Lors du mois de novembre, Alexandre Grenier a «brûlé la ligue», comme ils disent dans son Québec natal. Avec 14 points en sept matches, il a tout simplement été le meilleur compteur de National League. Et le solide attaquant n'a pas freiné puisque samedi dernier, il a inscrit trois points lors du succès de Langnau à Ambri.
Difficile de le rater lorsqu'il entre dans le bistro de la patinoire. Alexandre Grenier mesure près de deux mètres (1m95). Alors que les autres joueurs des Langnau Tigers mangent dans un coin du restaurant, il prend la peine de s'attabler durant plus d'une demie heure.
Contrairement à de nombreux joueurs, il pratique un franc-parler rafraichissant. L'entretient est totalement enregistré. Les propositions de passer «en off» ne l'intéressent pas: «Je n'ai rien à cacher».
Le solide joueur vit à 5 minutes de la patinoire de l'Ilfis et apprécie visiblement le calme que lui procure l'Emmental. «La ville de Berne n'est pas si loin si nous voulons faire quelque chose de spécial avec ma copine», précise-t-il.
Vers 14h, au moment où les serveuses commencent à ranger le buffet de l'équipe, il prend congé après n'avoir éludé aucun thème et propose même un rendez-vous lors de la prochaine Coupe Spengler... s'il y est convoqué, bien sûr.
Difficile de le rater lorsqu'il entre dans le bistro de la patinoire. Alexandre Grenier mesure près de deux mètres (1m95). Alors que les autres joueurs des Langnau Tigers mangent dans un coin du restaurant, il prend la peine de s'attabler durant plus d'une demie heure.
Contrairement à de nombreux joueurs, il pratique un franc-parler rafraichissant. L'entretient est totalement enregistré. Les propositions de passer «en off» ne l'intéressent pas: «Je n'ai rien à cacher».
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Vers 14h, au moment où les serveuses commencent à ranger le buffet de l'équipe, il prend congé après n'avoir éludé aucun thème et propose même un rendez-vous lors de la prochaine Coupe Spengler... s'il y est convoqué, bien sûr.
Ses bonnes performances font forcément de lui un joueur courtisé puisqu'il est en fin de contrat avec les Tigres de l'Emmental. Celui qui a déjà effectué une pige à Lausanne (10 matches en 2019-2020), se définit lui-même comme un joueur ayant eu besoin de temps pour découvrir qui il était sur une glace. Avec 40 points en 30 matches, Alexandre Grenier donne du travail à son agent qui doit réceptionner les offres des différents clubs de National League pour la saison prochaine. Une situation qui ne l'inquiète pas plus que cela. Interview avec le joueur du mois de novembre.
Alexandre Grenier, que se dit-on en arrivant à Langnau?
Que c’est un endroit spécial, c’est sûr. Moi je viens de la région de Montréal donc c’est vraiment particulier d’être dans un endroit si calme. Mais j’ai du plaisir.
Vous saviez où vous mettiez les pieds?
Non, car je n’avais pas joué ici avec Lausanne lors de mon court passage lors de la saison 2019-2020. En arrivant à Langnau, tout était nouveau pour moi. Et pour tout vous dire, je n’avais même pas cherché des images sur internet pour voir la région. De toute façon, je ne pense pas qu’il n’y a grand-chose sur Google (rires).
Vous avez répondu à la serveuse en allemand. Ce sont vos deux années à Iserlohn qui ont aidé?
L’allemand est tout de même bien différent. Lors de ma deuxième année en Allemagne, je commençais à comprendre les discussions. Mais ici avec tous les dialectes différents, j’ai vraiment de la peine. C’est comme une nouvelle langue.
Chaque mois, Blick réalise une grande interview d'un joueur qui a marqué le championnat par ses performances. L'occasion de prendre le temps de découvrir différentes personnalités du championnat de Suisse.
Le résumé des joueurs du mois.
Septembre Damien Brunner: «Avec Bienne j'ai trouvé la sérénité»
Octobre Reto Berra: «Je suis meilleur aujourd'hui que lorsque j'étais en NHL»
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Votre coéquipier Jesper Olofsson est Suédois, mais vous semblez n’avoir aucun problème de communication…
Non c’est vrai. Mais nous nous parlons en anglais, donc ça va. Avec Flavio Schmutz, nous formons une triplette très complémentaire. Nous nous comprenons bien et chacun est fort dans les domaines où les deux autres ont peut-être un peu moins de qualités. C’est la clé de notre succès.
