Christian Constantin ne veut plus injecter d'argent dans le FC Sion à partir de l'été 2024. Le club jouerait alors en Promotion League. Le croyez-vous?
Jean-Paul Brigger: Georges, tu peux commencer.
Georges Bregy: D'un côté, j'ai été surpris par ses déclarations. Mais d'un autre, non. Il a déjà commencé à jouer au poker avec la ville de Sion pour le stade de Tourbillon. On sait en effet que le contrat d'utilisation expire à l'été 2024.
Pourquoi joue-t-il au poker?
Bregy: En peignant ainsi le pire scénario, il espère obtenir plus facilement un soutien financier pour les rénovations du stade et de ses alentours. Il espère aussi que les loyers n'augmenteront pas.
Brigger: Ce que dit Georges est juste. Christian Constantin ne va pas arrêter.
Ce qui appuie votre thèse, c'est que quelques jours après son annonce, il a dit vouloir éventuellement continuer à investir si le canton et la ville l'aidaient financièrement…
Bregy: Comme on l'a dit.
Brigger: CC ne peut pas vivre sans le FC Sion.
Mais le FC Sion peut-il vivre sans Christian Constantin?
Bregy: Il a investi beaucoup d'argent dans le club – et a toujours encaissé beaucoup en vendant des joueurs. Mais je ne connais pas la situation financière du club.
Brigger: Jamais dans son histoire le FC Sion n'a été dépendant d'une seule personne. Pour autant que je sache, le football se joue toujours à onze contre onze. Lorsque Georges et moi avons débuté à Sion en tant que jeunes, ce n'était pas non plus une grande équipe.
Christian Constantin dit qu'on jouera alors avec de jeunes Valaisans en Promotion League.
Bregy: Il fait venir un Balotelli en Suisse et six mois plus tard, il dit qu'il n'en a plus envie. C'est assez étonnant.
Quelque chose à dire sur Mario Balotelli?
Brigger: Pendant une courte période, il a fait partie des plus grands du football mondial. Je ne peux pas dire comment il se débrouille maintenant avec Sion. Je ne l'ai jamais vu jouer au stade. Georges est mieux informé.
Bregy: Il est encore loin des meilleurs. Pour l'instant, il a cinq buts à son actif, dont trois penaltys. Son envie de courir n'est pas non plus très grande.
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Jean-Paul Brigger courrait-il plus?
Bregy: Sérieusement, on ne trouve plus d'avant-centre aussi dévoué et au service de l'équipe que Jean-Paul l'était.
Brigger: Merci Georges. C'est ce qu'on appelle la solidarité valaisanne.
Vous voulez aussi lui envoyer des fleurs?
Brigger: Il n'y a rien à dire sur ses capacités. C'était l'un des joueurs les plus géniaux que la Suisse ait jamais eu. Si Bregy ou même Alain Geiger avaient vécu dans un autre pays, ils seraient devenus des stars mondiales.
En Promotion League, aucun joueur avec le talent de Mario Balotelli n'évoluerait en Valais.
Brigger: Soyons honnêtes, les tout grands footballeurs ne jouent de toute façon pas en Suisse. Je suis de la vieille école. Pour moi, ce qui compte, c'est l'engagement, le cœur, la passion. Je vais vous donner un exemple. Georges, c'était quand que tu jouais à Martigny?
Bregy: En 1987-88.
Brigger: A l'époque, nous devions descendre à Martigny avec le FC Sion. Nous allions jouer face à Georges lors d'un match de promotion/relégation. Il y avait près de 9000 spectateurs dans le stade, une vraie fête populaire.
Bregy: C'était un record pour le stade à Martigny.
Brigger: C'est justement ce que je veux dire. Les Valaisans sont fous de football. Si on n'avait pas de club en Super League durant deux ans, le monde ne s'écroulerait pas. Le football continuera à exister en Valais, même sans CC.
Qui a gagné ce match?
