L'émissaire du Stade Rennais présent ce dimanche à la Tuilière pour assister au succès du LS face à Servette (1-0) avait une mission bien précise: effectuer un rapport détaillé de la prestation d'Alvyn Sanches, le milieu offensif du Lausanne-Sport qui électrise toute la Super League depuis un mois. Le Breton n'a pas été déçu: en première période, il a vu un joueur au talent épatant, capable de déstabiliser n'importe quel défenseur grâce à son crochet court et à ses changements d'appuis déroutants. Et, en fin de match, alors que Servette pressait tant et plus pour égaliser, l'envoyé spécial a constaté, comme tout le monde, que l'élégant meneur de jeu n'avait pas peur de défendre et de se faire mal.
«C'est Alvyn, c'est comme ça! Il a du talent, mais il a truc en plus: il est travailleur. Ce n'est pas lui qui va s'économiser sur le terrain et faire la star parce qu'il sait qu'il est sous les feux des projecteurs», apprécie son coéquipier Kevin Mouanga, impressionné par les qualités techniques du Lausannois, mais aussi par son état d'esprit. Alvyn Sanches a beau avoir un physique très fin, quasiment longiligne, il tient bien sur ses pattes, ce que les solides défenseurs de Winterthour qui tentaient de l'arrêter ont appris à leur dépens le 20 octobre dernier.
Une première convocation équipe de Suisse ce jeudi?
Un autre spectateur attentif dans les tribunes de la Tuilière ce dimanche était Giorgio Contini. L'ancien entraîneur du LS est aujourd'hui l'assistant de Murat Yakin à la tête de la Nati et, s'il était venu pour superviser Dereck Kutesa, nul doute que le nom d'Alvyn Sanches apparaîtra inévitablement dans ses prochaines conversations avec le sélectionneur. «Je ne sais pas. Giorgio ne m'en a pas parlé en tout cas», assure Ludovic Magnin, qui ne veut pas mettre la pression sur le staff de la Nati. «Je déteste les entraîneurs qui réclament des sélections pour leurs joueurs et je ne vais pas le faire. Ce que je peux dire, c'est qu'un jour, Alvyn sera sans doute international A, il en a le potentiel bien sûr. Quant à savoir si ce sera la semaine prochaine déjà, ce n'est pas ma décision. Quand je vois qu'Ardon Jashari, qui joue la Champions League, n'a pas été sélectionné récemment, je me dis qu'il y a énormément de concurrence au milieu au sein de la Nati. Alvyn est très bon, aucun doute, mais il faut rester les pieds sur terre. Pour l'instant, il est très bon dans le championnat de Suisse.»
Le principal intéressé a été mis au courant de la venue de Giorgio Contini à Lausanne ce dimanche, mais reste tranquille. «On vient de me le dire», réagissait-il auprès de Blick après le succès face à Servette, lors duquel il a encore une fois été décisif en provoquant le penalty de la victoire. Alors, pense-t-il être appelé pour défier la Serbie et l'Espagne la semaine prochaine, lui qui est un pilier des M21? «Je suis concentré sur le terrain. Ce qui doit arriver, arrivera. Je suis très calme par rapport à ça.»
Le même quartier qu'Isaac Schmidt et Cameron Puertas
Calme, mais prêt tout de même si son téléphone sonne jeudi matin après la conférence de presse de Murat Yakin à Zurich? «Oui. Je suis toujours prêt. C'est un rêve de jouer pour l'équipe nationale», répond-il avec une grande franchise et une humilité non feinte pour celui qui a déjà réalisé son rêve d'enfant en jouant pour le Lausanne-Sport, le club de sa ville.
Né dans la banlieue parisienne, fils d'un couple cap-verdien, Alvyn Sanches a grandi aux Boveresses, un quartier populaire et multiculturel du nord de Lausanne d'où sont sortis deux autres talents bien connus: Isaac Schmidt et Cameron Puertas. C'est là qu'il a développé sa technique en mouvement et son art de la feinte, deux qualités qu'il déploie désormais chaque semaine en Super League. «Ma philosophie, c'est de prendre un maximum de plaisir sur le terrain et de tout donner. J'aime bien déstabiliser, affronter, mais je suis conscient de mes responsabilités sur le terrain», assure le Lausannois, rejoint dans le constat par Stéphane Henchoz, le directeur sportif du LS.
