Le chef de presse Loris Tschanz a commencé la présentation du nouvel avant-centre d'Yverdon Sport en précisant bien que le jeune homme assis à côté de lui n'était pas «le remplaçant de Kevin Carlos», mais «Mitchy Ntelo». Le message était passé d'entrée, mais le Belge de 23 ans connaît déjà suffisamment bien le monde du football pour savoir qu'il n'échappera pas aux comparaisons dans les semaines et les mois à venir. C'est injuste, c'est réducteur, il n'y peut rien, mais c'est le football.
Mitchy Ntelo n'a d'ailleurs rien fait pour donner raison à son nouveau chef de presse puisqu'il a demandé à porter cette saison le numéro 11... celui de Kevin Carlos! Un petit clin d'oeil qui a fait sourire tout le monde et qui était complètement assumé. L'attaquant belge a d'ailleurs diffusé une très belle impression lors de sa présentation, ne refusant pas la pression, mais l'accueillant avec un subtil mélange de détermination, de confiance en lui, d'humilité et de relâchement.
L'avion en retard, le seul problème
«Franchement, j'ai été très bien accueilli. Je n'ai eu qu'un problème, un retard d'avion!», sourit celui qui a eu peur de faire faux bond le premier jour, mais a heureusement pu régler la situation. Son père l'a accompagné pour ses tout premiers jours, mais est déjà reparti. «Le garçon est seul! Mais j'ai l'habitude. Je ne suis plus trop à la maison depuis l'âge de 15 ou 16 ans», explique l'attaquant, formé au Standard de Liège, l'une des meilleures académies d'Europe.
«Et franchement ça se voit», assure Filippo Giovagnoli. Le directeur sportif d'YS est impressionné par les qualités techniques de son nouveau joueur et a tenu à le faire savoir. «Nous l'avons identifié bien avant le début du marché, dès le mois de mai, début juin. Mais nous devions faire sortir des joueurs avant de pouvoir avancer sur son dossier. Il vient d'une académie au top, celle du Standard, et déjà lors de son tout premier entraînement, on a pu voir ce que cela voulait dire et qu'il sortait d'une bonne école de football. Mitchy peut attaquer l'espace et bien sûr marquer. Nous devons l'aider à se développer. Je suis persuadé qu'il aura un impact important dans cette ligue suisse.»
«La vitesse est au top»
L'attaquant est d'ailleurs déjà en forme, lui qui a disputé trois matches cette saison en Bulgarie et même marqué une fois dans le derby de Plovdiv face au Botev. «J'ai fait des tests physiques en arrivant ici et je sais que je dois encore travailler. La vitesse est déjà au top, mais je peux améliorer ma puissance», explique-t-il. Son grand point fort? La profondeur. Ce qui servira forcément à Yverdon Sport, qui essaie de poser le jeu mais, par la force des choses, évolue souvent en contre.
«Je n'ai pas vraiment de préférence, je peux jouer à tous les postes offensifs. Ma position privilégiée, c'est celle d'avant-centre, mais j'ai été formé pour jouer sur les côtés aussi. Je peux vraiment jouer dans plusieurs systèmes différents, mais c'est vrai qu'en partant de plus loin, j'ai plus d'espace et je peux faire encore plus mal aux défenses avec ma vitesse», explique l'attaquant polyvalent, qui assure qu'il n'est pas un «joueur fini».
«Je suis un joueur qui a besoin de se développer encore. Je ne suis pas encore à mon apogée footballistique. Pour moi, le championnat suisse et Yverdon sont parfaits à ce stade de ma carrière. Je pense que je vais encore plus travailler qu'en Bulgarie, que j'aurai plus de moyens pour développer mes qualités. Je vais pouvoir grandir ici», espère-t-il.
Entraîné par une légende du football bulgare au Lokomotiv Plovdiv
Si la ville de Plovdiv est magnifique («C'est l'une des plus anciennes du pays, un bel endroit, j'y étais très bien»), le Lokomotiv n'est pas un club de pointe en Bulgarie. Mitchy Ntelo y a cependant côtoyé un entraîneur qui a été un avant-centre de renom en Espagne, Lyuboslav Penev, un homme auteur de plus de 100 buts en Liga avec l'Atletico Madrid, Valence et Compostelle. «Je ne vais pas mentir, je ne le connaissais pas avant d'arriver à Plovdiv. Mais je me suis renseigné et j'ai vu quel joueur il avait été. J'ai été impressionné par son parcours. Je ne suis pas resté assez longtemps pour qu'il puisse vraiment me donner des conseils, mais j'ai appris à le connaître», explique le Belge.
Que savait-il d'Yverdon, d'ailleurs? La réponse est honnête: rien. «Je ne connaissais pas le club, pas la ville. Mais tout me plaît. J'ai trouvé un très bon club et j'ai déjà pu m'apercevoir de la qualité des joueurs à l'entraînement. Il y a du rythme, du niveau.» Et la ville? «J'ai été impressionné par la propreté! Moi qui suis né à Bruxelles, je peux vous assurer que ça change (rires)!»
