Il progresse à Yverdon
Marley Aké rêve de retourner à Marseille par la grande porte

Il était l'une des grandes promesses du centre de formation de l'Olympique de Marseille, où il a joué 26 matches. Il brille aujourd'hui à Yverdon, non pas par les statistiques, mais par son sens du sacrifice et son humilité. Rencontre avec Marley Aké.
Publié: 05.05.2024 à 11:15 heures
Photo: Martin Meienberger/freshfocus
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

A 23 ans, Marley Aké est l'une des satisfactions du printemps du côté dYverdon Sport. Prêté cet hiver par la Juventus, et initialement prévu pour jouer ailier, il fait plus que dépanner au poste de piston droit et a parfaitement assuré l'interim durant la blessure d'Anthony Sauthier. Son sens du sacrifice impressionne, son humilité aussi. Rencontre avec celui qu'André Villas-Boas voyait comme une véritable promesse à Marseille (26 matches en pro, dont 4 de Champions League) et qui rêve de revenir au Vélodrome par la grande porte.

Le match face à Lausanne dimanche

Yverdon reçoit Lausanne ce dimanche à 16h30. Le match sera probablement à guichets fermés, avec 800 supporters lausannois attendus. Ce derby vaudois sera important pour la suprématie cantonale, mais aussi de manière plus concrète: le vainqueur éventuel sera assuré à 99% de son maintien en Super League. 

«On veut vraiment gagner ce match, pour plusieurs raisons. On a eu trois confrontations contre eux, déjà, et la dernière ne s'est pas très bien passée. On a envie de se rattraper, de se racheter même. Et on veut finir devant eux! Entre nous, dans le vestiaire, on s'est fixés l'objectif de terminer le plus haut possible et notamment devant le LS. Terminer meilleur club vaudois, c'est important pour les supporters, ce sont des petites rivalités comme celle-ci qui font aussi la beauté du football. Les supporters d'YS seront heureux si on le fait. Et nous aussi dans le vestiaire. Même si on vient d'horizons différents, on s'identifie au club, on est des joueurs d'YS. Et puis, on connaît l'histoire récente du club, on sait que c'est un club qui n'a pas forcément l'habitude d'être en Super League. Si on se maintient, on aura réussi quelque chose de grand pour la ville.» 

Son poste de piston droit

Un but splendide à Lausanne, aucun assist. Les statistiques de Marley Aké ne disent de loin pas ce qu'il a apporté ce printemps à Yverdon, lui qui évolue très souvent à un poste nouveau pour lui, celui de piston droit. Il défend, il attaque, il se sacrifie pour l'équipe, avec une mentalité qui en étonne plus d'un. 

«On a gagné des matches importants en jouant à trois défenseurs centraux, mais aussi à deux. Mon rôle change, j'ai souvent joué piston et c'est vrai que mes statistiques en souffrent. J'ai marqué un joli but à Lausanne, mais c'est tout. C'est sûr que quelqu'un qui ne voit pas les matches et qui regarde seulement les statistiques à la fin de la saison peut se dire 'Ah ouais, Marley, il a pas fait une bonne deuxième partie de saison', mais ceux qui regardent les matches, les professionnels du football comme les autres, ils voient les efforts que je fais, ils sont conscients que j'ai été bon, ils voient ce que je produis. Et c'était important, parce j'ai passé six mois compliqués à l'Udinese, je n'ai pas beaucoup joué. Du coup, arriver ici à Yverdon, enchaîner les matches, peu importe le poste, c'était la priorité. Pouvoir montrer ce que je sais faire sur le terrain, c'est le plus important. Dans le foot d'aujourd'hui, on le voit en Champions League au plus haut niveau, c'est important de bien défendre et de bien attaquer. J'ai beaucoup progressé depuis que je suis à Yverdon. Avoir joué piston, ça va m'aider pour la suite.»

Son réel potentiel

Alors qu'il brille à l'été 2020, en plein Covid, et se fait notamment l'auteur d'une très belle prestation contre le Bayern Munich, Marley Aké est considéré comme l'un des grands talents de l'Olympique de Marseille. André Villas-Boas estime qu'il peut «devenir un grand joueur» et se dit séduit par sa vitesse et ses évidentes qualités de percussion. 

«Je pense que l'important pour moi maintenant, c'est d'enchaîner les matches et de pouvoir montrer ce que je sais faire. J'ai déjà progressé défensivement. Et offensivement, techniquement aussi, je me sens meilleur, plus fort qu'avant. C'est ce qui me fait me dire que, peu importe ce qu'il se passe, le futur va être bon. C'est vrai que j'ai côtoyé ce niveau très jeune et que j'en suis un tout petit peu plus loin aujourd'hui. La différence, c'est la constance sur 90 minutes, mais aussi cette petite expérience, savoir quand prendre du temps, savoir dégager un ballon quand il le faut, et aussi avoir un tempérament de leader. La différence entre un joueur de Champions League et un autre, c'est ça. Quand on voit le Real Madrid: ce sont tous des leaders sur le terrain, à leur poste. Aujourd'hui, j'ai besoin de progresser, d'apprendre. Je m'inspire des plus anciens, ceux qui ont du vécu et de l'expérience, comment ils défendent. Plus on fait de matches, plus on acquiert de l'expérience et on gomme les erreurs que l'on aurait fait à 20 ans.»

