Sean Simpson : «L'apprentissage de l'hymne»
Sean Simpson a été l'entraîneur de l'équipe nationale suisse de 2010 à 2014. Il a également coaché Zoug, Zurich, Kloten et Fribourg. Dernièrement, il a obtenu la promotion dans le groupe A avec l'équipe nationale de Hongrie, dont il était l'entraîneur jusqu'en 2022.
«Je n'arrive pas à croire que cela fait déjà dix ans. C'était encore l'époque où l'objectif était d'arriver en quarts de finale. La Suisse n'en avait jamais gagné un jusque-là. Le fait que nous ayons réussi à atteindre la finale était tellement incroyable. Nous, les personnes impliquées, resterons liées à vie.
Très tôt, j'ai eu le sentiment que quelque chose pouvait naître ici. Mais je n'en ai pas parlé. Le fait que nous ayons gagné dès les premiers matches contre les grandes nations que sont la Suède, le Canada et la République tchèque nous a donné des ailes. C'était une grande équipe avec des leaders forts. L'état d'esprit était parfait. La victoire en quart de finale contre la République tchèque a été une énorme délivrance et nous avons pris conscience que nous allions jouer pour une médaille. Le duel en demi-finales contre les États-Unis a été l'un des meilleurs matches jamais joués par mon équipe. Lorsque je repense à ces moments, je ressens à nouveau des émotions.
Je voudrais mentionner trois souvenirs particuliers parmi tant d'autres. Premièrement, mon discours avant la demi-finale. Mon mot d'ordre pour ce championnat du monde était: spécial. Il était présent dans chaque discours. Il est devenu pour moi une sorte de porte-bonheur. Je n'ai pas préparé de speech avant le match contre les États-Unis. Les mots venaient du cœur. J'ai dit aux joueurs que cette rencontre pourrait être celle de leur vie. Je ne savais pas que le coach vidéo de l'époque avait enregistré ce discours.
Ensuite, l'hymne. Comme j'avais remarqué l'année précédente que tout le monde ne chantait pas avec moi, nous avons répété les paroles et le chant pendant les camps. Je voulais que tout le monde soit fier de chanter l'hymne. Avant le premier match, nous avons appris que l'hymne ne retentirait pas après les matches de groupe, mais seulement après les matches à élimination directe. C'est pourquoi nous nous sommes réunis en cercle dans les vestiaires après les victoires et avons chanté ensemble l'hymne suisse.
Et pour finir, Stefan Grogg. Je voulais que l'ancien joueur de l'équipe nationale, atteint de la maladie de Charcot quelques années auparavant, fasse partie de l'équipe. Il a donc reçu un costume. Nous avons montré une vidéo de lui à l'équipe avant le tournoi. Cela les a touchés, car certains avaient joué avec lui. Lors du Mondial, il y avait un tableau d'affichage à l'hôtel et dans les vestiaires pour ses messages d'inspiration, qu'il m'envoyait à chaque fois. Tout le monde les lisait.
Mon rêve a toujours été de laisser mon empreinte dans ma carrière d'entraîneur et de marquer les équipes nationales et les clubs. J'y suis parvenu.»
Nino Niederreiter: «Il a fallu changer de chauffeur de bus»
Nino Niederreiter est attaquant en NHL chez les Winnipeg Jets. Il est l'un des rares joueurs à avoir été présent en 2013 et 2018 pour les deux médailles d'argent de la Suisse.
«Tout le monde parle de l'année où nous avons décroché l'argent au championnat du monde. Quand j'y repense, c'est d'abord autre chose qui m'impressionne: le fait que nous ayons gagné neuf matches de suite. C'est la performance que j'apprécie le plus.
Avant le départ pour la Suède, l'entraîneur Sean Simpson nous a demandé pourquoi tout le monde ne pensait qu'à atteindre les quarts de finale et pourquoi pas à une médaille. Après le match d'ouverture gagné contre les Suédois, l'euphorie a pris de l'ampleur en Suisse. Mon père, qui travaille comme serrurier, a pu regarder nos matches au magasin.
En revanche, nous étions dans notre propre bulle. Je partageais ma chambre avec Roman Josi. Nous nous amusions, nous chantions souvent ensemble la chanson 'Guantanamera', nous créions de nouvelles paroles et nous enregistrions des vidéos de nous-mêmes. J'étais le plus jeune de l'équipe, mais je m'entendais bien avec tout le monde. Une amitié s'est développée avec mes partenaires de ligne, Simon Moser et Martin Plüss.
Ce qui a frappé tous les joueurs lors de ce tournoi, c'est la forte superstition de l'entraîneur Sean Simpson. Il avait ses rituels, il courait par exemple toujours exactement sur les mêmes chemins. Un changement l'a complètement déstabilisé: Nous avions toujours le même chauffeur pour le bus de notre équipe. Quand, un jour de match, un autre chauffeur de bus s'est soudain assis derrière le volant, Simpson a fait toute une scène et s'est déchaîné jusqu'à ce que le chauffeur soit remplacé par notre chauffeur habituel.»
Julian Walker: «Tout était du bonus pour moi»
Julian Walker a participé à trois championnats du monde avec la Suisse. L'attaquant est actuellement sous contrat avec le HC Lugano.
«Quand j'y repense, c'est une période merveilleuse qui me vient à l'esprit. Les émotions étaient incomparables, la reconnaissance énorme. Ce n'est toutefois que deux ou trois ans plus tard que j'ai vraiment pris conscience de ce que nous avions accompli.