Vous en êtes à 40 points en 30 matches, soit mieux qu’en DEL la saison dernière (39 en 35). Êtes-vous surpris?
Pas vraiment. Le championnat allemand est une très bonne ligue. C’est beaucoup plus physique qu’en Suisse. Quand je suis arrivé, j’avais cela en tête et personne ne semblait rien attendre de moi. Cela m’a peut-être aidé à me donner un petit peu de motivation supplémentaire afin de prouver ma valeur.
Ce jeu rapide ne semble pas vous déplaire alors qu’en voyant votre gabarit, on pourrait se le demander…
L’adaptation s’est faite assez bien aussi grâce à l’alchimie que j’ai pu créer avec Olofsson. Le coach, Jason O’Leary, me connaît depuis Iserlohn et sait également comment m’utiliser. Je peux jouer autant au centre que sur une aile. Mais comme Flavio est bon sur notre triplette, je me suis retrouvé sur l’aile. Il nous facilite énormément la tâche. En un coup d’œil, on sait toujours ce que fait l’autre.
À la fin du mois, la Coupe Spengler aura lieu à Davos. En tant que Canadien, vous voyez-vous déjà avec le maillot du Team Canada sur les épaules?
J’attends l’annonce de l’équipe afin de voir si j’y suis ou non. Ce serait vraiment spécial de représenter mon pays. Que ce soit dans n’importe quelle compétition, d’ailleurs. Jeux olympiques, championnat du monde ou Coupe Spengler. Tu me demanderais de représenter le Canada dans un championnat de bowling, j’irais.
Vous êtes bon au bowling?
Absolument pas (rires).
Comment cela se fait-il que vous n’ayez jamais joué en équipe nationale, même chez les juniors? Vous êtes toujours passé sous le radar?
J’ai quand même fait deux fois le match des all-star en AHL, donc à ce moment je n’étais plus sous le radar mais j’ai toujours été un joueur qui éclôt tardivement. Cette saison, je me sens bien dans le type de joueur que je suis devenu. J’ai trouvé mon style de jeu. Cela a peut-être pris un peu plus de temps que pour d’autres. Pour jouer pour le Canada, il y a toujours une première. Espérons que ce soit cette année.
En parlant de maillot mythique, vous avez porté celui du Canadien de Montréal à une occasion.
Oui, c’était lors d’une rencontre amicale en 2018. J’avais joué au Centre Bell. C’est sûr que c’était spécial. Mais moi je suis originaire de Québec donc j’aurais préféré que ce soit les Nordiques (rires). À l’époque, je n’avais pas le droit de le dire, mais là on peut. Cela reste un moment particulier. Toute ma famille était présente et j’avais de nombreux amis dans les tribunes.
Cette saison 2018-2019, vous étiez sous contrat avec Laval, le club ferme de Montréal. Mais vous n’aviez jamais été rappelé en NHL.
En signant à Laval, c’est sûr que le but était de rejoindre tôt ou tard la NHL. Mais j’ai vécu l’une de mes plus mauvaises saisons. Ce sont des choses qui arrivent.
On arrive à expliquer pourquoi une saison complète peut ne pas fonctionner?
C’est dur à expliquer. Le hockey c’est vraiment un sport de rebonds. Tu peux faire dix matches et un point, mais cela ne veut pas dire que tu ne fais rien de bien. L’effort était là. Mais c’était une saison où je n’avais pas forcément de réussite. J’ai beaucoup appris. J’ai appris à travailler malgré l’adversité et cela paie aujourd’hui.
Pensez-vous que vous n’étiez pas taillé pour la NHL où vous n'avez joué que neuf matches?
C’est une question de rôle. Je sais que si l’on me met sur une quatrième ligne, je serais moins utile. Ici, je joue une vingtaine de minutes par match et cela me permet d’avoir une meilleure fluidité sur la glace et d’avoir une bonne production. En NHL, mon record de temps de jeu dans un match, c’était durant cinq minutes. J’ai beaucoup bu d’eau sur le banc (rires).
Votre gabarit vous a-t-il desservi?