La vitesse, ici face à Anton Kade, l'une des principales qualités de Marley Aké.
Photo: keystone-sda.ch

Son amour pour l'OM

Originaire de Béziers, Marley Aké allait voir gamin des matches à Montpellier, un club qu'il apprécie, mais il est supporter de l'OM depuis tout petit, comme de nombreux Sudistes. Son idole absolue? Didier Drogba, auteur d'une formidable saison 2003/04 à Marseille, lorsque Marley Aké n'était pas encore en âge de supporter une équipe. Franco-Ivoirien, comme son modèle, le joueur d'YS rêve de retourner à Marseille par la grande porte. Contrairement à de nombreux joueurs professionnels, il est entré tard en centre de formation, celui de l'OM en l'occurrence. Ce qui ne l'a pas empêché de percer. 

«Depuis tout petit, je rêve d'être footballeur professionnel. Je m'en suis donné les moyens et j'ai travaillé pour en arriver là. La vérité, c'est que ça a été très vite, parce que je suis passé en une saison du monde amateur au monde professionnel! Du coup, c'est impossible pour moi d'oublier d'où je viens. J'ai été repéré lors d'un match amical, avec mon club amateur, et Marseille m'a pris pour me faire jouer en U19, mais je suis passé directement avec la réserve, où j'ai joué une année avant d'arriver avec les pros. Imagine, tu te retrouves assis avec Dimitri Payet, Florian Thauvin, Steve Mandanda... Ils m'ont beaucoup aidé, m'ont conseillé, m'ont parlé. Et moi aussi, j'ai regardé comment ils se comportaient, ce que je pouvais copier sur eux... Marseille, c'est difficile, c'est un club très exigeant. Quand tu y es, tu dois être à ton top. Il faut être un joueur fini quand tu es à Marseille. Je rêve d'y retourner par la grande porte, c'est sûr. Pour ça, il faut progresser et donner le meilleur sur le terrain. Il y a beaucoup d'étapes à franchir pour moi pour qu'un jour je puisse y arriver, mais je pense que j'en ai les qualités et que je peux franchir les étapes. C'est à moi de tout donner, de travailler et de progresser pour en arriver là. Je les suis à fond, je pense qu'ils peuvent réaliser une grande fin de saison. Ils ont un coup à jouer en Europa League, j'y crois énormément! Ils peuvent réussir quelque chose de grand cette année.»

S'adapter à un nouvel environnement

Yverdon, la ville, est fort différente de tout ce que le jeune Français a connu jusqu'ici dans sa carrière. Après Marseille, Turin et Udine, le voilà donc dans cette petite ville nord-vaudoise de 30'000 habitants. 

«Bien sûr que c'est très différent de tout ce que j'ai connu. Mais ça ne me dérange pas. J'ai réussi à m'adapter partout, j'aime bien découvrir de nouvelles cultures, différents langages. Je me débrouille désormais assez bien en italien. Mais c'est quand même plus facile de s'intégrer en Suisse romande grâce à la langue. Ce n'est pas évident de bouger tous les six mois, j'aimerais bien un peu de stabilité, mais c'est comme ça. Ici, j'ai le bord du lac, c'est sympa. Je ne suis pas du genre à faire le tour des bistrots (rires)! J'habite à cinq minutes à pied du stade, c'est tranquille.»

La suite de sa carrière

Prêté par la Juventus à l'Udinese en première partie de saison, il a très peu joué en Serie A (9 minutes) et même en Coupe d'Italie (122 minutes). Le voilà donc à Yverdon jusqu'en juin, lui qui a un contrat valable à Turin jusqu'en juin 2025. 

«Mon état d'esprit, c'est que je me concentre sur les cinq derniers matches. C'est de très loin le plus important. Mais c'est sûr que j'ai besoin de continuité, d'enchaîner les matches pour progresser et montrer ma valeur. On verra bien ce qui va se passer, mais j'ai envie de trouver un bon projet, ou alors une équipe où je pourrai m'exprimer, comme je le fais aujourd'hui à Yverdon. Je ne sais pas si la Juventus regarde mes matches, je n'ai pas de contact personnellement. De nouveau, on fera le point dans cinq matches.»

Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Zurich
FC Zurich
14
7
26
2
FC Bâle
FC Bâle
14
20
25
3
FC Lugano
FC Lugano
14
6
25
4
Servette FC
Servette FC
14
2
25
5
FC Lucerne
FC Lucerne
14
4
22
6
FC St-Gall
FC St-Gall
14
6
20
7
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
14
2
20
8
FC Sion
FC Sion
14
0
17
9
Young Boys
Young Boys
14
-5
16
10
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
14
-10
15
11
FC Winterthour
FC Winterthour
14
-21
11
12
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
14
-11
9
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