroit d’un gros bleu. Je me suis dit que cela passerait. Lorsque j’ai senti des fourmillements, je me suis dit qu’il fallait en parler, mais j’ai tout de même voulu participer à l’entraînement du lundi. Je n’étais plus capable de recevoir une passe ou de faire un shoot. Comme si j’avais un os cassé. Nous avons fait une radiographie et une IRM. C’est lors de ce dernier examen que l’on a remarqué le problème d’artère. Quand on te dit que c’est une thrombose, ça fait un choc.
D’autant plus que vous aviez déjà eu un autre épisode malheureux récemment.
Oui, en 2019 j’avais reçu un shoot d’un coéquipier au-dessus de l’oreille. Cela m’avait provoqué une petite hémorragie interne dans la tête avant que je ressente les symptômes d’une commotion. Lors de mon premier retour au jeu, j’étais perdu sur la glace. Tout allait trop vite pour moi. Les yeux ne suivaient tout simplement pas le jeu. J’ai dû attendre encore un mois après cela.
Cela fait deux épisodes assez sérieux en peu de temps. On imagine une certaine frustration chez vous.
Je vous avoue que la première semaine, j’ai eu beaucoup de peine à accepter. Cela me coupait ma saison alors qu’elle avait bien commencé. Tout se passait bien. J’étais content dans ma nouvelle équipe avec une nouvelle énergie. Mais après cette période, je me suis dit que cela aurait pu être bien plus grave. On ne sait pas ce qui aurait pu se passer si nous n’avions pas réagi ainsi. Et je tiens également à remercier le club qui m’a beaucoup soutenu durant cette période. C’était important.
Avez-vous encore l’espoir de disputer les Jeux olympiques en février prochain?
Je n’ai pas encore parlé avec Patrick Fischer, le sélectionneur national. J’imagine que j’aurai une chance lors du tournoi de Viège qui aura lieu mi-décembre. Mais cela va également dépendre de la manière dont je reviens au jeu et dans quelle forme je me trouve. À moi de montrer ce que je vaux sur la glace. Mais ma priorité est surtout de revenir au jeu et d'être performant avec le Lausanne HC. Nous avons un championnat à aller gagner!
Ce retour en Suisse était-il justement lié à cette éventualité de jouer avec l’équipe de Suisse?
Pas du tout. Personne ne le sait car je n’ai pas voulu trop en parler à l’époque. Mais si je suis revenu jouer ici, c’est avant tout pour des raisons privées. J’ai fait la demande à Washington, le club qui détient mes droits en Amérique du Nord. Les dirigeants ont très bien compris ma situation. Je ne veux pas être trop spécifique, mais avec leur soutien, j’ai pu chercher un club pouvant me permettre de progresser et où j’aurais un gros rôle à jouer.
Rôle que vous aviez.
Et que j’espère retrouver. Je suis confiant en tout cas. Je travaille beaucoup pour être au top de ma forme et je suis assez fier de moi. Je ne me suis pas relâché lors de ma rééducation. Des jours, je suis cramé. Mais malgré tout, je continue de bosser.
Avec, dans un coin de la tête, l’idée de repartir?
Au moment où nous nous parlons, toutes les portes sont ouvertes. Je n’ai pas pris de décision à l’heure actuelle. Une chose est toutefois sûre. Je discuterai en priorité avec mes employeurs actuels, que ce soit Washington ou Lausanne. Je me sens très bien ici et j’ai de bons contacts avec Petr (ndlr Svoboda, le directeur des opérations hockey et propriétaire du club). Il a des connexions en NHL et peut m’aider à réussir là-bas. Et la Vaudoise aréna possède de belles infrastructures pour travailler sérieusement.
Washington n’a pas envie de vous voir disputer une seconde saison en AHL?
Nous avons des contacts toutes les semaines dans le cadre du suivi médial, mais également avec le directeur du développement des joueurs. Mais en ce qui concerne mon futur, nous n’avons pas trop discuté. Pour moi, une chose est sûre: ce ne sera pas facile d’intégrer l’équipe des Capitals. C’est l’une des plus grosses organisations de NHL et c’est un sacré challenge. À la base, je partais là-bas pour le relever, mais les choses de la vie ont fait que tout ne s’est pas passé comme prévu. Je me dis que c’est ainsi que cela devait se dérouler. Peut-être que je partirai la saison prochaine. Ou plus tard.