J'ai participé à la préparation du Mondial dès le début. Nous avions de nombreux jeunes joueurs affamés. Je sortais d'une saison décevante avec Genève, où j'ai dû m'accrocher, où je n'ai pas eu beaucoup de temps de glace et où j'ai été critiqué. Je ne m'attendais donc pas du tout à faire partie de la sélection pour le championnat du monde.
J'avais donc déjà réservé nos vacances. Ma femme actuelle, Manuela, et moi voulions nous envoler pour les États-Unis, descendre de New York en Floride et nous offrir une croisière à partir de là. Mais je suis resté dans l'équipe semaine après semaine et nous avons dû reporter nos vacances.
Manuela était alors enceinte de notre première fille. Comme je ne pensais pas avoir de chances de jouer le Mondial, j'ai osé demander à l'entraîneur Simpson si je pouvais l'accompagner à notre première échographie – un jour de match amical. J'ai pu, exceptionnellement. Et c'est ainsi que je me suis rendu de Lausanne à Bellinzone pour ce rendez-vous médical. C'est aussi pour cela que je garde un souvenir particulier de 2013, car Léonie est née quelques mois après notre médaille d'argent.
Tout allait bien dans l'équipe, surtout sur le plan humain. C'est ce qui a fait le succès. Ce qui m'a particulièrement impressionné, c'est le comportement exemplaire des surnuméraires comme Dario Bürgler, Thibaut Monnet ou Tobias Stephan. Ils ont joué le jeu à fond.
D'un point de vue personnel, cela s'est peut-être si bien passé parce que je considérais tout comme du bonus après une saison ratée. Et c'est ainsi que j'ai marqué un but contre les États-Unis en demi-finale de mon premier championnat du monde. Il m'a simplement fallu exploiter la bonne passe de Simon Moser. C'était un moment incroyable.»
Philippe Furrer: «J'ai acheté un matelas gonflable»
Philippe Furrer a participé à six Mondiaux, a joué quatre ans pour Fribourg et a pris sa retraite de hockeyeur professionnel en 2022. L'ex-défenseur est aujourd'hui associé de la société Immoseeker AG et consultant sur la chaîne alémanique SRF.
«Pour moi, c'était l'une des équipes les plus parfaites dans lesquelles j'ai joué. Les rouages s'emboîtaient les uns dans les autres. Cela a montré ce qu'il est possible de faire quand tout le monde regarde dans la même direction. Chacun de nous possédait une pièce du puzzle. À un moment donné, dans les vestiaires, toujours avant l'échauffement, chacun plaçait sa pièce et complétait ainsi la carte de la Suisse. Dans cette dynamique de groupe, chaque joueur s'améliorait encore.
Le moment de bonheur après la demi-finale gagnée contre les États-Unis était au-delà. Rétrospectivement, on peut peut-être dire que notre objectif d'une médaille n'était pas suffisant, si je compare avec l'attitude de l'équipe cinq ans plus tard lors de la finale. En 2018, la Suisse voulait remporter l'or.
Après notre défaite en finale contre les Suédois, nous étions tristes. Ce n'est que lorsque nous étions dans l'avion en direction de notre pays et que nous avons appris combien de personnes nous attendaient à l'aéroport que nous avons réalisé l'ampleur de notre succès.
Aujourd'hui encore, lors d'un trajet en voiture, il m'arrive d'être catapulté dans ce vestiaire. Car dans ma playlist, j'ai toujours enregistré la chanson que notre DJ Roman Josi a mise à fond avant et après les matches: 'Ode to Oi' de TJR. Personne ne pouvait rester tranquillement assis à sa place.
Il y a aussi une anecdote qui fait sourire. J'ai dû acheter un matelas gonflable à Stockholm parce que je dormais si mal dans mon lit d'hôtel. J'étais habitué à un matelas à eau à la maison. Alors, quand j'ai glissé le matelas pneumatique sous l'autre, j'ai beaucoup mieux dormi.»
Raphael Diaz: «J'ai dû m'adapter»
Le défenseur de Fribourg Raphael Diaz a été le capitaine de l'équipe nationale suisse de 2016 à 2022.
«Lorsque le championnat du monde a commencé, je jouais encore les play-off de la NHL avec Montréal. J'ai suivi autant que possible les matches et les résultats de l'équipe nationale. J'ai même vu la victoire aux tirs aux buts contre le Canada en direct dans le bus de l'équipe. Après notre élimination, j'ai rejoint l'équipe en tant que dernier remplaçant pour les deux derniers matches de groupe.
J'ai tout de suite senti que je faisais partie d'une équipe qui avait un parcours que personne ne devait briser. Et leurs routines, que personne ne devait perturber. J'étais conscient que je devais m'adapter. C'était une question d'équipe. Comme je l'ai rejoint si tard, il ne me restait plus qu'une chambre individuelle. C'était un peu spécial pour moi. Cinq ans plus tard, lors de la médaille d'argent au Mondial de 2018, j'étais le plus âgé de l'équipe et j'étais content d'avoir une chambre individuelle.
Le moment le plus spécial a été pour moi la remise des médailles. Bien sûr, nous avions perdu la finale. Mais cela faisait tant de décennies que la Suisse n'avait pas gagné de médaille dans un tournoi international, c'était tellement bouleversant de voir et de recevoir les médailles.»