Ses rêves: le Real Madrid et les Léopards
Alors qu'il a signé trois ans à Yverdon, voit-il le championnat de Suisse comme une étape? Sans tirer de parallèle avec Kevin Carlos, mais quand même, vise-t-il plus haut qu'Yverdon? «Je vais vraiment bien travailler ici et je veux vivre une saison remplie d'émotions positives. Je veux aider l'équipe du mieux possible. Pour le reste, comme tout footballeur, j'ai des rêves. Et je suis dans l'endroit parfait pour progresser et me rapprocher d'eux.» Quels sont-ils? «Le Real Madrid. Et l'équipe nationale de République Démocratique du Congo».
Si le premier semble inaccessible, intégrer l'effectif des Léopards pourrait ressembler à un objectif à moyen terme. Le buteur à la double nationalité l'assure, il ne vise pas les Diables rouges belges, mais bien la RDC pour faire ses débuts internationaux. Pour l'heure, il n'a pas de contact avec le staff de la sélection, mais de nombreux buts avec Yverdon pourraient attirer l'attention du sélectionneur Sébastien Desabre et de son staff. Un certain Meschack Elia pourra d'ailleurs toujours servir de relais si d'aventure Mitchy Ntelo venait à briller contre YB lors de la prochaine rencontre entre les deux clubs...
La Juventus le suivait pour ses équipes de jeunes
Filippo Giovagnoli, en tout cas, est heureux de l'arrivée de son nouvel attaquant. «Nous sommes persuadés qu'il va réussir chez nous. Il a le talent, mais aussi le caractère. Je vais vous dévoiler une conversation privée que j'ai eue avec Claudio Chiellini, de la Juventus. Quand il a vu que nous avions engagé Mitchy, il m'a félicité et m'a dit que la Juve le suivait il y a deux ans pour ses équipes de jeunes. Le savais-tu, Mitchy?» Le Belge, assis à côté de son directeur sportif, répond par la négative. «Alors maintenant tu le sais!», lance l'Italien dans un éclat de rire.
Si Mitchy Ntelo rêve de devenir un Léopard, le footballeur qui l'a le plus inspiré s'appelle Cristiano Ronaldo. «Sa manière de travailler m'a toujours marqué. Je n'étais pas autant déterminé dans le travail quand j'étais plus jeune. Je ne me rendais pas compte. Mais avec les années, l'expérience, j'ai compris que le succès n'était pas dû au hasard et qu'il fallait se donner à fond tout le temps.» Un autre joueur qui l'a marqué est Belge d'origine congolaise, comme lui. Romelu Lukaku. Les deux hommes ne partagent cependant pas tout à fait le même profil, Mitchy Ntelo semblant plus rapide et moins puissant, selon ses propres dires. «Vous faites fausse route sur Lukaku, il est très rapide aussi, il ne faut pas croire!», répond Mitchy Ntelo.
Bientôt les retrouvailles avec Noë Dussenne
S'il ne connaissait pas Yverdon avant d'y arriver cette semaine, le Belge s'est tenu au courant du retour de Xherdan Shaqiri à Bâle et a déjà un contact dans le canton de Vaud: Noë Dussenne, qu'il a côtoyé au Standard de Liège avant de partir à Maastricht, puis Charleroi. Le défenseur central du LS s'en rappelle d'ailleurs très bien. «Il venait de temps en temps s'entraîner avec nous. Après, il a fait son trou à Charleroi, avant d'aller en Bulgarie où il a bien progressé. C'est bien pour lui qu'il arrive en Suisse. C'est un attaquant qui va très vite, un gaucher assez fin techniquement», estime le Lausannois.
Mitchy Ntelo, de neuf ans son cadet, se rappelle bien avoir côtoyé le défenseur central au Standard. «J'avais fait la préparation et j'étais impressionné. C'est un grand capitaine, une belle personne, un leader. Il est très respecté en Belgique. Je me réjouis de le revoir. Mais je ne lui ferai aucun cadeau sur le terrain, croyez-moi!» Le rendez-vous est déjà pris le 22 septembre à la Tuilière et leur position respective sur le terrain promet de beaux duels.
Prêt à jouer, d'entrée ou non, ce samedi face à GC
En attendant de retrouver Noë Dussenne, place à Grasshopper ce samedi à 18h au Stade Municipal. Le nouvel attaquant d'Yverdon Sport est qualifié, prêt à jouer. Et c'est peu dire qu'il est impatient de montrer ses qualités à son nouveau public.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | FC Zurich | 14 | 7 | 26 | |
2 | FC Bâle | 14 | 20 | 25 | |
3 | FC Lugano | 14 | 6 | 25 | |
4 | Servette FC | 14 | 2 | 25 | |
5 | FC Lucerne | 14 | 4 | 22 | |
6 | FC St-Gall | 14 | 6 | 20 | |
7 | FC Lausanne-Sport | 14 | 2 | 20 | |
8 | FC Sion | 14 | 0 | 17 | |
9 | Young Boys | 14 | -5 | 16 | |
10 | Yverdon Sport FC | 14 | -10 | 15 | |
11 | FC Winterthour | 14 | -21 | 11 | |
12 | Grasshopper Club Zurich | 14 | -11 | 9 |