«Alvyn prend conscience que le football est un métier et il a franchi un palier récemment», assure l'ancien joueur de Liverpool, heureux de voir que ce jeune talent a désormais gagné en constance, ce qui était le plus grand reproche qui pouvait lui être fait en début de carrière. Le principal intéressé ne s'en cache pas d'ailleurs. «On m'a reproché ce manque de régularité et j'essaie de franchir un cap dans ce domaine. Je travaille là-dessus, je me donne à l'entraînement à 100% pour progresser et me sentir plus fort de match en match», explique Alvyn Sanches, qui a apporté une bonne preuve de ses progrès cette semaine.
Après avoir fait très mal à Grasshopper le samedi sur le synthétique de la Tuilière, il a enchaîné dans un contexte très compliqué dans le brouillard d'Yverdon avant de terminer en beauté dans le grand derby face à une équipe de pointe, Servette. Trois prestations très abouties en une semaine, voilà une performance à laquelle le jeune homme n'avait pas habitué les supporters du LS. Il en est désormais à cinq buts et une passe décisive sur les huit derniers matches.
Il a acquis une constance absolument nécessaire
«On a beaucoup parlé de ça avec Alvyn. On lui a montré ses statistiques, on a parlé avec lui. On lui a dit qu'il devait être plus décisif, frapper plus au but. Il l'intègre. Et oui, il gagne en constance. Parce que le talent, il l'a toujours eu. Mais ce qui compte, c'est d'être bon chaque semaine», apprécie Ludovic Magnin, qui ne veut pas tirer la couverture à lui dans la progression de son joueur. «C'est un travail collectif. Le mérite en revient à Alvyn, au staff du LS aussi un peu, mais aussi à Stéphane Henchoz. Et je pense qu'il faut intégrer son agent (ndlr: Michel Urscheler) dans cette réussite. On parle souvent des agents d'une manière négative, mais il faut souligner aussi quand l'un d'entre eux influe de manière positive sur son joueur, ce qui est le cas avec Alvyn. On veut tous son bien, on veut tous qu'il progresse», assure l'ancien latéral du Werder Brême.
L'étranger, l'inévitable prochaine étape
La question qui agite tout le monde, encore plus que celle de la date de la première convocation du talent en équipe de Suisse A, est de savoir quelle sera la prochaine étape de sa carrière. Cet été, le Lausanne-Sport a refusé une approche très sérieuse du Celtic FC. Et cet hiver, alors qu'Alvyn Sanches est en train de prendre une dimension supplémentaire? Le LS sera-t-il vendeur? «Il faudra que toutes les conditions soient réunies, tant pour nous que pour Alvyn», répond Stéphane Henchoz. Où le verrait-il aller? «Pour sa progression, sans doute que la France ou l'Allemagne seraient des étapes intéressantes», répond le directeur sportif du Lausanne-Sport, qui ne souhaite pas dévoiler le montant qu'il attend pour le transfert. Mais une chose est sûre: le LS ne bradera pas son joyau.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | FC Lugano | 18 | 6 | 31 | |
2 | FC Bâle | 18 | 21 | 30 | |
3 | FC Lausanne-Sport | 18 | 9 | 30 | |
4 | FC Lucerne | 18 | 3 | 29 | |
5 | Servette FC | 18 | 2 | 29 | |
6 | FC Zurich | 18 | -1 | 27 | |
7 | FC Sion | 18 | 4 | 26 | |
8 | FC St-Gall | 18 | 6 | 25 | |
9 | Young Boys | 18 | -4 | 23 | |
10 | Yverdon Sport FC | 18 | -12 | 17 | |
11 | Grasshopper Club Zurich | 18 | -10 | 15 | |
12 | FC Winterthour | 18 | -24 | 13 |