Bregy: Brigger…
Brigger: Le FC Sion (rires)
Vous êtes tous les deux deux des plus grandes légendes du football valaisan. Pourquoi n'achetez-vous pas d'actions au FC Sion?
Brigger: Certainement pas en ce moment! L'Olympique des Alpes, c'est mignon. Mais mon cœur appartient au FC Sion. Pas de discussion. Et toi, Georges?
Bregy: Non, merci. Je n'ai pas non plus les moyens financiers pour cela.
Quid d'autres fonctions au FC Sion? Par exemple, directeur sportif?
Bregy: Je suis très bien à Zurich. De plus, même si j'ai 65 ans cette année, je vais encore travailler un an.
Brigger: Pour moi, c'est simple: sans CC, cela pourrait être intéressant. Sinon, ce n'est pas un sujet.
Bregy: Il pourrait pourtant avoir besoin d'un directeur sportif. Jusqu'à présent, il n'a acheté que des joueurs forts individuellement, mais jamais une équipe. Si on avait plus de patience en Valais, CC jouerait chaque saison pour le titre au vu de ses investissements.
Brigger: Mais il ne supporte personne à côté de lui.
Bregy: C'est vrai. Constantin ne nous écouterait certainement pas.
Il y a un an, il semblait que son successeur, Gelson Fernandes, avait été trouvé.
Brigger: C'était une super histoire. Il y a eu un énorme battage médiatique et six mois plus tard, la FIFA est arrivée et on a tout laissé tomber.
Bregy: Il n'y a de la place pour personne à côté de CC. Je pense qu'il faut simplement l'accepter. Tant qu'il est l'investisseur principal, il a le droit de tout décider. A la fin de la journée, ses décisions ne font mal qu'à son propre porte-monnaie.
Brigger: Il a sa manière de diriger – et nous en aurions une autre.
Christian Constantin a été gardien de but à Xamax. Jean-Paul Brigger, vous avez joué deux fois contre lui en LNA avec Sion.
Brigger: Vraiment?
Oui, lors d'un match nul (1-1) en 1977 et en avril 1979 lors de la victoire 1-0 du FC Sion contre Xamax. Vous avez marqué les deux buts pour Sion.
Brigger: Alors comme ça, je lui ai mis deux goals… (rires)
Il dit que les patrons comme lui sont en voie de disparition. Et il ne croit pas qu'un investisseur sérieux mettrait de l'argent dans le FC Sion.
Bregy: Il a tout fait lui-même, c'est sa façon de construire le club.
Brigger: CC est un gars très intelligent, donc je n'ai pas peur quand il raconte des choses comme ça. C'est de la terreur psychologique.
Et s'il a vraiment raison et que Sion doit prendre un nouveau départ en Promotion League dans un an et demi?
Brigger: Et alors? Le monde ne s'arrêtera pas là, le Rhône continuera à couler à travers le Valais et nous continuerons à jouer au football. Et peut-être même qu'on vivra de super moments.
Bregy: Oui, avec des jeunes Valaisans affamés, comme nous l'étions à l'époque.
Brigger: Pour cela, il faut aussi, comme nous à l'époque, les laisser jouer. Si j'avais dû rester six mois sur le banc, j'aurais dit: «Je vous souhaite une bonne journée, je rentre chez moi dans le Haut-Valais.»
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | FC Zurich | 14 | 7 | 26 | |
2 | FC Bâle | 14 | 20 | 25 | |
3 | FC Lugano | 14 | 6 | 25 | |
4 | Servette FC | 14 | 2 | 25 | |
5 | FC Lucerne | 14 | 4 | 22 | |
6 | FC St-Gall | 14 | 6 | 20 | |
7 | FC Lausanne-Sport | 14 | 2 | 20 | |
8 | FC Sion | 14 | 0 | 17 | |
9 | Young Boys | 14 | -5 | 16 | |
10 | Yverdon Sport FC | 14 | -10 | 15 | |
11 | FC Winterthour | 14 | -21 | 11 | |
12 | Grasshopper Club Zurich | 14 | -11 | 9 |