C’est beaucoup une question de mentalité. Le hockey a énormément évolué et je crois que l’on cherche plus de technicité que d’intelligence. Je ne me vois pas nécessairement comme le joueur le plus rapide. Je ne suis pas lent non plus, mais je me vois comme quelqu’un de très intelligent. Je ne vais pas aux quatre coins de la glace sans raison, mais lorsque j’ai le puck, je sais lire une situation et prendre la bonne décision. Tous les joueurs n’en ont pas les moyens et dans le même temps, tous les coachs ne sont pas capables de le remarquer.
Ne le leur faisiez-vous pas remarquer?
C’est dur pour un entraîneur de dire à un joueur qu’il peut faire comme il veut. En général, ils vont souhaiter que tu respectes scrupuleusement le système et le positionnement sur la glace. On ne m’a jamais dit de faire les choses à ma manière et d’analyser ensuite. Si cela ne fonctionne pas, il y a sûrement un juste milieu à trouver. Je ne suis pas en train de dire que j’ai toujours raison. Je ne me serais pas permis d’aller vers un coach de NHL afin de lui dire que je comprends mieux le hockey que lui (rires).
Durant votre carrière, vous avez évolué durant deux saisons avec Henrik Tömmernes, joueur de Genève. En Suisse, on ne comprend pas comment il n'a pas pu jouer en NHL. Pareil pour vous. Arrivez-vous à comprendre pourquoi cela n’a pas fonctionné?
Pour moi, tout part de la confiance. J’ai connu un Tömmernes qui avait un passage très difficile en AHL. En arrivant en Suisse, je pense qu’il a pu retrouver cette confiance. Personne dans le championnat n'en a autant que lui. De toute façon, on ne peut pas jouer comme il le fait et n’avoir pas de confiance. Cela ne fonctionnera pas. À Genève, il peut faire ce qu’il veut car on le laisse faire et cela marche. Mais pour tout vous dire, je ne suis pas surpris de son niveau de jeu en Suisse lorsque je pense à ce qu’il était capable de faire lors des entraînements à Utica.
Il a déjà essayé de vous courtiser pour la saison prochaine?
Non non. On se fait des petits commentaires sur la glace, mais on ne parle pas de nos situations personnelles.
Vous êtes en fin de contrat mais semblez vous épanouir à Langnau. N’est-ce pas tentant de rester dans sa zone de confort? Comment vivez-vous cette situation?
J’ai pris le risque de partir d’Iserlohn où je me sentais bien pour venir dans une ligue où je n’avais joué que dix matches et qui n’avait pas voulu de moi. Si je devais partir, ce serait pour les mêmes raisons. Me mettre en danger. Pour le moment, j’attends un retour de mon agent. Je ne verrais pas un départ comme un risque, mais une occasion de connaître d’autres choses même si j'attends la Coupe Spengler pour me poser et réfléchir à mes différentes options.
Vous disiez que la ligue ne voulait pas de vous. Pourtant avec Lausanne vous aviez fait bonne impression avec 8 points en 10 matches. Vous étiez surpris de ne pas avoir d’offres?
À cause du Covid, il y a eu pas mal de freins mis dans les clubs. Est-ce que j’ai été déçu de ne pas avoir de contrat? Probablement. Mais j’ai eu la chance de retourner à Iserlohn d’où je venais et où j’ai connu une excellente saison. Les trois joueurs de mon trio ont terminé 1er, 3e et 5e meilleurs compteurs de la ligue. Nous avons qualifié l’équipe pour les play-off alors que nous n’avions pas le meilleur contingent. Je suis très fier de ce résultat collectif plus que de mes points.
Que gardez-vous de ce passage à Lausanne?
En quittant Iserlohn pour Lausanne, c’était comme d’arriver en NHL pour moi. Les infrastructures étaient incroyables et tout était réuni pour que les joueurs aient du succès.
Sentez-vous que l’intérêt a grandi autour de vous ces temps?
Oui, je le sens. Mais je n’y fais pas trop attention. C’est à moi de prouver que je suis capable de le faire régulièrement. Toutes les discussions sur mon avenir se feront plus tard. Je veux garder mon focus sur le moment présent. Cela ne sert à rien, car j’ai encore beaucoup de choses à prouver. Au début de saison, tout le monde pensait que j’étais juste chanceux mais que cela allait rapidement s’arrêter. Cela fait désormais 30 matches que ça dure. Cela change la mentalité des gens. J’ai l’impression que l’on commence à me prendre au sérieux.