«Je ne savais pas qu'il était bon de la tête! Il m'a caché ça!», l'a (gentiment) grondé Murat Yakin vendredi, après le match nul (1-1) à Belfast et le premier but de Vincent Sierro avec la Nati. Le corner de Ricardo Rodriguez était parfait, la course d'élan et la finition du Valaisan, d'un coup de tête piqué, tout autant. «Ce but vient récompenser son bon match. Il l'a bien mérité», a enchaîné le sélectionneur, qui a surtout, et à juste titre, apprécié l'influence de son numéro 10 dans le jeu. Le capitaine du Toulouse FC avait récupéré le numéro de Granit Xhaka, mais pas son poste, puisqu'il évoluait un cran plus haut. Le rôle de milieu défensif est lui revenu à Denis Zakaria et les deux hommes ont réussi une bonne partie, bien plus que le troisième homme du milieu, le très discret Michel Aebischer.
Les diagonales, une consigne du coach
Le Valaisan de 28 ans a marqué les esprits par son calme habituel, mais aussi la qualité de ses transversales. «C'était vraiment une consigne du coach, il voulait que l'on tente des diagonales tendues pour renverser le jeu après avoir attiré les Nord-Irlandais sur un côté, afin de déstabiliser leur bloc et de provoquer des un contre un ou des deux contre un. J'ai essayé d'appliquer ces consignes et c'est vrai qu'il y en a quelques-uns qui sont bien parties», admettait Vincent Sierro, lequel a joué avec beaucoup de personnalité, fidèle à ce qu'il fait en club, mais qu'il n'avait pas encore pu montrer en équipe nationale.
Il a en effet honoré sa onzième sélection ce vendredi, lui qui a débuté avec la Nati voilà exactement une année, mais il n'était titulaire que pour la deuxième fois. Coïncidence: son unique autre titularisation a eu lieu à quelques dizaines de kilomètres de Belfast, à Dublin face à l'Irlande. «J'ai toujours dit que peu importait que je joue trois minutes, cinquante minute ou nonante minutes, je serais là pour l'équipe. Je donne tout et c'est ce que j'ai toujours fait», assure-t-il, lui qui a constamment essayé de jouer vers l'avant ce vendredi.
Leader en club, leader avec la Nati?
«Je veux prendre mes responsabilités avec la Nati. C'est ce que j'ai toujours fait en club, il n'y a pas de raison que je joue autrement avec l'équipe nationale. Je veux apporter mes qualités à l'équipe et parmi ces qualités, il y a le leadership. Mais ça ne sert à rien de parler en dehors des matches, c'est sur le terrain qu'il faut le faire», enchaîne le milieu de terrain du TFC, dont la prestation et la personnalité ont plu à Murat Yakin ce vendredi.
«Oui, mais ça ne date pas d'aujourd'hui, je ne découvre pas les qualités de Vincent. Dès le tout premier jour où il est arrivé aves nous, j'ai découvert un garçon intelligent, qui comprend le jeu, qui a assimilé nos systèmes et les connections avec ses partenaires. Il accélère le jeu, que ce soit par ses passes courtes ou ses diagonales précises», détaille le sélectionneur, qui confirme avoir eu une discussion avec lui en fin d'année dernière lors de laquelle il lui a confié vouloir lui donner plus de temps de jeu.
Mardi contre le Luxembourg, il faudra gagner
Ce vendredi, Vincent Sierro a donc saisi sa chance, même si la Nati ne s'est pas imposée. «Il nous a manqué sans doute un peu de précision dans le dernier tiers. Face à un bloc très bas, il faut mettre du rythme, créer des décalages, provoquer des situations favorables. On n'a pas toujours réussi à jouer à une touche, le terrain n'était pas idéal, mais il ne faut pas se chercher des excuses: il faut faire mieux dès mardi contre le Luxembourg à Saint-Gall», admet le milieu de terrain.
A quoi a-t-il pensé lorsqu'il a égalisé à la 29e, marquant son premier but avec la Nati? «Evidemment, c'est une grande fierté. J'ai eu une pensée pour ma famille, pour mes amis, pour tous ceux qui ont toujours été là dans les moments difficiles comme dans les bons moments.» A quoi fait-il référence en particulier? «Le chemin par lequel je suis passé, ce n'est pas le chemin linéaire dont tu rêves forcément en début de carrière. Mais c'est le mien. Il fait partie de moi. C'est par ce chemin que j'ai mûri, que j'ai grandi.» Et il aurait pu ajouter: que j'en suis là aujourd'hui.
Son dernier but de la tête remontait à 2022
Sa première expérience à l'étranger, à Freiburg, a tourné court et c'est à Saint-Gall qu'il s'est relancé, à YB qu'il a explosé, avant de devenir un joueur incontournable à Toulouse où, à 28 ans, il a encore franchi un palier. De belles aventures l'attendent encore, c'est une certitude, mais il sait aussi que rien n'est jamais acquis. «J'ai récemment été blessé en janvier, c'est un moment difficile. Mais là, tu travailles, tu continues à bosser et ce soir, ce but, c'est aussi pour ces moments-là que tu es récompensé.»
Tiens, d'ailleurs, lui qui a «caché» son talent à Murat Yakin, se souvient-il quand il a marqué son dernier but de la tête? Il réfléchit quelques secondes. «Je pense que c'était avec YB contre Sion, sur corner», répond-il. Tout juste: le 1er mai 2022 à Tourbillon, sur un service de Fabian Rieder. S'il s'en rappelle aussi bien, près de trois ans plus tard, aucune chance qu'il oublie celui de Belfast le 21 mars 2025.