Après le refus de la NHL
Les clubs peuvent-ils vraiment boycotter les JO?

L'entraîneur de l'équipe suédoise de Frölunda, Roger Rönnberg, ne veut pas que ses joueurs se rendent aux JO de Pékin en février. Les ligues européennes peuvent-elles vraiment les retenir? La pression monte dans le milieu.
Publié: 29.12.2021 à 12:46 heures
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Dernière mise à jour: 29.12.2021 à 13:24 heures
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Roger Rönnberg, entraîneur principal du club suédois de Göteborg depuis 2013, a appelé à un boycott des JO de Pékin.
Photo: Martin Meienberger/freshfocus
Dino Kessler, Nicole Vandenbrouck et Stephan Roth

Le Suédois Roger Rönnberg est l'entraîneur de Frölunda. Le technicien de 50 ans est un professionnel admiré et respecté dans le milieu. Son palmarès est garni par des titres nationaux et internationaux. Sa voix compte dans le hockey mondial et il en a fait usage dans les colonnes du «Göteborgs-Posten»: «Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour ne pas laisser partir mes joueurs aux Jeux olympiques de Pékin si la NHL en fait de même.»

Pas de pause olympique en Suède

Une déclaration choc, dans un contexte très tendu, alors que la cérémonie d'ouverture des JO arrive dans à peine plus d'un mois. Il faut savoir que la première division suédoise ne marquera pas de pause pendant les Jeux, contrairement à la National League suisse. Une décision qui s'explique par le fait que la «Tre Kronor» aurait pu, aurait dû, être représentée par une sélection composée uniquement de joueurs de NHL. On compte actuellement 84 joueurs de champ et 6 gardiens dans la meilleure ligue du monde. Un scénario balayé par la pandémie et le refus du championnat nord-américain de libérer ses représentants.

Club majeur en Suède, Frölunda est l'un des grands perdants de ce revirement. Le FHC doit disputer neuf matches durant les JO. Roger Rönnberg devrait ainsi se passer d'éléments clés pendant la phase finale de son championnat. «Si la NHL n'envoie pas de joueurs, pourquoi le ferions-nous?».

En NHL, le business prime

Une question à laquelle il est facile de répondre: la NHL est une puissante ligue autonome, qui ne dépend donc pas d'une fédération nationale, ni du CIO et des autres contrats de la fédération internationale de hockey sur glace. Pour renoncer aux Jeux olympiques, la Ligue nationale a en outre obtenu l'accord des joueurs, qui avaient fait inscrire le droit de participer aux JO dans la convention collective qui les lie aux franchises. La NHL a donc définitivement fermé la porte, justifiant cette annulation par des intérêts économiques mis à mal par la pandémie. Jusqu'à présent, 80 matches ont déjà dû être reportés en Amérique du Nord.

La Chine a le dernier mot

En Europe, aucun club, aucune ligue ni aucune fédération ne peut annuler ou empêcher une participation de ses employés aux Jeux olympiques. En théorie, seuls les joueurs pourraient le faire. Raeto Raffainer, directeur du hockey sur glace au CP Berne, et membre du conseil de l'IIHF, l'a confirmé à Blick: «L'IIHF et ses fédérations nationales se sont engagées à être présentes aux Jeux olympiques». Un accord qui, en temps normal, ne se discute pas tant cela représente un privilège. Une absence des hockeyeurs évoluant en Europe est-elle envisageable malgré tout? «Seulement si la Chine en venait à annuler le tournoi de hockey ou reporter les Jeux dans leur ensembel», explique Raeto Raffainer.

Et les joueurs? En théorie, chaque professionnel peut à tout moment refuser une convocation avec son équipe nationale, mais il ne peut pas y être contraint par son club. «Pour l'instant, nous avons l'impression que les joueurs sont fermement décidés à disputer ces Jeux, explique Lars Weibel, directeur des équipes nationales. Aucune inquiétude à ce sujet n'est remontée jusqu'à nous. Le forfait de la NHL offre une réelle opportunité pour beaucoup d'entre eux».

Une Fédération suisse plus clémente

Qu'en est-il de la situation sanitaire en Chine? «Je pense qu'à Pékin, nous serons dans l'une des bulles les plus sûres jamais vues. En comparaison, le risque de contamination en Suisse est démultiplié.» La rigueur des règles annoncées par les autorités chinoises faisait craindre le pire en cas de contamination sur place. «Au début, on évoquait des quarantaines qui pouvaient durer trois ou cinq semaines en cas de test positif, relativise Lars Weibel. Depuis, ces chiffres ont été revu à la baisse. Une personne malade serait testée par une équipe d'experts, au plus tard dix jours après l'infection, et pourrait voyager si la charge virale est en diminution.»

À l'interne, la Fédération suisse veut se montrer plus clémente étant donné le contexte. Les joueurs helvétiques qui ne répondraient pas à une convocation olympique n'auraient rien à craindre. La règle habituelle du staff, qui consiste à suspendre les dissidents pour une durée déterminée, n'entre plus en vigueur pour les Jeux de Pékin.

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