Bienne sur le podium
La victoire d'Antti Törmänen sur le cancer inspire toute l'équipe

L'histoire est belle: le HC Bienne lutte dans le trio de tête de National League, mené par un entraîneur finlandais qui a vaincu le cancer. Ses joueurs sont formels: «ce n'est pas une coïncidence».
Publié: 07.11.2021 à 14:10 heures
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Dernière mise à jour: 07.11.2021 à 14:26 heures
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Il peux rire à nouveau: Antti Törmänen est de retour. Et son HC Bienne lutte dans le haut du classement.
Photo: keystone-sda.ch
Angelo Rocchinotti

Soudain, il n'y a plus un bruit dans la Tissot Arena. Viktor Lööv vient de s’écraser dans la bande pendant l’entraînement du HC Bienne. Il reste étendu là, le visage déformé par la douleur. L’entraîneur Antti Törmänen hausse les sourcils, puis il pousse un ouf de soulagement quand le Suédois retourne au jeu après une courte pause.

«Trois joueurs étrangers sont déjà blessés. En plus, je n’ai que quatre défenseurs à ma disposition», explique le Finlandais, avant d’ajouter: «Il ne faut pas trop en parler. Les pensées négatives sont nuisibles. Désormais, les jeunes joueurs ont leur chance et c’est aussi bon pour le club.»

Une analyse positive qui caractérise parfaitement l’homme de 51 ans. Même dans les moments les plus sombres, il n’a jamais perdu courage. C’était également le cas le 9 juillet de l’année dernière, lorsque ce père de deux enfants a reçu un diagnostic dévastateur le jour de son 21e anniversaire de mariage: il a contracté un cancer de la vésicule biliaire. Les chances de survie sont minces. En moyenne, les personnes atteintes n’ont plus que six mois à vivre.

«J’avais un objectif dès le premier jour: retrouver mon banc d’entraîneur. C’était le plus grand combat de ma vie», explique Antti Törmänen. À ses yeux, sa chimiothérapie est alors devenue un «match de play-off». Et il a gagné.

«On pouvait sentir l’incertitude»

Antti Törmänen est désormais de retour et Bienne joue dans le haut du tableau. «Ce n’est pas une coïncidence, répond l’attaquant Luca Cunti. Nous avons vu comment Antti s’est battu et a fait son chemin. C’était impressionnant et cela a déclenché quelque chose dans notre subconscient. Il n’y a aucune raison de ne pas mettre les gaz sur la glace. Sa maladie a été un énorme choc. Nous étions à la fois animés par la crainte et l’espoir pour lui.»

Après une année de pause, l’entraîneur finlandais a dû retrouver ses marques. «On ne savait pas si son corps serait capable de résister à l’effort, explique le défenseur Yannick Rathgeb. Lors des deux ou trois premiers matches de préparation, on sentait l’incertitude. En plus, de nombreux joueurs ne le connaissaient pas encore et devaient encore apprendre à le connaître. Finalement, on s’est tous retrouvés comme avant, comme avant sa maladie.»

L’épreuve a-t-elle changé le technicien? «Antti est extrêmement heureux de pouvoir faire son travail et de s’épanouir dans sa vie, confie son assistant Thomas Zamboni. Il a toujours aimé venir à la patinoire, être entouré de l’équipe. C’est encore plus fort aujourd’hui.» Quand les choses ne vont pas bien, Antti Törmänen reste tranquille. «Dans le passé, il y a eu des moments chauds où il s’est mis en colère – comme tout le monde. Maintenant, il est extrêmement calme. Les problèmes sont là pour être résolus.»

Pas de relâchement

Une sérénité qui se transmet à l’équipe. «D’une manière générale, nous sommes plus détendus», reconnaît l’expérimenté défenseur Beat Forster. «Même si nous sommes menés 3-0, nous croyons toujours en nos forces. C’est une force qu’Antti a apportée au groupe: il a toujours été très fort mentalement.»

Les sessions d’entraîneur, aussi, ont légèrement changé. Le Finlandais lit avec plus de finesse L’état d’esprit de l’équipe: «Dans des situations où il nous laissait tranquilles avant, il n’hésite plus à nous pousse maintenant, illustre Damien Brunner. S’il y a le moindre relâchement, il y remédie immédiatement.»

Quand on évoque cette mue avec Antti Törmänen lui-même, il pointe du doigt l’évolution naturelle d’un entraîneur au cours de sa carrière, au-delà de son cancer. «Après tout, l’équipe change aussi. De nouveaux joueurs et donc de nouvelles personnalités rejoignent le groupe.» Il concède tout de même être devenu plus calme. «Cela m’arrive de m’allonger sur mon canapé, de simplement lire un livre et de vivre l’instant présent. Avant, j’avais constamment le sentiment que je devais encore faire ceci ou cela.»

«Tout simplement heureux»

Le directeur sportif Martin Steinegger a aussi remarqué cela: «Antti est aussi devenu plus prudent, il porte un masque en groupe.» Cette semaine, le technicien a même renvoyé des joueurs chez eux parce qu’ils avaient un léger rhume. Par simple précaution.

Le Finlandais a toujours été proche de ses hommes. Pour Beat Forster, ce lien est devenu plus fort encore. Même pendant sa maladie, Antti Törmänen n’a cessé de passer dans le vestiaire, informant les joueurs de son état de santé. Aujourd’hui, pourtant, il veut laisser cette maladie derrière lui et revient toujours à l’aspect sportif lorsqu’on lui pose des questions. Même dans le vestiaire, il n’a jamais évoqué ses heures les plus sombres. Aujourd’hui, le Finlandais est «tout simplement heureux d’être ici».

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